
De Maria veut un enfant au Monde est un joyeux cimetière… comment peut-on passer si vite d’un extrême à l’autre? De l’optimisme à la noirceur absolue (et pourtant humoristique)? Parce qu’on s’appelle Monsieur K. ou qu’on le lit. Et ce Monsieur K, il fait du tapage, à n’importe quelle heure, c’est le nom de son éditeur qui a osé ouvrir la porte sur cet univers jubilatoire et insensé. À l’heure où de plus en plus de dessinateurs de presse (et d’ailleurs) se sentent bridés dans leur créativité et leur liberté, Monsieur K n’hésite pas à rire de tout et à faire des ravages.

Résumé de Maria veut un enfant par les éditions Tapage : Découvrez les joies de la maternité… De la SPA jusqu’en Syrie. Cette histoire est avant tout une ode à la différence et une satire de notre merveilleux monde.

Résumé de Le Monde est un Joyeux Cimetière par les éditions Tapage : Il ne s’agit pas d’un long récit mais de multiples histoires différentes, comme autant de destins tragicomiques, en seulement 3 cases. Comme une valse avec la mort. Pour l’appréhender, pour s’en amender, pour préférer en rigoler.

Commençons par un heureux événements! Maria va avoir un enfant! On lui avait dit PMA, Maria n’a rien compris et n’en a fait qu’à sa tête. Puis, surtout, ça a même pris moins de temps qu’une grossesse naturelle, Maria a même dû faire semblant, pour ne pas mettre à la puce à l’oreille de son entourage et des quidams, d’avoir un beau ventre arrondi, autour de son bébé, sa boule de poil… ade. Mais chut, malheureux, ne lui dites pas que son bébé est un chien ! On lui avait dit PMA, elle a compris SPA. Ça arrive, non? Oseriez-vous lui retirer le droit et le besoin d’être mère.


Mais naturellement, comme nous vivons dans un monde qui a du mal avec les différences, ce qui échappe à la normalité, Maria et son fils, Jean-Pierre elle l’a appelé, vont s’en prendre plein la truffe. Mais Maria, elle a de la répartie. Nous on compte les (coups de) poings. JP, lui, est plus fragile et a du mal à trouver sa place, quitte à commettre l’irréparable et à s’engager pour le djihad? Maria est prête à tout pour le retrouver, il est sa chair, son sang, façon de parler.


Du déni au délire total, un peu plus à chaque page, strip après strip (tous en continuité), Monsieur K. flingue dans tous les sens avec un humour qui ne plaira pas à tout le monde mais qui est tellement salvateur. Audacieux aussi parce que la Maria, elle ne va pas par quatre chemins voir les barbus intégristes et elle leur montre de quelle religion elle se chauffe. Elle d’abord, et son fils aussi. Un fils qui reste un chien. Et c’est marrant de voir en BD, média qui prise tellement les héros anthropomorphes sans besoin de mise en contexte, ce chien qui reste un chien et que la propriétaire tente par tous les moyens d’humaniser, de faire parler. Avec un casting soigné à l’ail et aux petits oignons, Monsieur K. signe un périple vers toujours plus d’irrévérence, à la lumière du bon sens parfois con-con (mais jamais autant que certaines sociétés qu’elle traverse) de son héroïne. Hilarant, anti-conformisme et extrémisme. Car si Maria se voile peut-être la face, elle n’est pas la seule. Avec une chute terrible.


Puis, donc, il y a Le monde est un joyeux cimetière. On imagine la jouissance de l’auteur qui, par ses armes, en apparence inoffensives (du papier, un crayon), entend maîtriser la mort, l’effacer d’un coup de gomme pour jouir d’immortalité… tout en n’hésitant pas à faire tomber les humains comme des mouches. On se demande si Monsieur K, n’est pas John WicK. En tout cas, ça donne du boulot à Pierre Tombal et Marc Hardy, qui rédige la préface et l’accommode d’un dessin qui donne des sueurs à la Faucheuse. Parce que la mort, ça peut être politique.



Ici aussi, Monsieur K. préfère se lâcher, lâcher les fauves et les bombes, les avions aussi (avec l’avion école des pirates de l’air). Des grands de ce monde au commun des mortels, puisque tout le monde va y passer, pourquoi ne pas précipiter la fin? En trois cases, votre compte est bon : à la messe, dans une piscine de requins, à la chasse ou même sur un plateau de cinéma.


Avec un trait acide et vif, l’auteur joue autant sur les graphismes, les formes et les trajectoires surréalistes, que sur les mots, les prenant au premier comme au second degré. Quitte même à tordre le cou aux légendes pour faire face à la dure réalité, qui ne pardonne pas toujours et donne à la chance d’être en vie une saveur particulière et néanmoins éphémère. Á défaut d’être toujours mortel, les gags étant parfois inégaux, on se marre quand même beaucoup en se disant, là encore, « oh, il a osé » dézingué la haine, la puissance des dictateurs et des terroristes, tous les convoyeurs de haine, de discriminations et d’intolérance. Car, oui, face à la mort, on est tous égaux. Face à l’absurde aussi.

À lire chez Tapage (Maria veut un enfant et Le monde est un joyeux cimetière).
Vous pouvez également retrouver mon entretien avec Monsieur K ici ❤️💀🖤:
https://youtu.be/2tZlvTDBlzg