Leviathan : Marseille par Brunschwig, Ducoudray et Bossard, no man’s land propice à la panique généralisée

Bon, on ne voit pas pourquoi il n’y en aurait que pour la Normandie de Bruno Duhamel, le Sud aussi risque d’être tout autant touché si le réchauffement climatique concrétise les lourdes angoisses qu’il fait plus ou moins peser sur nous. Dans Léviathan, cette fois, la falaise ne s’effondre pas (quoiqu’avec ce qui est arrivé, les calanques ont dû avoir du mal à se tenir), c’est le coeur de ville de Marseille qui doit se mettre aux abris après un étrange phénomène qui a poussé les habitants à puiser dans leurs ressources. Humaines et inhumaines.

© Brunschwig/Ducoudray/Bossard chez Casterman

Résumés de l’éditeur : Marseille – 21 avril – 08h23. Premier bilan après le séisme qui a violemment secoué la cité phocéenne ce matin. 1498 morts – 4355 blessés – 807 disparus. Ce bilan est provisoire et susceptible d’évoluer à tout moment.

Marseille – 24 avril – 12 h 00. Déjà trois jours qu’une « météorite » a détruit le cœur de Marseille. Au-delà de la polémique qui fait rage autour des causes réelles de la catastrophe, c’est surtout la situation sanitaire qui s’avère préoccupante. Cédant à la panique, la population cherche à fuir la cité phocéenne, alors que les autorités semblent toujours totalement dépassées.

© Brunschwig/Ducoudray/Bossard chez Casterman
© Brunschwig/Ducoudray/Bossard chez Casterman

Ça nous pendait au nez ! Mais comme on pense toujours que ça n’arrive qu’aux autres, les Marseillais avaient refoulé les craintes pour vivre tranquillement sans se soucier d’un monde en évolution, en mutation. Et voilà que Luc Brunschwig, Aurélien Ducoudray (duo à la base de la renaissance de Bob Morane) et Florent Bossard viennent briser tout. Finis les verres au Mistral, si vous avez la chance (ou la malchance, en fait) de survivre, vous allez devoir défendre chèrement votre steak.

© Brunschwig/Ducoudray/Bossard chez Casterman

Cela dit, pas sûr que le réchauffement climatique soit à l’origine du cataclysme qui vient de transformer Marseille en no man’s land (même si notre petit doigt nous le dit) mais il paraît qu’une météorite vient de s’écraser comme un corps, immense, d’une sorte de poisson non-identifié, de monstre « d’origine inconnue » comme le décrivent les hautes sphères de l’état sans trop se mouiller.

© Brunschwig/Ducoudray/Bossard chez Casterman

Pourtant, dans cette histoire, comme Jean-Christophe Chauzy là-haut sur la montagne… fracassée, les auteurs s’attachent moins au pourquoi qu’aux conséquences. Le drame est là, il faut faire avec et,  dans la précipitation qui guide la recherche et le retour du confort, il n’y a pas de place pour les questions. Les deux seuls héros pas si stressés que ça de ce récit choral sont deux petits vieux bloqués au Xe étage de leur immeuble qui, n’ayant plus rien à perdre, expérimente leur webcam et donnent aux JTs de quoi faire leurs choux gras.

© Brunschwig/Ducoudray/Bossard chez Casterman

Pour le reste, c’est la course-poursuite, l’angoisse, le deuil, la survie, l’illégalité de ceux qui n’ont de toute façon plus rien à perdre. Aux quatre coins de la cité phocéenne, de cette fosse putride, des parkings souterrains à la surface. On croise un gardien de parking retors, un entrepreneur de pompes funèbres qui a du boulot par-dessus la tête, des clandestins, un couple séparé depuis longtemps mais qu’une faille va réunir (enfin, façon de parler), une jeune infirmière qui a présumé de ses forces, puis le soleil et les gros nuages noirs. Et l’horreur qui continue de ramper.

© Brunschwig/Ducoudray/Bossard chez Casterman

Sur ce scénario qui joue la prudence et l’inquiétude en reléguant les moments de vérité pour plus tard, et c’est très bien ainsi malgré le calme retrouvé et tout relatif du final du deuxième tome, Florent Bossard se révèle et réveille un peu plus le dessinateur de talent qui sommeillait dans le corps du coloriste exerçant depuis plus de dix ans. Il livre un début de série dantesque, aux mines graves et burinées et déjouant la difficulté du récit choral, passant d’une ambiance à l’autre pour faire régner une panique généralisée. Quant au Léviathan, on ne l’a pas encore vraiment vu et on ne sait s’il s’agit de la créature biblique ou de la chose politique telle que Thomas Hobbes l’appelait. Et si c’était les deux ?

Recherche de couverture pour le tome 2 © Brunschwig/Ducoudray/Bossard

Série : Léviathan

Tome : 2 – Quelque chose sous nos pieds

Scénario  : Luc Brunschwig et Aurélien Ducoudray

Dessin et couleurs : Florent Bossard

Genre: Catastrophe, Drame, Choral, Épouvante-Horreur

Éditeur: Casterman

Nbre de pages: 72

Prix: 15,50€

Date de sortie: le 13/09/2017

Extraits et bonus: 

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