Le (roi) lion est mort ce soir: les 5 terres, l’impressionnant thriller politique anthropomorphe de Delcourt

Les séries animalières, du moins anthropomorphes, se suivent et ne se ressemblent pas. Et tant que Blacksad ne revient pas, ils sont nombreux les prétendants à tenter de se faire une place au soleil du Neuvième Art et… astre. Avec Les 5 Terres, le trio Lewelyn (Andoryss, David Chauvel et Patrick Wong) s’associe à Didier Poli et Jérôme Lereculey pour célébrer le règne animal, du plus fort face aux plus faibles, dans un début de thriller politique et côtier spectaculaire.

Résumé de l’éditeur : Ce n’est un secret pour personne : le vieux roi Cyrus, héros de la bataille de Drakhenor, est mourant. Son neveu Hirus, jeune tigre brutal et ambitieux, et successeur désigné du roi, rêve d’imposer sa loi au reste des 5 Terres. Mais comme toujours chez les félins, rien n’est simple, et le trône est l’objet de toutes les convoitises, tandis que dans les royaumes voisins, on observe la situation, prêt à fondre sur Angleon au moindre faux pas…

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Quand il s’agit de parler de guerres, qu’elles soient intestines ou universelles, les anthropomorphes ne sont jamais les derniers à prendre les armes ou le crachoir. On se souvient forcément du Roi Lion, de Redwall, de Mauss ou encore de l’Épée des Dardennois. Les 5 Terres s’en fait l’héritier tout en s’en distanciant et en retardant l’explosion dans un premier tome d’introduction qui n’est pas de trop.

Making-of de la jaquette spéciale pour Canal BD © Jerôme Lereculey
Rough refusé © Jerôme Lereculey
ROugh de couverture © Didier Poli

En effet, avec De toutes mes forces, cette ouverture de cycle qui devrait connaître six tomes, les auteurs (avec des airs de superproduction comics avec tous ses intervenants cruciaux dans les étapes d’élaboration) ne mettent pas la charrue avant les boeufs, ni les lémuriens et les lions. Dans un récit aussi ambitieux et générateur de personnages différents, les créateurs ont pris le parti de passer un peu chez tout le monde (comme au nouvel an, quand on doit faire toutes les chapelles). C’est risqué, d’autant plus que l’incroyable faune mise en scène fait rarement péter les coutures des vêtements (bouffons et bouffants, militaires, notables, princiers ou royaux) qui les enserrent.

© Lewelyn/Lereculey/Martinos chez Delcourt

Ceux qui voulaient du spectacle toutes griffes dehors attendront (tout juste y’a-t-il une scène dans le désert qui témoigne de toute la férocité d’un chien de guerre encore énigmatique), tout passe ici dans les dialogues et les discussions, pas moins acérés pour la cause. De bruits de couloirs en échanges plus officiels, tout ce petit monde est en ébullition face à l’hypothèse d’un changement de pouvoir. Et comme le roi n’a pas de descendance masculine directe, les scénarii vont bon train et les outsiders entendent bien manigancer pour conquérir le trône et éliminer les plus tenaces concurrents. Quitte à s’allier au contre-nature. Car les espèces ne doivent pas se mélanger entre elles, comme les castes.

© Lewelyn/Lereculey/Martinos chez Delcourt

Entre espionnage et réel thriller politique, on pouvait craindre que l’aspect « zoo » déforce l’intrigue et le propose… c’est tout l’inverse tant la tribu d’auteurs est lucide et reste sobre, plaçant les enjeux sans les appuyer. C’est fluide et la tension ne fait que monter jusqu’à un premier climax qui ébranle toutes les certitudes déjà acquises. Tout en y mêlant, depuis le Moyen-Âge fictionnel où ils sont, quelques thématiques sociétales déterminantes pour nos sociétés humaines de demain.

Conception et essai-erreur autour d’une planche

Côté dessin, avec le travail en embuscade de Didier Poli, Jérôme Lereculey nous réenchante après le hasardeux Avant. Dans ce théâtre sauvage, qui prend des allures de civilisation, entre plein art et murs féodaux, le dessinateur donne du souffle et de la vie à ce récit dont l’épique passe pour l’instant par les regards et les paroles. Et malgré l’imposant texte, bien nécessaire, Lereculey arrive à donner de l’espace et de la ferveur à ses décors. Tandis que Dimitris Martinos leur donne de l’atmosphère, de la lumière à la noirceur qui rattrape l’histoire en cours de route. On a hâte de lire la suite. Ouf, c’est pour le 8 janvier. Le tome 3, lui, arrivera mi-avril.

Série : Les 5 Terres

Tome : 1 – De toutes mes forces

Scénario  : Lewelyn (Andoryss, David Chauvel et Patrick Wong)

Directeur artistique : Didier Poli

Dessin : Jérôme Lereculey

Couleurs : Dimitris Martinos

Genre: Anthropomorphe, Fantasy, Thriller politique

Éditeur: Delcourt

Collection : Terres de légendes

Nbre de pages: 56

Prix: 15,50€

Date de sortie: le 11/09/2019

Extraits : 

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