
Et pour le pire. Ils se marièrent et eurent beaucoup d’en… nuis. De derrière les fagots et de manière inattendue, Alain Dodier nous entraîne dans une aventure impromptue, où comme souvent les apparences sont trompeuses et trompées. Jolies apparences.

Résumé de l’éditeur : Alors que Jérôme passe (encore) son permis, il découvre une jeune mariée prête à se jeter sur le périphérique parisien du haut d’un pont ! Après l’avoir sauvée, il décide de la prendre sous son aile. Babette va-t-elle apprécier l’irruption de cette femme aussi jolie que fragile dans la vie de Jérôme ? Pas sûr. D’autant que la prénommée Rebecca semble vraiment apprécier le détective privé, auquel elle souhaite rendre sa gentillesse par mille signes attentionnés… Mais cette attitude est-elle si désintéressée ?
Souvent une enquête est le fruit de l’homme ou la femme qui la dirige, de son feeling, des moments privés qu’ils traversent, euphoriques ou difficiles, et qui polarisent sa recherche du suspect, du coupable, qui l’invitent à se glisser dans une direction qu’il/elle n’aurait jamais choisie jusque-là. C’est plus vrai que jamais quand il s’agit d’une aventure de Jérôme K. Jérôme Bloche. Depuis 28 tomes, ce détective privé n’a nul autre pareil. Il est presque une erreur de casting, un héros d’un autre temps, d’un autre genre, … mais qui parvient toujours à ses fins, quand bien même de manière hasardeuse.

S’il a parfois fallu, comme on s’y attend chez un limier du genre, qu’un client entre dans son client pour l’engager, au fil du temps, Alain Dodier a fait portes ouvertes, pour laisser le destin s’inviter et intriguer dans les moments de vacances, ou après-journée. Si bien que cette fois, caramba encore raté, son Jérôme-sens (on parle bien de Spider-sens) le fait déroger à son obligation d’enfin réussir son permis voiture – il n’est pas encore près de reléguer le solex après de bons et loyaux services (quoique) -, pour sauver une demoiselle en détresse. On peut dire demoiselle, elle n’est pas encore mariée. Et c’est dans la robe blanche emblématique qu’elle se prépare à sauter du haut d’un tunnel parisien. Casse-gueule comme sauvetage, et ça ne manque pas. Mais sauver quelqu’un n’est-ce pas lui donner l’occasion de s’attacher à vous, de ne plus vous lâcher? De vous… violer avec votre consentement ouaté?

Plus que jamais vaudevillesque, Alain Dodier a pris à merveille le parti d’augmenter le nombre de pages consacrées à une histoire (de 44 à 54, et désormais 70 aujourd’hui). Des premières planches aux dernières, qui se répondent dans un miroir sans faille et sans teint, entre rêve et réalité, l’auteur tisse un triangle amoureux dont Jérôme serait la victime consentante? Babette, l’hôtesse, si tôt partie qu’il en profiterait pour s’envoler en l’air avec la jeune femme désespérée et brimée par le destin? La naïveté de notre binoclard pourrait bien l’enfoncer… et faire triompher la vérité. C’est toute l’ambiguïté de ce héros magnifique dans sa simplicité et ses élans du coeur (gros comme ça! quitte à ce qu’on en profite) et de l’esprit. Sans oublier l’amitié que lui portent ses amis, capables de le récupérer quand il fonce tête baissée. Blessée.

Faire se marier un héros, c’est un moment fatidique auquel certains raconteurs d’histoires (et Dodier en est un fabuleux, sans esbroufe) refusent de se risquer. Il faut dire que ça peut faire quitte ou double. Mais en même temps un héros peut-il être conservé dans le formol, intact tout au long du temps ? Jérôme est un personnage qui doute et qui évolue. Alors que vient le temps de l’engagement, Dodier négocie parfaitement le coup, avec ce qu’il faut de générosité et de facétie. Pour le meilleur.

Série : Jérôme K. Jérôme Bloche
Tome : 28 – Et pour le pire
Scénario et dessin : Alain Dodier
Couleurs : Cerise
Genre : Polar, Psychologique, Romance
Éditeur : Dupuis
Nbre de pages : 72
Prix : 13,95€
Date de sortie : le 18/03/2011
Extraits :