Gleipnir : récolter des pièces pour se transcender ne signifie pas forcément avoir assez de pouvoir que pour tout contrôler

Gleipnir est le lien magique qui entrave le loup Fenrir dans la mythologie scandinave, mais ici c’est le contraire. On libère notre potentiel caché qu’il soit bénéfique ou maléfique. Bienvenue dans un monde où les plus vils d’entre nous pourront développer leur instinct animal.

Résumé: Comment en suis-je arrivé à prendre cette apparence? Shûichi Kagaya, un lycéen jusqu’ici sans histoire devient subitement capable de se transfomer en un gigantesque « monstre » aux capacités hors normes. Par ailleurs, cette étrange faculté va causer l’irruption d’une jeune fille dans la vie du jeune homme. Quelles situations comiques ou tragiques attendent ces deux lycéens désormais liés par les destins!? Leur plus grand combat est sur le point de commencer!!

Un lycéen lambda se retrouve du jour au lendemain capable de prendre la forme d’une mascotte à l’allure déjantée, flingue à la ceinture, deux yeux différents et un sourire de psychopathe carnassier. Incapable de comprendre ce qui lui arrive, il vient en aide à une jeune fille voulant se suicider. Dès lors, son quotidien ordinaire va être bouleversé. Entre les manipulations et les combats, il va comprendre qu’il n’est pas le seul à détenir des capacités spéciales. Il va devoir surmonter ses plus grandes craintes mais aussi ses désirs. Comment va évoluer la relation de maître à esclave qu’il entretient avec la belle Claire? Va-t’il comprendre ce qui lui arrive?

On doit ce seinen au Japonais Sun Takeda. Il est l’auteur de Aruite Ippo!!, Between Haru et Natsu, I am… et de Sekainohate de Aimashou. Ces trois séries Ecchi (manga à connotation sexuelle) ne sont pas publiées par l’instant en Europe.

La qualité graphique est bonne et les trouvailles tout au long du manga nombreuses. Que se soit sur le découpage des cases ou sur les angles de vue, tout y est. Même une certaine vision de voyeur… mais ici ce n’est pas uniquement du fan service mal placé. Les séquences contenant les passages évocateurs vont dans le sens du scénario mais j’y reviendrai plus tard. Le mangaka, grâce à son excellente technique, se permet de développer son univers de science-fiction dans une cohérence pertinente. L’invention du « costume » de Shûichi est très surprenante. La fermeture éclair dans son dos permet de faire rentrer une autre personne à l’intérieur. En ce qui concerne les décors, les lieux où se déroule l’histoire sont variés et sont très bien exploités. Visuellement très riches. On passe de zones industrielles à d’autres boisées ou à des villages d’une manière si linéaire qu’on a l’impression de se promener dans une petite ville japonaise. La trame est utilisée à bon escient et renforce cette ambiance oppressante et malsaine qui règne dans le manga.

Le scénario sous son air un peu vulgaire ou racoleur semble un peu déroutant, mais cache une profondeur insoupçonnée. Outre l’histoire de science-fiction, le jeu de manipulation et de séduction mis en place tout au long de son manga,  Sun Takeda joue sur un autre tableau. À l’âge qu’a le héros, de grands changements physiques et psychiques se produisent et le corps change ainsi que les points de distractions. Le mangaka trouve la métaphore parfaite pour exprimer ou montrer ce que peut ressentir un adolescent. Le partage du corps de Shûichi a pour conséquence d’augmenter sa force, mais aussi ses émotions et désirs. La psychologie des personnages est aussi très poussée. L’auteur nous montre aussi le chantage affectif et sexuel que Claire lui fait subir et comment cela influence son comportement. Une fois qu’elle « entre en lui », il se laisse totalement dominer part Claire et une espèce de dissociation envahit Shûichi. Il laisse Claire tuer et se battre a sa place. Cette ascendance va peut-être évoluer au fil de la série mais pour l’instant elle est quasi à sens unique. L’ambiance un peu glauque et malsaine (mais pour notre plus grand plaisir) renforce cette relation ambiguë entre les deux protagonistes.

Au début, on se pose une question: Quel type de manga lisons-nous?  Un manga SF classique, un Ecchi voire un Hentai? Au tout début, ce seinen semble très déroutant et on a du mal à se positionner mais ne vous y trompez pas: on est sur du lourd.  Cette série s’adresse à un public averti, la violence et les scènes à caractère sexuel sont nombreuses. L’auteur parvient à transcender son manga. Non seulement, la SF prend le dessus, mais le fan service sert son histoire et n’est pas seulement une valeur rajoutée artificiellement. De plus, il joue sur les conflits qui nous torturent tous durant notre adolescence et il nous renvoie dans notre propre passé et aux sensations que l’on pouvait ressentir. Le scénario est bien construit et il permet au scénariste de bien faire évoluer son concept et il risque sûrement encore de nous interpeller. Je vous avoue que j’ai acheté tous les autres mangas de la série (6 tomes déjà sortis) et que j’attend la suite avec grande impatience. Les Editions Kana ont réalisé un excellent travail sur la qualité de la jaquette (papier mate) et sa mise en page. L’impression est comme d’habitude au  top.

Titre: Gleipnir

Tome: 1

Scénario et Dessin: Sun Takeda

Traduction: Rodolphe Gicquel

Genre: Seinen/SF

Éditeur: Kana

Nbre de pages: 192

Prix: 7,45€

Date de sortie: 16 février 2018

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