Scapin 68 au Théâtre Royal du Parc, l’étonnante démonstration jubilatoire d’une rencontre improbable entre Molière et Hendrix qui fait mouche !

Adapter Les Fourberies de Scapin de Molière à la sauce mai 68, voilà le défi auquel s’est attelé Thierry Debroux. Son Scapin 68, porté par une troupe de comédiens formidables, est aussi jubilatoire qu’un solo brûlant de Jimi Hendrix ou qu’un titre habité des Doors.

Profitant de l’absence des pères, les fils se sont lâchés. Ils font la fête et tombent amoureux. Hélas, dès la première scène, nos jeunes premiers apprennent le retour de leurs géniteurs. Ils auront besoin de Scapin et de ses stratagèmes pour affronter le courroux paternel..Ils auront besoin de Scapin et de ses stratagèmes pour affronter le courroux paternel. Scapin sera le pavé qu’ils lancent, un peu lâchement, à la figure de leurs « vieux » qui bien entendu veulent les marier contre leur gré.

© Zvonock

Molière est intemporel. Et lorsque son texte se trouve plongé dans une période aussi agitée de l’histoire de la jeunesse du vingtième siècle que la révolution estudiantine de 68, il s’y intègre parfaitement. Rien d’étonnant à ça, car lorsqu’il observe le comportement des humains et en témoigne dans ses pièces devenues des classiques, le grand Jean-Baptiste Poquelin fait mouche à tous les coups. Ses Fourberies de Scapin ont tout d’une farce où l’on rit beaucoup (quiproquos, gags visuels, comique de situation…), mais d’une farce parfaitement écrite qui aujourd’hui encore se savoure du premier au dernier mot.

Nous n’avons pas changé une virgule de Molière, déclare Thierry Debroux, mais, par contre, les costumes, les décors et la musique puisent allègrement dans les années 60.

© Zvonock

Quelques accommodations ont toutefois été faites à la pièce originale, mais toujours avec bonheur, ce qui permet aux comédiens de virevolter à un rythme endiablé tout au long de ce spectacle trépidant en un acte et d’une durée d’une heure trente.

Othmane Moumen campe un Scapin inventif et acrobate, capable d’émouvoir et de faire rire en même temps. Autour de lui on retrouve une jolie brochette d’acteurs talentueux dont les excellents Thierry Janssen et Benoît Van Dorslaer stupéfiants de drôlerie et de  truculence dans leurs rôles respectifs des patriarches courroucés Argante et Géronte, et un formidable Simon Wauters qui incarne le valet Silvestre dont la performance artistique et physique rivalise de drôlerie avec celle du rôle principal de Scapin. Ces quatre là, portent littéralement la pièce sur leurs solides épaules, et la mécanique fonctionne parfaitement.

Julien Besure, Laure Godisiabois, Mickey Boccar et Brigitta Skarpalezos complètent avec bonheur une distribution en tous points éclatante.

Scapin 68 s’inscrit parfaitement dans notre époque, alors que la jeunesse actuelle semble relativement anesthésiée face à un monde qui régresse et rebascule vers ses démons, un monde dans lequel les révolutionnaires de 68 sont devenus les bourgeois d’aujourd’hui alors que leurs rêves et idéologies d’alors ont montré leurs limites. L’homme n’apprend pas de son passé, et orchestre souvent lui même son propre chaos qui le mène à sa propre perte. Scapin 68 nous rappelle avec humour et raison qu’un monde dont la jeunesse est sans espoir et amorphe, engendre une société sans avenir.

© Zvonock

Avant chaque représentation, vous serez plongé dans le bain de la fin des années soixante par deux acteurs-chanteurs qui vous accueilleront au son de l’ambiance musicale de la fin des sixties. Sur le décor vous découvrirez des slogans d’alors comme  » Sous les pavés, la plage ! « , L’imagination au pouvoir !  » et le célèbre  » Il est interdit d’interdire ! « . Toute une époque !

Mais ce qui est certain, c’est qu’il ne vous est pas interdit d’aller applaudir Scapin 68 en représentation au Théâtre du Parc jusqu’au 26 octobre.

Je vous le conseille même vivement !

Jean-Pierre Vanderlinden

© Théâtre du Parc

Avec :

Julien BESURE

Mickey BOCCAR

Laure GODISIABOIS

Thierry JANSSEN

Othmane MOUMEN

Brigitta SKARPALEZOS

Benoît VAN DORSLAER

Simon WAUTERS

Mise en scène : Thierry DEBROUX

Assistanat : Catherine COUCHARD

Scénographie : Thibaut DE COSTER et Charly KLEINERMANN

Peinture du décor : Geneviève PÉRIAT

Lumières : Alain COLLET

Décor sonore : Loïc MAGOTTEAUX

Maquillages : Urteza DA FONSECA

A partir de  6 ans

Une coproduction du Théâtre Royal du Parc, de l’Atelier Théâtre Jean Vilar, du Théâtre de Liège et DC&J Création.

Avec le soutien du Tax Shelter du Gouvernement fédéral belge, des Ets Georges Magis, de TSF.be et d’Inver Tax Shelter.

Avec la participation du Centre des Arts scéniques.

Durée : 1h30 sans entracte

Réservationshttp://www.theatreduparc.be

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