Hanna et ses filles de Marianne Fredriksson, une histoire de femmes, de génération, de regard sur la vieillesse

Hanna et ses filles c’est plus qu’un roman de femmes. C’est une réflexion sur la vieillesse, sur le regard que chacun porte aux générations précédentes, sur ce qu’est le bonheur. Et c’est une lecture qui me changera durablement. Parce qu’on a tous posé, un jour, un œil condescendant ou énervé sur une mamie un peu lente au supermarché…sans jamais imaginer qu’un jour, elle a été jeune, fraîche et pleine de rêves pour elle-même. Hanna et ses filles, c’est le changement de point de vue. Durant les premières pages, on accompagne Anna au chevet de sa mère mourante et dépendante… Et les pages suivantes, on découvre la vie de la grand-mère d’Anna jusqu’à la naissance de celle qui est désormais alitée en permanence. Et il y a eu le feu de ces vies, il y a eu des tristesses, des bonheurs. C’est touchant, c’est émouvant…

Résumé de l’éditeur : « Hanna, Johanna et Anna, ces trois femmes de la même famille ont vécu entre 1870 et aujourd’hui. De la petite paysanne violée à l’âge de douze ans à la femme émancipée, universitaire et journaliste, en passant par la femme au foyer modèle, que de chemin parcouru… En suivant ces trois générations, c’est à toutes les transformations de la société suédoise, de la misère à la prospérité, du monde rural aux grandes cités urbaines, que l’on assiste. 

A coeur de ces bouleversements, subsistent des questions lancinantes. Que signifie l’indépendance pour les femmes ? Qu’à gagné Anna par rapport à sa mère et à sa grand-mère ? Plus libre, aura-t-elle une vie plus heureuse ? 

Un livre émouvant et subtil sur la condition féminine à travers des portraits de femmes attachants. »

Née à Göteborg, Marianne Frederiksson (1927-2007) a été journaliste pour différents journaux suédois, dont le Svenska Dagbladet. Traduits en 47 langues, ses romans se sont vendus à 17 millions d’exemplaires. Hanna et ses filles est son oeuvre la plus célèbre.

C’est un roman construit comme une saga familiale. Et comme souvent, on s’attache plus à l’un ou l’autre personnage, le voir grandir, mûrir puis vieillir est un bonheur. Ici, j’ai eu un petit coup de coeur pour Ragnar, le frère aîné d’Hanna.

C’est surtout une histoire de femmes, des femmes. Cette histoire qui est parfois tue mais sans laquelle les femmes d’aujourd’hui ne seraient pas les mêmes. Car, il y a 150 ans, la vie et la considération des femmes étaient loin d’être ce que nous connaissons.

Contrairement à d’autres ouvrages, il n’est pas question de combat, de lutte pour acquérir des droits. Hanna, Johanna et Anna vivent le quotidien. Elles essaient de faire ce qui est possible pour s’en sortir. Il n’y a pas de rage ou d’exhibitionnisme de la lutte des classes sociales. C’est leur vie quotidienne et, par leurs actions (l’une va travailler, l’autre suit des études universitaires), elles s’inscrivent dans cette évolution pour parvenir jusqu’à nous. C’est justement parce que ce sont leurs « petites actions du quotidien » qu’elles prennent vie sous les mots de l’autrice.

Puis, il y a un autre aspect dans cet ouvrage. C’est sans doute celui qui m’a le plus touché et qui me changera durablement. Celui du regard que la jeune génération (ou la moyenne) peut porter sur ses aînés. Celui qu’on a tous eu un jour en suivant en voiture un papy ou une mamie qui roule à du 20 à l’heure en ville. Celui que l’on peut avoir un dixième de seconde quand on rentre dans la chambre de la maison de retraite de son aïeul. Cette phrase toute faite que l’on peut penser ou dire « oui, mais tu ne peux pas comprendre », quand mamie donne un conseil.

Parce que l’ouvrage commence avec Anna, la petite fille qui court sans cesse pour s’occuper de son vieux père toujours plus exigent et pour rendre visite à sa mère, atteinte d’un Alzheimer, qui n’est même plus capable de parler. Et l’on sent toute l’ampleur du ressenti d’Anna qui a sans doute autre chose à faire.

En donnant vie à cette vieille femme, et plus encore à la mère de celle-ci, on oublie le lit d’hôpital. On oublie les pertes de mémoire. On oublie les rides qui ravinent son visage. Et l’on retrouve les espoirs, la joie, le travail, la vie d’une jeune adolescente dans les années 1870. Dans une Suède qui pourrait être partout en Europe, on s’attache à cette jeune fille de douze ans violée, rejetée mais qui continue à lutter pour elle et son fils qu’elle aime par-dessus tout. Quel avenir pour cette jeune fille, comment va-t-elle s’en sortir ?

En sortant de cette lecture, une seule envie, omniprésente : prendre la main de ces femmes des générations précédentes par la main, s’asseoir et les écouter parler de leurs vies, de leurs espoirs, de leurs attentes aujourd’hui. Rire et partager le bonheur quotidien.

« Touché par la grâce… » a dit USA Today… et il avait bien raison !

Autrice : Marianne Fredriksson

Titre : Hanna et ses filles

Editions : Archipoche

Sorti le 17 mars 2022

Nbre de pages : 397 pages

Prix : 8,95 €

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