Résine d’Ane Riel, un roman danois sombre et fascinant tel le suc poisseux s’écoulant des conifères

Résine : substance collante et visqueuse qui suinte de certains végétaux, notamment des conifères.

Fils d’un menuisier qui parlait aux arbres (il avait pour habitude de dire au revoir aux sapins qu’il vendait), Jens en sait à présent beaucoup plus sur les nombreuses propriétés de ce baume doré s’écoulant des arbres. Grâce au savoir de son père il sait notamment que la résine peut jouer le rôle d’antibiotique et qu’elle peut également se transformer en savon ou en colle et même servir de combustible.

Photo de Taryn Elliott

Mais ce qui a le plus marqué le garçon c’est le jour où, lors d’une balade, son père lui montra une fourmi intacte coincée dans de l’ambre depuis des milliers d’année et piégée là pour l’éternité. Obnubilé par la mort et ce qu’il y a après celle-ci, le gamin se sentit en quelque sorte rassuré par cet insecte toujours bien présent, longtemps après être passé de vie à trépas.

Des années plus tard. Devenu adulte, marié et père de famille. Jens vit de plus en plus reclus sur la presqu’île nommée la Tête. Une vie à la limite de la marginalité partagée entre travail intense du bois et vols d’objets hétéroclites dans les habitations de Korsted, la ville voisine. Un bric à brac qui s’amoncelle dans sa modeste demeure et à l’extérieur de celle-ci. Une vie de famille atypique qui finira par éveiller les soupçons, d’autant plus que les drames semblent s’enchaîner chez le menuisier collectionneur de vieilleries.

Parmi mes souvenirs les plus anciens, il y a l’odeur de résine. L’étrange picotement dans les narines, les sucs poisseux sur mes mains et la voix douce de mon père me parlant du jus qui coulait à l’intérieur des troncs. Un jus extraordinaire, car il protégeait l’arbre contre les maladies et guérissait ses blessures. Et de petits animaux morts pouvaient y être conservés éternellement.

Ane Riel

Un personnage qui sombre peu à peu dans la folie dans un lieu isolé du reste du monde ça ne vous rappelle rien? Jack Torrance dans Shining bien sûr, d’où la référence à Stephen King en quatrième de couverture probablement. La comparaison s’arrête là car même si elle maîtrise parfaitement l’art de la narration, le roman de la Danoise Ane Riel n’a rien à voir avec les best-sellers du maître de l’horreur. La faute sans doute à des personnages peu attachants et à une intrigue qui fait un peu du surplace tel son personnage principal qui ne quitte jamais son îlot.

Résine, néanmoins, intrigue et fascine et se lit sans déplaisir mais son côté très glauque (que n’aurait pas renié la regrettée Mo Hayder) pourrait en rebuter plus d’un.

Une chose est certaine, vous ne resterez pas de bois en lisant Résine.

Titre : Résine

Auteur : Ane Riel

Genre : Thriller

Éditeur : Editions Points

Nbr de pages : 288

Date de sortie : 12/05/2023

Prix : 7,90€

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