Paris Cancan est la première comédie musicale intégralement écrite et mise en scène par Thierry Debroux et Daphné D’heur sur les planches du Théâtre Royal du Parc. Un véritable défi, qui voit enfin le jour aujourd’hui et qui se révèle être un très beau cadeau pour le public en vue des fêtes de fin d’année.
Au fil d’un spectacle musical haut en couleur qui entraînera petits et grands dans l’univers du célèbre Moulin Rouge, la danseuse La Goulue se bat pour rester la vedette du spectacle. Les passions se déchaînent et l’amour, la trahison et la vengeance font un cocktail détonnant pour notre plus grand plaisir. ( source Théâtre Royal du Parc)
Paris Cancan nous plonge dans le Paris de la fin du 19ème siècle dans l’effervescence des années folles, alors que des personnages comme Charles Zidler, La Goulue, Jane Avril, Valentin le Désossé ou le peintre Toulouse Lautrec font vivre un Moulin Rouge alors au faîte de sa popularité.
Cette comédie musicale est une histoire originale sortie de l’imagination de l’auteur, mais qui est inspirée par des personnages historiques qui ont fait les beaux jours du cabaret à l’époque où la ville lumière brillait encore de ses mille feux.
On sait Thierry Debroux passionné par l’univers des comédies musicales depuis toujours, mais de là à ce qu’il se lance dans la création d’un spectacle du genre avec une distribution impressionnante de treize comédiens chanteurs(euses), et danseurs(euses) est une gageure, qui au vu du résultat final s’avère être un pari gagnant. Car même, et c’est mon cas, si vous n’êtes pas friand du genre, vous allez néanmoins être impressionné par la qualité du spectacle, des décors, des chorégraphies et des chansons, ainsi que par une distribution de comédiens qui nous proposent une performance artistique de très haut vol.
Car même si beaucoup d’entre eux sont multi-talentueux, il s’agit bien de comédiens qui chantent et dansent et non pas des professionnels du chant et de la danse qui jouent la comédie ! Et c’est bien sur ce plan qu’on ne peut que louer leur tour de force.
Durant les deux parties (respectivement d’1h et 1h10 avec un entracte de 20 minutes) que dure le spectacle, on passe un excellent moment de divertissement devant des danses folles, des décors superbes et un éclairage scénique très à propos. Bien sûr on peut se dire que le scénario joue la carte de la simplicité, mais la mise en forme vaut vraiment le détour.
Sur scène c’est toute la troupe qui fait le spectacle, difficile de mettre en valeur un comédien plus qu’un autre tant ils sont tous épatants.
J’attribue malgré tout une mention toute particulière à la performance d’Emmanuel Dell’Erba qui campe un Zidler formidable, à Romina Palmeri , Camille, dont la voix est surprenante, à Karen De Paduwa étonnante en Toulouse Lautrec, à Perinne Delers dont on se délecte de la gouaille en Goulue, et finalement à Gauthier Bourgois dont j’ignorais jusqu’ici les talents vocaux. Mais que les non cités ici se rassurent, ils et elles étaient tous parfaits.
C’est donc avec un large sourire aux lèvres, malgré une dernière scène jouant la carte de l’émotion, et des paillettes dans les yeux que j’ai quitté le Théâtre Royal du Parc.
Mais tout en regagnant la froideur du soir, je pense néanmoins un court instant à nos décideurs politiques qui parfois semblent n’avoir vraiment rien compris à la culture, en prenant des décisions de restrictions de subsides à l’encontre de certains théâtres, qui affichent la plupart du temps complet car ils proposent des spectacles de très haute qualité et font vivre de multiples comédiens. Et ça, ça me gène beaucoup.
Car le talent, Madame La Ministre, ça se paie ,et les belles productions comme Paris Cancan qui enchantent le public qui en a bien besoin, ça doit aussi pouvoir se financer. Un détail qui a malheureusement trop souvent tendance à être oublié .
Jean-Pierre Vanderlinden