Kiss, pour moi, ce fut tout d’abord ce concert mythique à Forest National, le 21 septembre 1980, avec Iron Maiden en support act. Un set époustouflant, un spectacle à couper le souffle qui a eu pour conséquence qu’aujourd’hui encore le groupe reste un de mes bands favoris. Trente-huit ans de fidélité à une véritable institution de l’histoire du hard rock, phénomène planétaire inégalé, qui a séduit plusieurs générations. Il était donc impensable pour moi de rater la tournée solo de Gene Simmons qui passait par quelques salles européennes, dont le O13 à Tilburg, le 19 juillet dernier.

Ce soir-là, c’est surtout à des titres de Kiss que nous avons eu droit, même si les titres de la carrière solo de Gene Simmons ne manquent pas, comme en témoignent ses deux albums solo et le Gene Simmons Vault, un objet magnifique en forme de coffre-fort dédicacé par l’artiste et qui contient outre une statuette de la star, une médaille à sa gloire, un livre luxueux avec des photos inédites et d’autres surprises de la collection personnelle de notre homme, dix CD’s et rien moins que 150 titres rares ou inédits. Mais ce que le public veut entendre, c’est surtout du Kiss, et il aura du Kiss !
Passons sur la première partie assurée par les parisiens de The Blackmordia qui ont laissé quasi tout le monde indifférent et n’ont recueilli que quelques applaudissements polis, malgré leur insistance à essayer de se mettre le public en poche à grands coups de « Make some noise! » totalement hors propos au vu de leur prestation peu emballante et quelque peu prétentieuse. Un coup dans l’eau ce soir-là, et je dirais même un gros flop, mais le groupe est jeune et aura sans doute le temps de progresser !

Heureusement, Gene Simmons, lui, a du charisme pour dix et un répertoire en béton.
Entouré par un band de musiciens à qui on ne la fait pas, il est là pour s’amuser et le concert, entrecoupé des commentaires humoristiques de Gene, se transforme vite en une hard rock jam session qui pourrait en énerver certains, mais qui personnellement m’a bien plu. Pour le show, il faut aller voir Kiss, vous ne serez pas déçus; pour le fun, le Gene Simmons Band s’en charge !

You sing like Paul Stanley ! ( Gene Simmons à une fan qui chante faux ).
Il est vrai que c’est parfois un peu frustrant de voir notre homme commencer un titre puis s’arrêter après deux couplets alors qu’on en voudrait encore, puis en redémarrer un autre, ou faire monter sur scène des fans et leur proposer de chanter (pas toujours bien d’ailleurs : « You sing like Paul Stanley ! », s’exclame-t-il hilare). Mais Gene prend tout ça avec bonne humeur, il se permettra de charrier gentillement un jeune fan qui porte un t-shirt Iron Maiden en lui demandant si, quand il va à un concert de Maiden, il porte un t-shirt de Kiss ? Et le voilà qui entonne Run to the Hill à la grand stupéfaction de ses musiciens ! Plus tard dans le show il appellera son épouse Shannon et sa fille Sophie à venir le rejoindre on stage pour saluer le public. Il est vrai que si on retire ces moments-là, on aurait pu certainement rajouter plus de titres au programme et avoir droit à un concert plus conventionnel, mais ce n’est pas le but recherché. Gene s’amuse sur scène en toute simplicité et remercie de cette manière son public par cette proximité.
Without you guys, we are nothing ! (Gene Simmons au public de Tilburg)

Du fun et encore du fun, voilà ce qu’il nous offre, le tout entrecoupé de titres légendaires comme « Deuce », « Shout it out Loud », « Are You Ready », « Radioactive », « She’s So European », « All The Way », « I Was Made For Lovin’ You » entouré de filles sur scène, « Parasite » qui donne l’occasion à un jeune guitariste du coin de 14 ans de venir taper le boeuf avec le maître, « Long Tall Sally » en hommage à Little Richard« , « Let Me Go Rock n’ Roll », « Do You Love Me », « Charisma », « Domino », « I love it Loud’, « I », « War Machine », « Calling Dr Love » et « Rock n’ Roll All Nite » joué en clôture du set au beau milieu de fans déchainés qui ont pu monter sur scène. Pas de rappel, tout est dit et bien dit.

Sur chaque date de la tournée, la setlist change et évolue, ce qui permet aux fans de ne jamais voir deux fois le même concert, de profiter au maximum de cette intimité avec le Demon démasqué, et à Gene et son band d’improviser un maximum. Avec le Gene Simmons Band on vit l’antithèse d’un show de Kiss où tout est calculé dans les moindres détails, megashow oblige.

En résumé, ce ne fut pas le concert du siècle, c’est certain, mais pour tout fan de Kiss qui se respecte, un grand moment de plaisir à savourer comme un bonbon acidulé qui fond lentement sur la langue…surdimensionnée du Demon .
Jean-Pierre Vanderlinden
Le concert en images…