Le Canard à l’orange (The Secretary Bird) est une comédie théâtrale en 2 actes de William Douglas Home adaptée en français par Marc Gilbert Sauvageon. Ce classique du boulevard adapté à la télévision en 1979 par Pierre Mondy avec l’inoubliable Jean Poiret dans le rôle de Hugh Preston a marqué toute une génération. Cette fois c’est sur les planches du Théâtre Le Public que Le Canard reprend vie servi par un casting particulièrement brillant.
C’est pas du tout l’histoire d’un canard ! C’est l’histoire tragique de la femme trompée par son mari cocu qui voudrait bien récupérer sa femme délaissée sur le point de le quitter pour partir en Italie avec son amant…
L’air de rien, c’est tragique cette histoire de canard.
Y a pas de canard je te dis… C’est du Guitry à l’anglaise. C’est léger, c’est doucement dingue. Ça casse pas trois pattes à un canard, mais c’est désopilant.
Ah ! tu vois qu’il y a un canard !
Meuh non y en a pas… Y a pas de canard je te dis !
Mesdames, Messieurs, voici une épastrouillante comédie gaie. Voici une comédie de boulevard qui à sa manière nous replonge dans les années ’70. Le temps des chefs de famille et des femmes au foyer. Le temps où chaque personne avait sa place et la place était dévolue à chacune. Ce temps « béni » du monde d’avant #Metoo, un vrai boulevard quoi. N’hésitez pas, prenez place, laissez faire… c’est vintage ! Ça va vous changer des tragédies épidémiques. Coin, coin. ( source Théâtre Le Public)
Voici une pièce irrésistible, dont la mécanique n’a pas pris une ride, et qui nous transporte à une époque où les relations humaines n’étaient pas encore parasitées par l’ultra -politiquement correct et une certaine bien-pensance quasi hystérique qui aujourd’hui ternit les relations entre les individus, les hommes et les femmes. Ici rien n’est conformiste, tout est libertaire et finalement bien plus humain.
Partant d’une situation qui aurait pu être malaisante, l’auteur nous propose une comédie ébouriffante qui sous ses dehors légers aborde avec pudeur et intelligence les affres et les difficultés de la vie d’un couple en crise.
Et lorsque le casting est de cette qualité, on passe un moment exceptionnel.
Dans le rôle du mari cocu Hugh Preston, il y a Michel Kacenelenbogen totalement impliqué dans son rôle et qui nous fait presque oublier la prestation référence de Jean Poiret, c’est tout dire. A ses côtés Tania Garbarski, Liz, l’épouse de Hugh prête à le quitter pour partir avec son amant, est éblouissante, tantôt drôle, tantôt émouvante.
Et puis il y a l’amant, John Brownlow, c’est Charlie Dupont (en alternance avec Fred Nyssen) qu’on ne présente plus, et qui nous fait là un numéro d’interprétation haut de gamme, il est irrésistiblement désopilant.
Quant aux seconds rôles, en réalité ils n’en sont pas vraiment, car ils participent avec autant de présence et d’intensité à la mécanique de précision de la pièce. Marina Pangos ( rappellez vous son rôle d’ Elisa Doolittle dans My Fair Lady au Château du Karreveld en 2019) est parfaite dans le rôle de Patricia Forsyth, la secrétaire sexy de Hugh, et Laure Godisiabois, méconnaissable pour cette composition, campe une Madame Grey, la gouvernante, absolument formidable de drôlerie.
Bref, tout ce petit monde s’entrechoque avec bonheur durant 2 actes, durant lesquels on ne voit pas le temps passer.
Ce Canard à l’Orange, mis en scène de main de maître par Nicolas Briançon dans une scénographie de Sophie Hazebrouck, se pose donc comme une vraie réussite, mieux même, c’est LA comédie à ne pas manquer au théâtre pour cette fin d’année.
Jubilatoire !
Jean-Pierre Vanderlinden
LE CANARD à L’ORANGE
- Traduction Marc-Gilbert Sauvageon
- Mise en scène Nicolas Briançon
- Avec Tania Garbarski, Laure Godisiabois, Michel Kacenelenbogen, Marina Pangos
- Avec (en alternance) Charlie Dupont et Frédéric Nyssen
- Assistante à la mise en scène Hélène Catsaras
- Scénographie Sophie Hazebrouck
- Costumes Chandra Vellut
- Couturière Laure Norrenberg
- Lumière Laurent Kaye
- Régie Antoine Halsberghe
Infos et réservations : https://www.theatrelepublic.be/