À l’aube de la nouvelle salve de réformes des institutions scolaires et des programmes éducatifs, Arlette Davidson vit un véritable désarroi sentimental et elle est au bout du rouleau ! L’amour de sa vie a décidé de l’abandonner pour voguer sur de nouveaux horizons avec sa jeune secrétaire. Son existence personnelle est aussi chaotique que les informations relayées chaque jour par les médias au vu des méfaits de l’islamisme. Au même moment, en Allemagne, les deux demi-sœurs triplées d’Arlette se préparent à réaliser un biopic qui rendra hommage à leur père tout en livrant son histoire au monde entier. Mais un événement inattendu va forcer les membres de la famille Davidson à changer leurs plans, tout en se serrant les coudes pour continuer à progresser car, comme le veut la devise familiale, « Chez les Davidson, on avance, on avance ! »
« Arlette, l’ultime combat » est le dixième spectacle de Zidani… et le troisième sur le thème de l’enseignement ! En 2002, Sandra Zidani avait monté « Va-t’en savoir » au Magic Land Théâtre. Puis, en 2011, elle avait rallumé les projecteurs sur le milieu de l’éducation avec le spectacle « La rentrée d’Arlette », au W:halll. En mars de cette année, Zidani était de retour au W:halll avec cette nouvelle pièce sur les problèmes scolaires. Cette œuvre fut coécrite par le directeur du Magic Land Théâtre, Patrick Chaboud.
Même si Zidani n’est pas une adepte des suites, elle revient sur le devant de la scène sous les traits d’Arlette Davidson et accompagnée d’autres personnages du précédent opus. Cette ancienne professeure de religion orthodoxe puise une nouvelle fois dans sa connaissance pratique de l’éducation. Si les années qu’elle a passées sur les bancs de l’école sont additionnées au temps qu’elle a consacré à son métier d’enseignant, Zidani, c’est trente-trois ans d’immersion dans le milieu scolaire et cette passionnée d’art a toujours trouvé son inspiration dans une ressource inépuisable : l’être humain.
L’actualité mondiale et l’abandon de la culture et de l’enseignement par l’État sont au cœur de cette nouvelle construction théâtrale. Comme elle l’a proclamé dans diverses interviews, l’école qu’elle a connue est loin de l’institution scolaire moderne. Ces dernières années, tout s’accélère et se transforme. Selon Zidani, il y a une numérisation de la société qui délaisse les dictionnaires et le papier au profit d’Internet. Pour Zidani, cet ensemble de constats est le terreau qui influence une certaine jeunesse à partir en Syrie et en Irak. La société ne propose plus vraiment de projets aux générations en devenir.
« Arlette, l’ultime combat » résulte de l’assemblage de tous ces faits qui questionnent Zidani. Les thématiques sont exploitées avec un humour parfois piquant, tout en restant bon enfant. Le manque de professeurs et de moyens financiers dans l’éducation, le burn-out professionnel, les départs de jeunes Belges vers la Syrie, l’adultère, le jeunisme,… Zidani met tout cela en musique tel un chef d’orchestre ! D’ailleurs, le « Le duo des chats » n’a plus de secret pour son public. Tout ce qui touche la société belge y passe. Et toutes les idéologies en prennent pour leur grade.
Avec cette pièce de théâtre, Zidani prouve qu’elle est une artiste incroyable. Seule sur scène, elle redéfinit ce qu’est un « One Woman Show ». Chanteuse, danseuse, transformiste, humoriste, poétesse : Zidani change de pratique artistique à chacune de ses entrées en scène. Malgré cela, « Arlette, l’ultime combat » est une œuvre très participative. Zidani s’approprie la salle et ses spectateurs d’un soir pour les mettre en scène avec elle.
De plus, le 7ème art a une place très particulière dans son œuvre. Effectivement, les interludes de sa pièce sont des capsules vidéos tournées et mises en forme à l’OTØMN Studio, un lieu que Zidani considère comme un espace de créativité et de liberté qui fait le lien entre une multitude de disciplines artistiques. Dans ces scènes filmées, Zidani joue de multiples rôles tout en partageant l’écran avec d’autres comédiens.
Cette œuvre est donc un véritable florilège d’arts et de critiques sociétales livré de manière poétique et décalée. Des citations de hautes personnalités politiques mondiales sont diffusées, lors des quelques interludes, sur l’écran qui sert de fond de scène. Zidani n’oublie pas non plus l’aspect multiculturel de la société belge : dans l’un des actes, elle joue avec le public en révisant les mathématiques en néerlandais !
À cette création artistique haute en couleur et très surréaliste, il n’y a peut-être que deux reproches à adresser : que cette pièce ne dure pas un peu plus longtemps et que, vu l’essoufflement compréhensible de cette performeuse bruxelloise, elle émette certaines fausses notes lors des phases chantées. Pour le reste, c’est phénoménal !
Si vous souhaitez vous délecter de cette pièce décalée à la belge, « Arlette, l’ultime combat » restez aux aguets sur : https://www.zidani.be/agenda