« Ça retourne »: Philippe Lombard nous revient avec un spin-off de sa trilogie et nous prouve que le cinéma est véritablement un éternel recommencement

Hunger Games ; L’Exorciste ; Les Trois Mousquetaires ; Indiana Jones et le cadran de la destinée ; Scream VI ; Mission impossible : Dead Reckoning, partie 2… Cette année encore, les salles de cinéma ont vu débarquer pléthore de remakes, sequels et prequels en tout genre. On aurait pourtant tort de croire que réaliser la suite d’un succès au box-office ou de faire du neuf avec du vieux est une pratique récente dans l’industrie cinématographique.

Considéré assez vite après son invention comme une activité commerciale, le cinéma se doit de fidéliser et surtout d’attirer les spectateurs qui se déplacent et s’extasient devant un arroseur arrosé ou un train entrant en gare. C’est ainsi que certains vont avoir l’idée de créer des films à épisodes ou d’inventer des personnages récurrents tels que Maciste ou bien encore Charlot.

Durant la Seconde Guerre mondiale on exigera des studios américains qu’ils participent également à l’effort de guerre en faisant ni plus ni moins de la propagande antinazie. De célèbres personnages de fiction tels que Sherlock Holmes et Tarzan combattront à leur façon les Allemands dans les suites de leurs aventures… pas toujours de très bon goût.

Tout le long du XXe siècle jusqu’à nos jours, les films qui cartonnent dans les salles obscures se voient inévitablement dotés d’une suite, et parfois même de plusieurs suites (25 James Bond et 36 Godzilla tout de même).

On vous le dit, le cinéma est un éternel recommencement.

Comme le disait le personnage interprété par Anna Paquin dans Scream 4, « C’est le problème avec les suites, ils savent pas s’arrêter, toujours à recycler la même merde. » Et s’il y a bien un genre cinématographique qui a connu moult suites et déclinaisons, c’est bien le film d’horreur. Bien avant que Michael Myers ne soit revenu d’entre les morts après avoir été décapité, empoisonné, tronçonné (on ne sait plus dans quel ordre) le soir d’Halloween. Un autre personnage aux dents longues (comme les producteurs du film) ressuscitait lui aussi après avoir pourtant été confronté à la lumière du soleil, aux crucifix, aux pieux et à l’ail. Aie !

On fait ici bien sûr référence au fameux comte Dracula dont le plus célèbre des interprètes reste à ce jour Christopher Lee. On ne compte plus le nombre de suites et de resucées mettant en vedette le célèbre vampire. Lee accepta même en fin de carrière d’endosser une dernière fois le costume de vampire dans une comédie française avec pour partenaire Bernard Menez. Façon de tirer un trait sur ce personnage ô combien collant. Il regrettera juste le titre. Dracula, père et fils…Quand on vous dit qu’il est difficile de se débarasser d’un suceur de sang.

« Je suis devenu de la poussière –

rouge, verte ou grise. J’ai été noyé, asphyxié et incinéré. Et trois fois, lorsque j’ai été btûlé, la grange ou le studio ont également brûlé.  » Christopher Lee

Lorsqu’un film fait un carton en salles, certains producteurs se frottent les mains et sont évidemment tentés d’en faire une version bien à eux. Ils achètent les droits, imaginent un casting d’enfer et cela donne des films parfois réussis, parfois nettement moins. Comme les Américains détestent les sous-titres et le doublage, nous avons ainsi eu droit (en particulier dans les années 80) à des versions relativement passables mais souvent très moralistes de la Cage aux folles ou de 3 hommes et un couffin.

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D’autres réalisateur ou producteurs nettement moins scrupuleux volent carrément les idées de scénarios en pensant qu’on n’y verra que du feu. Luc Besson l’a appris à ses dépend, lui qui se targue d’avoir une idée à la minute a quand même eu de légers soucis d’inspiration lorsqu’il a écrit Lock Out, un véritable copié/collé du film New-york 1997 de John Carpenter. Résultat des courses, le papa de Léon et de Nikita s’est vu accuser de plagiat.

Ce serait dommage de terminer sans mentionner le cinéma ottoman et sa façon bien à lui de refaire à sa sauce les blockbusters du moment avec trois francs six sous. Et évidemment sans payer le moindre droit d’auteur. Jusque dans les années 80, les Turcs ont ainsi pu se détendre devant des copies plutôt navrantes de Star Wars, Rambo… Disponible sur Youtube, leur version de Superman est… comment dire? Très surprenante.

Parce qu’il doit certaines de ses premières émotions cinématographiques à des suites mais aussi parce qu’il ne ratait jamais un Fantomas ou un Septième Compagnie à la télévision lorsqu’il était gamin, Philippe Lombard a tenu à rendre hommage à ces films qui ne sont pas toujours aussi mauvais qu’on pourrait le penser, certains sont parfois même bien meilleurs (le Parrain 2 en est le parfait exemple).

Ce nouvel opus (d’une certaine façon le spin-off de sa tétralogie sur le cinéma et les séries télé) est toujours aussi bien documenté et toujours aussi jouissif à lire.

Bref ! Retournez-y !

Titre : ça retourne !

Auteur : Philippe Lombard

Genre : Humour

Éditeur : La Tengo éditions

Nbr de pages : 160

Date de sortie : 15/11/2023

Prix : 22€

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