Elle n’est pas gaie la pagaille, surtout quand elle met nos coeurs en éclats. Comme la perte d’un être cher. Un être cher, de près et à la fois de loin, de cher à notre culture, à nos oreilles, à notre baume au coeur et à notre joie de vivre. À nos émotions aussi. Car, qu’est-ce qu’elle les aura motivées, Maurane. « J’crois que j’aurais l’air assez assez minable », chantait-elle sur une musique de Daran. Et, ce matin, minables, on l’a tous été. C’est un petit bout de Belgique qui est parti dans le sommeil de Maurane, dont la voix reste pourtant imperturbable dans nos têtes. Grosse pensée à sa très grande famille. Voici quelques hommages de celle de Branchés Culture, avec quelques photos de ses deux dernières scènes. C’était ce week-end, dans l’ombre de Brel, dans la lumière d’une fille qui se disait « très scène ».
Axel (alias Phta Photo) parmi les derniers à avoir photographié l’artiste. C’était dimanche et pourtant c’est déjà loin, comme le temps de l’insouciance
Maurane nous a dit au revoir, elle qui était si contente de revenir après deux ans . Elle était là, à Incourt, le 3 mai pour un hommage à Brel avec tous ses camarades . Elle n’ avait rien perdu de sa voix et de son humour et le public était bien là pour lui rendre.
Je la cite : « Ça fait si longtemps que je n’étais plus montée sur les planches, alors je vais en profiter un peu, c’est tellement émouvant, j’ai perdu l’habitude alors j’improvise… » Elle y chantera en duo avec Typh Barrow une chanson de Brel, « La chanson des vieux amants. »
J’ai eu la chance de la retrouver pour la deuxième fois, à l’hommage à Brel qui avait, cette fois, lieux à Bruxelles, le dimanche 6 mai 2018, sur la place des Palais. Une place remplie pour venir écouter les belles chansons et entendre combien Maurane chantait Brel avec passion.
Je la cite : « Ça va Bruxelles. » Et, dans la foule, quelqu’un crie : « je t’aime, Maurane. » La réponse pleine d’humour de l’intéressée fuse. « Je vois que j’ai un prétendant , j’ arrive. » Puis, se ravise: « … un seul ? » La foule est hilare. Qu’est-ce qu’elle comblait l’espace quand même, cette femme si simple et rayonnante. Une place sur scène, sans doute là où elle était le mieux, et qui restera bien vide à présent. Dans nos cœurs, par contre…
Encore une petite anecdote : à mes débuts de photographe, j’ai croisé Maurane au Shopping de Woluwe. Elle y faisait la première d’une partie d’un cover de Claude François. Aujourd’hui avec le recul, c’est fou ce que ça marque. Dimanche soir, j’ai failli lui demander si elle s’en souvenait. Mais, en backstage, un photographe doit rester discret et à sa place. Je n’aurai donc jamais la réponse. Mais je ne peux m’empêcher de penser qu’elle s’en serait très bien souvenue et qu’elle aurait ponctué ça d’une note d’humour, de celles qui allaient si bien avec ses notes de musique.
En tout cas partir comme ça, ça me bouleverse. Mais je me dis que peut-être tu reviendras encore et encore, comme une valse à milles temps. Après tout ta voix, ta bonne humeur et ton sourire, tes si belles chansons, resteront toujours dans nos coeurs. À bientôt, parce que, moi, je ne veux pas te dire au revoir.
ManuGo Photography, de si aujourd’hui aux lendemains qui déchantent
Le départ de Maurane, artiste belge hors du commun, qui s’est éteinte à seulement 57 ans, je n’arrive pas à y croire… J’ai d’abord cru à un FAKE lorsque cette nuit, encore éveillée, j’ai vu passer l’info sur Facebook mais malheureusement ce n’en n’était pas un …
Dans les années 2000, j’ai suivi plusieurs cours/ateliers chant avec notamment une de ses parolières Daria de Martynoff qui a écrit de nombreux textes pour elle (dont Bleue, Du mal, Imagination, Mentir, Modus vivendi, Pas gaie la pagaille, Quand l’humain danse, Quand tu dors, Où es-tu ?, Touche par touche, Tout pour un seul homme) et à qui Maurane avait aussi confié ses mises en scène. Je n’ose imaginer aujourd’hui la peine qu’elle doit ressentir …
J’avais choisi de chanter « Tout pour un seul homme » lors d’un autre atelier chant chez Françoise Akis. Quant à « Du Mal », c’est bien ce que nous ressentons aujourd’hui à l’annonce de son décès. Son titre « Dernier Voyage » issu de l’album « Si aujourd’hui » reste mon favori. Souhaitons-le lui le plus doux et paisible possible et ayons une tendre pensée pour sa fille Lou et ses proches en cette journée si estivale mais si maussade à la fois …
Marie-Sophie, les leçons d’une femme à la grande voix qui écoutait pourtant sa petite voix intérieure
Comme beaucoup d’entre nous, ce mardi matin, les émotions se sont bousculées. Maurane est décédée lundi soir à l’âge de 57 ans… Le déni, d’abord… Non, ce n’est pas possible, c’est un fake. Un de ceux que l’on voit passer par centaines sur les réseaux sociaux. La tristesse ensuite… Après vérification de l’information, il faut se rendre à l’évidence. Une si jolie voix ne sera plus là, plus jamais elle ne résonnera « live ».
La nostalgie et les souvenirs par dizaine sont là. Mais surtout un que je voudrais partager avec vous. Durant mes études, comme beaucoup, j’avais un job. Mais, j’ai eu le privilège d’exercer cette activité au Théâtre Royal de Namur. J’étais jobiste, ouvreuse, si vous préférez. Je plaçais le public en salle, répondais aux questions, distribuais les programmes et, surtout… je pouvais assister discrètement aux représentations.
Il est des soirs où le boulot pesait, après une journée de cours éreintante, par exemple. Il est des soirs où le boulot était une récompense. Le soir où j’ai pu écouter Maurane en live, fut l’un de ceux-là.
Une voix chaude, sensuelle, féminine, naturelle, réconfortante, émouvante.
Une voix qui sonne le bonheur à l’oreille, une voix qui appelle encore à d’autres sonorités.
Une chanteuse, une femme souriante, disponible, généreuse.
Elle nous a témoigné toute l’admiration qu’elle portait à Claude Nougaro, toutes les démarches pour le rencontrer, pour finalement chanter avec lui et partager une vraie complicité avec lui, lors de ces derniers mois de vie.
Elle a insisté sur le fait que, lorsqu’on veut vraiment quelque chose, on doit tout faire pour l’obtenir.
Puis elle s’est mise à chanter. En hommage, avec sa voix qui remplissait chaque espace du Théâtre, sa voix qui dansait à nos oreilles, sa voix qui vibrait à l’intérieur de nous-même.
Alors ce mardi matin, lorsque la nouvelle s’est imposée à mon esprit, je souris au-delà de ma peine. J’ai souris en pensant que, depuis hier soir, où qu’elle soit, elle chante de nouveau avec Nougaro, son idole. Et que leurs voix mélangées, ça doit être drôlement bon à entendre !
Toutes mes photos de cet article sont signées Phta Photo, en exclusivité. Vous pouvez retrouver d’autres photos sur sa page photo PHTA Photo