Le Requiem des ombres est un roman à suspense. On enquête en compagnie de Donovan Lorrence qui a tout ce qu’il faut de l’anti-héros classique des années 80. Mais c’est surtout un roman d’atmosphère, d’ambiance, de non-dits. Un roman dans lequel le cadre et l’environnement sont pratiquement aussi important que l’intrigue et l’histoire des humains qui la composent. C’est un roman où la brume et le brouillard sont quasi omniprésents, poisseux et épais. À rendre fous les plus fragiles, les plus en marge. C’est un roman sur l’alcoolisme, sur la perte d’un frère aimé, sur un deuil impossible à faire. C’est noir, c’est tendu… Un vrai thriller d’ambiance.
Résumé de l’éditeur : « Hanté depuis l’enfance par la disparition de son frère, Donovan Lorrence, auteur à succès, revient sur les lieux du drame pour trouver des réponses et apaiser son âme. Aidé par une femme aux dons étranges, il tentera de ressusciter ses souvenirs. Mais déterrer le passé présente bien des dangers, car certaines blessures devraient parfois rester closes… au risque de vous entraîner dans l’abîme ,là où le remords et la honte règnent en maîtres.
Où le destin semble se jouer de vous.
Et cette question, qui bousculera sa quête de vérité : peut-on aller à l’encontre de ce qui est déjà écrit? »
Né à Madrid en 1978, David Ruiz Martin arrive en Suisse à l’âge de 4 ans. Formé en menuiserie, il est aujourd’hui à la tête de sa propre entreprise. Autodidacte et passionné de littérature noire, il obtient en 2020 le « prix littéraire des lectrices » du salon Sang pour Sang thriller de Longperrier avec son roman « Seule la haine ».
C’est en 1973, seul au milieu d’un brouillard très épais, que Donovan a été retrouvé. Il a alors 14 ans et son frère, de 2 ans son cadet, a disparu. Il est choqué, il a séquelles physiques et psychologiques et il est incapable de se souvenir exactement de ce qu’il s’est passé. Après de longs mois de soins médicaux, l’enfant doit se résigner à grandir sans son acolyte de toujours. L’enterrement d’un petit cercueil vide n’apaisera pas les questions de cet adulte en devenir.
Plus de 40 ans après le drame, Donovan n’a toujours pas réussi à tourner la page. Il a des questions. Il a besoin de réponses. Et c’est dans le village suisse de son enfance qu’il décide de revenir pour les chercher. Mais la disparition a eu lieu lors de l’épisode de la grande brume. Un brouillard intense s’est abattu sur la région durant plusieurs semaines. Et cela a rendu fous les habitants. Certains se sont suicidés, d’autres en gardent une peur viscérale. Et l’arrivée de Donovan ne plaît pas à tout le monde.
L’intrigue est captivante et le lecteur n’a qu’une seule possibilité : avancer dans l’histoire imaginée par David Ruiz Martin pour en connaître d’avantage. Pour deviner ce qu’il s’est passé il y a quarante ans. Pour savoir si ce frère tant aimé est mort ou s’il a été kidnappé… ou encore s’il s’est enfui. Car il aurait eu toutes les raisons de le faire.
Mais pour entièrement apprécier cette lecture, il faut avertir le lecteur. Le réalisme n’est que peu de mise. On rentre dans l’imaginaire « binaire » de l’auteur. Les événements se succèdent, les méchants persévèrent dans leurs crimes, en perpétuent d’autres pour couvrir les premiers, sans aucun état d’âme. De plus, notre anti-héros Donovan a décidé d’enquêter seul. Et quelles que soient les menaces, les agressions dont il fera l’objet, il continue sa route loin de la police. On peut regretter cet aspect du récit. Et pourtant, je dois reconnaître que même si les situations décrites sont peu vraisemblables, le plaisir de lire est présent.
Puis, il y a Iris, cette jeune trentenaire mystérieuse. Cette femme aux dons paranormaux, secrète et qui fuit la vie en société. On a pourtant dit à Donovan de se méfier, de garder ses distances. On lui a raconté les rumeurs qui circulent au sujet de cette « sorcière » des temps modernes. Mais il est comme happé par ce qu’elle dégage, par son magnétisme. Il a besoin de la revoir et elle est persuadée qu’elle peut l’aider dans sa quête.
Le lecteur devra, à son sujet, accepter les aspects paranormaux du récit qui ne trouvent aucune explication rationnelle en fin d’ouvrage. Les amateurs de thrillers réalistes sont ainsi prévenus.
Un thriller manichéen, peu vraisemblable avec des aspects paranormaux… Et pourtant, ça marche. On a envie d’en savoir plus, on a envie de connaître l’histoire de Donovan, on a envie de découvrir ce qu’il est arrivé à son frère… On a envie que la brume se dissipe, que les habitants parlent que les mystères s’envolent. Et pour cela, une seule solution… Lire le roman jusqu’à son terme.
Belle découverte, un auteur dont je lirai avec plaisir d’autres romans.
Titre : Requiem des ombres
Editions : Taurnada
Sorti le 12 mai 2022
Nbre de pages : 371 pages
Prix : 10,95 €