Un marais, des plumes et le chant des écrevisses : Delia Owens nous raconte la vie

Là où chantent les écrevisses est le roman dont on entend parler sur tous les forums, dans tous les articles littéraires. Il n’y a pas une semaine sans que je voie passer une chronique, un avis. Tous unanimes : un coup de coeur. Et c’est une amie qui a déposé ce joli roman dans mes mains, qui voulait me faire partager ce bonheur. Un marais. Une vie. Une petite fille abandonnée par sa famille qui se retrouve seule à dix ans. Seule dans cette nature qu’elle affectionne. Le lecteur partage alors sa vie, ses petits et grands bonheurs et la description naturaliste est fabuleuse. Il y a du Karen Viggers dans ce récit. Mais il y a trop peu de résilience pour que j’en fasse mon coup de coeur. J’ai été touchée par Kya mais je ne peux pas m’identifier ni en faire mon héroïne. Une très belle lecture, poétique, naturaliste et avant tout humaine.

« Pendant des années, les rumeurs les plus folles ont couru sur « la Fille des marais » de Barkley Cove, une petite ville de Caroline du Nord. Pourtant, Kya n’est pas cette fille sauvage et analphabète que tous imaginent et craignent. A l’âge de dix ans, abandonnée par sa famille, elle doit apprendre à survivre seule dans le marais, devenu pour elle un refuge naturel, une protection. Sa rencontre avec Tate, un jeune homme doux et cultivé qui lui apprend à lire et à écrire, lui fait découvrir la science et la poésie, transforme la jeune fille à jamais. Mais Tate, appelé par ses études, l’abandonne à son tour. La solitude devient si pesante que Kya ne se méfie pas assez de celui qui va bientôt croiser son chemin et lui promettre une autre vie. Lorsque l’irréparable se produit, elle ne peut plus compter que sur elle-même… »

C’est dans une cabane au milieu du marais que Kya habite. Avec une vieille cuisinière, un matelas à même le sol dans la véranda et les toilettes à l’extérieur. Et puis les palmiers nains qui lui servent pour étendre le linge à sécher… trop petite qu’elle est pour atteindre la corde prévue à cet effet. Parce qu’un jour, Ma a mis ses belles chaussures, sa robe bleue, elle a rempli sa valise et est partie sans se retourner. Kya a attendu, tous les jours en guettant le bout de chemin mais Ma n’est jamais revenue.

Quelques mois plus tard, c’est Pa qui est parti sans revenir. Mais celui-là, ce n’était pas une grande perte. Parce qu’il était alcoolique, violent… et surtout parce qu’il était toujours absent. Mais maintenant que tout le monde a quitté la maison, Kya se retrouve seule, vraiment seule, au milieu du marais. Son terrain de jeu depuis son enfance, ses amis sont les hérons, les goélands, l’épervier de Cooper qui vient parfois lui rendre visite de l’autre côté de la moustiquaire trouée.

Ce roman, c’est avant tout une pause, un arrêt dans notre vie trop rapide, trop bruyante, trop remplie. C’est un instant, un moment pour s’asseoir et contempler, au travers des mots choisis par l’auteure. C’est de très jolies descriptions naturalistes, de la vie dans le marais. Et puis c’est aussi une histoire d’humains, une histoire d’amitié, une histoire de construction personnelle.

Et enfin, ce roman, c’est une enquête sur la mort d’un homme. Entre les causes de celles-ci et les responsabilités des uns et des autres. Il y a tout ça et plus encore.

C’est un vrai bijou, une pépite et je comprends pleinement que beaucoup de lectrices (et lecteurs) en aient parlé comme d’un coup de coeur. Mais je ne peux aller jusque-là, même si j’ai beaucoup aimé et que quitter Kya laisse un vide. Parce qu’elle n’est pas assez résiliente à mon goût. Parce que je l’aurais aimée plus forte, plus solaire, moins fragile. Parce que je n’ai pu m’identifier à elle.

Mais vous ne pouvez pas passer à côté de ce roman, de Kya, de Tate, de Jumping, de Mabel et des autres. Parce qu’ils vivent encore en moi, plusieurs heures après avoir refermé Là où chantent les écrevisses.

Auteure : Delia Owens

Titre : Là où chantent les écrevisses

Editions : Seuil

Sorti le 2 janvier 2020

Nbre de pages : 480 pages

Prix : 21,50 €

3 commentaires

  1. Pour ma part, je ne cherche surtout pas à m’identifier à qui que ce soit dans un livre. Je veux saisir la totalité. Mais bien sûr je peux avoir de l’empathie plus ou moins forte pour chaque personnage, comme dans la vie finalement. Quand le rythme et l’écriture me happent, je ne lâche pas le bouquin avant de l’avoir terminé, d’une traite bien sûr. Et c’est ce qui s’est passé pour ce bouquin. Je l’ai commencé à 17h et l’ai fini à minuit. Je n’ai été arrêtée que page 221 où le nom de Tate est écrit à la place de Chase. J’ai corrigé bien sûr dans ma lecture (pas dans le bouquin parce qu’il ne m’appartient pas). Suis encore sous la surprise de la chute. Mais ça se tient. Excellente plaidoirie. Je crains que le film ne puisse être à la hauteur. Tout ce qui est dit du marais et tout ce qui est vécu de violence ne peut être ressenti qu’à la lecture individuelle. Il y a tant de sensibilités différentes à partager là-dedans. Seul le sujet lecteur peut en faire l’alchimie.

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