En compétition lors de la 34e édition du FIFF dans la catégorie 1re œuvre, Perdrix fait partie de ces œuvres que l’on aime sans retenue ou que l’on vomit tant l’univers qu’il y est dépeint semble désuet. Ce premier long-métrage d’Erwan Le Duc est une fable vianesque qui transporte le spectateur dans un monde fantaisiste et burlesque où le temps semble s’être arrêté.
Ce film narre la rencontre de Pierre Perdrix, un capitaine de gendarmerie qui a une existe normale et ennuyeuse, et de Juliette Webb, une jeune fille hors norme, pétillante et impertinente qui va bouleverser l’ordre et la pérennité des rites et de la vie de la famille perdrix.
Cette œuvre plante son décor surréaliste dès ses premières minutes. Juliette (Maud Wyler) se fait carjacker sa voiture-bibliothèque, qui transporte littéralement toutes les pages de sa vie, par une activiste nudiste. De son côté, Pierre (Swann Arlaud) tente de faire transporter le char de guerre stationné devant sa gendarmerie.
Le ton décalé de cette histoire rappelle la romance marginale des Émotifs Anonymes de Jean Pierre Ameris. Pierre étant séduit par les irrévérences et l’anti-conventionnalisme de Juliette, ce long-métrage plonge le spectateur dans le chassé-croisé d’une histoire d’amour qui va refondre toutes les certitudes des deux protagonistes.
Ce film offre à Swann Arlaud et à Maud Wyler des rôles de composition. Le premier rôle de Petit Paysan prouve grâce à Perdrix qu’il est un acteur complet. Celui qui avait confirmé son talent pour camper les traits de personnages dramatiques suite à sa participation à Grâce à Dieu démontre aujourd’hui que les rôles plus léger lui vont comme un gant. Quant à Maud Wyler, elle est la grande révélation de cette œuvre. Erwan Le Duc lui permet d’exprimer toute l’ampleur de ses capacités d’actrice. Tout au long du récit, elle charme tout autant les spectateurs que le fragile Pierre.
La poésie et la tendresse transpirent tout au long des aventures et des échanges entre Pierre et Juliette à l’instar de cette phrase simple mais pleine de profondeur: « Vous êtes tout ce dont je rêvais mais rien de ce que je pouvais imaginer ».
Cette première réalisation est globalement très satisfaisante. Erwan Le Duc propose des histoires annexes au récit principal et il n’oublie pas d’amener ses divers aventures à leur terme.
Le seul vrai point négatif de ce film est très certainement sa longueur. À l’heure où tous tentent de produire des longs-métrages de plus en plus long, il est parfois plus efficace d’aller à l’essentiel. Avec un premier film d’une heure quarante, Erwan Le Duc pèche un peu par l’envie d’offrir un maximum de spectacle au public.
Perdrix est une œuvre à voir impérativement par tous les cinéphiles affamés de surréalisme qui attendent depuis longtemps un nouveau réalisateur digne de Boris Vian, Michel Gondry et Bertrand Blier. Cette réalisation, qui fut récompensée par le prix de la meilleure première œuvre de cette 34ième édition du FIFF, est une version de Jeux d’enfants à la sauce Monty Python qui saura séduire les misanthropes les plus cyniques.
Perdrix
D’Erwan Le Duc
Avec Swann Arlaud, Maud Wyler, Fanny Ardant, Nicolas Maury, Patience Munchenbach, Alexandre Steiger
Comédie
Durée : 99 min
Date de sortie: le 14/08/2019 (France)
Synopsis: Pierre Perdrix vit des jours agités depuis l’irruption dans son existence de l’insaisissable Juliette Webb. Comme une tornade, elle va semer le désir et le désordre dans son univers et celui de sa famille, obligeant chacun à redéfinir ses frontières, et à se mettre enfin à vivre.