Entre le nom d’un bon film de Polanski avec Harrison Ford (et la musique d’un Ennio Morricone en super-forme) et l’album de Bryan Ferry, le mot Frantic (panique en français) a déjà ses lettres de noblesse et causé plus d’un frisson sur la nuque de ceux qui aiment les belles oeuvres. Et, pour en rajouter une jolie couche, le fameux groupe français (mais qui chante principalement en anglais) emmené par François-Olivier Nolorgues revient de plein fouet en 2018 avec un titre simple mais éloquent, « It », et une tournée mondiale qui lui fera voir plus que du pays, du monde entier !
Je n’étais jamais entré en collision avec Frantic et ce n’est qu’il y a quelques semaines que j’ai pu mesurer mes regrets de ne pas avoir découvert le groupe plus tôt, lors de la sortie du phénoménal Dress Code, il y a presque treize ans, par exemple. Bon, j’étais un peu jeune et pas encore assez éveillé musicalement. Cela dit, quand je dis « jamais », c’est faux, j’avais croisé Frantic incognito, sans réaliser sa portée, au détour d’une excellente reprise de Dalcan sur un Polnareff dépoussiéré ou sur un morceau « made in 2006 » d’Indochine. Un peu plus loin, il y avait même une reprise d’un hit de et avec Robert Palmer. Johnny and Mary. Comme celle qu’un certain Bryan Ferry réinterpréterait plus tard.
D’ailleurs, la ressemblance avec le leader du Roxy Music est frappante sur « Save my heart from the world, première piste de ce retour marquant de Frantic qui compte dix pistes. Le charme, le charisme est comparable. À Bowie aussi (Save you (I won’t). La voix est de celles qui n’ont pas besoin de se forcer pour faire peser leur charme et l’intensité de tout leur poids. Les sonorités électroniques nous ramènent à l’époque bénie de la new wave. Celle de Depeche Mode, de Frankie Goes to Hollywood (ça s’en ressent aussi Time to make me mine) mais aussi de Duran Durant et OMD avec qui le groupe a déjà foulé bien des scènes.
En écoutant Frantic, on comprend un peu mieux les influences d’un Mustii, qui est forcément né quelque part, pas loin du trop rare François-Olivier Nolorgues. Et s’il est trop rare c’est aussi parce que l’homme a une double-vie et mène une carrière de journaliste et expert chevronné dans le monde musical et plus largement les tendances socio-culturelles. Enfin, la rareté a du bon, loin de ceux qui publient un album tous les mois (ou presque), on apprend d’autant plus à savourer ce nouvel album ingénieux et excitant, construit comme un panorama de tout ce que Frantic sait faire… le mieux (Francois-Olivier Nolorgues signent donc principalement avec Guillaume Decamp mais aussi avec Pavle Kovacevic, Roxanne Chapelle et Sébastien Bonnet, tout en bénéficiant de l’expertise de l’équipe d’ingénieurs du son de M83 et du producteur anglais Flood) et au maximum de ses capacités, sans dilettante. Et dans des genres variés, sachant se faire plus blues et folk. It, c’est l’occasion rêvée de vivre sa vie comme sur un dancing, de jour comme de nuit. L’album se termine sur une réactualisation de bon aloi du Love my way des Psychedelic Furs. Et oui, même s’il faut le temps, on l’aime, la tournure que prend Frantic. Terriblement dément ! Irrésistiblement adroit et addictif. Classe !
Artiste : Frantic
Album : It
Nbre de pistes : 10
Durée : 36 min
Label : Hot Puma Records
Date de sortie : le 15/01/2018