On a tous vécu le deuil et on y réagit tous différemment. Certains s’enferment dans un mutisme, d’autres sont en colère contre la terre entière ou de manière fataliste. Avec The Wendy Project, Osborne et Fish nous montrent combien il est difficile d’accepter la mort d’un être aimé surtout quand il n’y a ni corps, ni âme, dans la tombe. Comment échapper à cette triste réalité et affronter tous les changements qui en découlent? Wendy a peut-être trouvé le moyen de survivre en gardant espoir. Mais cet espoir est-il réel ou juste une déformation de la réalité, de sa réalité ?
Résumé de l’éditeur: Nouvelle-Angleterre, fin de l’été. Wendy Davies, 16 ans, plonge sa voiture dans un lac, avec ses deux petits-frères à bord. À son réveil, on lui dit que Michael, le plus jeune, est mort. Wendy est persuadée qu’il est vivant et sous la garde d’un mystérieux garçon volant. La psychologue, que ses parents l’obligent à voir, lui demande de dessiner ce qui lui passe par la tête. Mais peu à peu la frontière entre son imaginaire et la réalité s’estompe et Wendy commence à perdre pied…

Après avoir perdu le contrôle de sa voiture, une jeune filles et ses deux petits-frère disparaissent dans l’eau glacée d’un lac. Après son réveil, Wendy apprend la disparition de son plus jeune frère, Michaël. Mais, pour elle, rien ne conclut à son décès car, lors de l’accident, elle est convaincue de l’avoir vu partir avec un jeune homme… et plus particulièrement en s’envolant. Toute la famille est très marqué par ce drame. John s’enferme dans un mutisme, ses parents essaient de continuer à vivre alors que Wendy reste dans son « délire » et doit suivre une thérapie pour accepter la tragédie. Wendy s’enferme de plus en plus dans son déni, bien aidé par le fait que le corps de Michaël n’a toujours pas été retrouvé. Qu’est-il vraiment arrivé à son frère? La famille restera-t-elle unie?

Au scénario de cet album, on retrouve Melissa Jane Osborne et, au dessin, Veronica Fish.

Les thèmes abordés dans The Wendy Project sont riches et difficiles. Comment faire son deuil? Comment vivre avec la culpabilité? Comment se permettre de vivre alors que l’autre n’est plus là? Ou encore comment Wendy et ses frères vivent-ils le retour du pays imaginaire? Osborne et Fish ont réalisé un travail monstrueux.

Sur le plan graphique, c’est très surprenant. Le dessin aux tracés simples et sans chichis (un peu comme si Wendy l’avait fait), un peu à la manière d’un story-board, est de toute beauté. Il représente parfaitement les émotions des différents protagonistes, sa justesse nous prends aux tripes. Ensuite, il y a le choix des couleurs, les passages en noir et blanc renforcent la mélancolie du quotidien de Wendy. Cette noirceur nous plonge, comme sa voiture, dans les profondeurs, pas d’un lac mais plutôt celles de la psyché humaine. On parvient à mieux percevoir comment Wendy voit le monde après la perte de son frère. Malgré le drame, l’infime espoir reste sa marque de fabrique par l’emploi de subtils touches de couleurs.

Le scénario est surprenant. Au point de ne plus savoir à certains moment si on est dans la réalité ou dans le monde imaginaire. Quelle est la part de vérité? Le fait de s’inventer une histoire permet d’affronter un peu mieux le présent mais pour combien de temps? Le fait de se perdre entre ces deux univers n’est pas déstabilisant. Et une part de moi se souvient de la première fois que j’ai vu Peter Pan. On se plait malgré le malheur à y retourner. Une fois la dernière page tournée, on restera sur une certitude…c’est qu’il n’y a pas de certitude! Chacun verra ou vivra la fin qu’il voudra. Est-ce le hasard ou Peter qui a rendu le corps de Michaël?

Bref, c’est une bande dessinée que je recommande tant pour sa réalisation graphique que son scénario. Sa lecture ne vous laissera pas indifférents, il fera écho à votre adolescence et à votre quête d’autonomie et surtout à notre passage à l’âge adulte. Mais tout en gardant en nous l’espoir d’un monde imaginaire où tout est possible. Les Editions Ankama ont réalisé un très beau travail sur l’impression (pas facile au vu des « taches » de couleurs disséminés sur les planches) et le choix des couleurs des pages de couvertures.

Gardons notre âme d’enfant et pourquoi pas avec la BD…
Titre: The Wendy Project
Scénario: Melissa Jane Osborne
Dessin: Veronica Fish
Traduction: Margot Negroni
Genre: Drame, Fantastique, Psychologique
Editeur: Ankama
Éditeur VO : Super Genius
Nbre de pages: 96
Prix: 14,90€
Date de sortie: 24 mai 2019