En terres d’Arran, Elfes, Nains et désormais Orcs et Gobelins s’étripaillent joyeusement (ou pas) mais offrent un équilibre entre justesse et pur divertissement

Gold chantait les Îles d’Aran, la bande à Soleil a rajouté un « r » et décline depuis près de cinq ans les Terres d’Arran. Cinq ans dans le monde humain qui ont vu passer les décennies dans le monde des Elfes, des Nains et, désormais, des Orcs et des Gobelins. À la fin du mois de janvier (avec deux tomes attendus à la fin de ce mois de janvier), près de trente-deux albums auront été publiés, de la main d’auteurs confirmés et comme des poissons dans l’eau, pour décliner un univers bien plus foisonnant et évocateur que ce à quoi on aurait pu s’attendre. Alors les Nains, les Elfes, les Orcs et les Gobelins usent-ils le genre, en pesant de tout leur poids, jusqu’à la corde ? Absolument pas. La preuve avec un coup d’oeil sur les deux dernières parutions et sur les prochains opus.

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Nains 9, Dröh des Errants : l’art de la guerre… ou de ne pas la faire

© Jarry/Bordier

Résumé de l’éditeur : Dröh, le fils d’Oösram, a parcouru le monde afin d’apprendre le métier des armes, dans l’espoir de délivrer les Errants des ordres dominants. Mais quand il revient chez lui, sept ans plus tard, nul ne veut entendre parler de révolution. Le sang n’a que trop coulé. Il s’engage alors sur la construction d’une route traversant le pays des Vents. Le chantier avance mais l’hostilité des tribus Orcs grandit…

© Jarry/Bordier

C’est sur le registre du fils, pas forcément vu comme prodige, que Nicolas Jarry et Jean-Paul Bordier ramènent leur héros, Dröh avec son maigre baluchon et sa hache sur le dos chez les siens. S’il a vécu d’errance et d’une prétendue liberté, s’il s’est vu comme Muhammad Ali parfois, il a surtout forgé son caractère et son endurance combative afin de se mettre au service des siens et de les libérer de l’oppression… dont ils se sont plutôt bien accommodés durant l’absence de l’enfant terrible. De quoi mettre Dröh dans l’incompréhension puis la colère. Des baffes (et des coups de poing) s’échangent, des mots se perdent et Dröh quitte son pays natal aussi vite qu’il est revenu mais bientôt rattrapé par une guerre qui le dépasse et qui pourtant va lier son destin de nain à celui d’une… orc.

© Jarry/Bordier

Toujours volubile (et c’est normal puisqu’il se sert de cette série pour vider son sac et appuyer les valeurs qui lui tiennent à coeur dans le monde qui est le nôtre), Nicolas Jarry livre sans doute le tome le plus écrit jusqu’ici, comme si Zola ou Hugo s’étaient mis en tête de faire concurrence à Tolkien. Voilà donc un opus avec la peau et de la chair sur les os, que notre Dröh met tout son coeur à marquer de son fer et de ses saignées. Au-delà des mots (peut-être un peu trop présents ?), Jarry laisse toute latitude à Jean-Paul Bordier pour exprimer sa virtuosité guerrière dans des cases où ce n’est plus un souffle, mais une tornade épique qui ravage tout sur son passage, des plaines à cette sorte de Mont Ruschm-orc. Le terrain de jeu est ample et cultive les bords noirs, les ambiances et les gueules cassées.

© Jarry/Bordier

C’est donc le pacte de lecture divertissant et belliqueux complètement rempli que Nicolas Jarry lance sa charge humaniste, mettant dans la balance le poids de la liberté et celui de la guerre, la haine et l’amour de l’autre, si différent soit-il. L’osmose est parfaite entre ce graphisme qui envoie le pâté et le texte qui, une nouvelle fois, cultive la finesse et un peu d’espoir. Pourvu que les torrents du ciel qui tombent sur Arran fassent office de pavé dans nos mares.

Et la suite, le tome 14 est déjà en route :

Série : Nains

Tome : 9 – Dröh des errants

Scénario : Nicolas Jarry

Dessin : Jean-Paul Bordier

Couleurs : Digikore Studios

Genre : Fantasy, Guerre

Éditeur : Soleil

Collection : Heroic Fantasy

Nbre de pages : 56

Prix : 15,50€

Date de sortie : le 25/10/2017

Extraits :

La suite immédiate est déjà bien en marche, le tome 10 paraîtra ce 24 janvier : Abokar du Bouclier par Nicolas Jarry et Nicolas Demare.

Le tome 11, lui, reviendra à la charge et à la forge avec Torun, de la main de Nicolas Jarry et Pierre-Denis Goux :


Orcs et gobelins, t.1 : des Walking dead de fantasy et une entraide pavée de mauvaises intentions

Résumé de l’éditeur : L’orc Turuk se réveille, sonné, blessé et amnésique. Il arpente les rues d’une cité abandonnée. À l’exception d’un mystérieux archer cherchant à l’épingler et de créatures craignant la lumière qui veulent le dévorer. Qui sont-elles ? Pourquoi cherche-t-on à le tuer ? Qu’est-il arrivé dans cette ville ? Et que fait-il ici ? Pourtant, Il ne faudrait pas s’éterniser, la nuit arrive et la mort avec…

© Jean-Luc Istin/ Diogo Saito

Quoi de mieux pour découvrir un nouvel univers, ou du moins d’un nouveau décor, de s’y réveiller en même temps qu’un personnage qui en a tout oublié. Alors, on admire le panorama qui dévoile un lopin de ville désertée et totalement encerclée par la mer. On progresse à son aise… enfin… au pas de course car, très vite, on se rend compte que s’il doit y avoir un seul vivant sur cette île, il ne vous veut pas que du bien, en témoignent ses flèches acérées qui tentent bien plus que de vous écorcher. Puis, il semble y avoir une présence bien plus nombreuse, des êtres qui n’ont plus toute leur tête mais qui ont les dents longues, très longues. Heureusement, Toruk n’a pas atterri seul sur cette terre immergée, deux de ses comparses sont tout autant en fâcheuse posture et ne seront pas de trop pour survivre plus vifs que morts.

© Jean-Luc Istin/ Diogo Saito chez Soleil

Pour ce lancement de nouvel arc narratif, c’est ni plus ni moins que l’incontournable et tout-terrain Jean-Luc Istin qui oeuvre au scénario pour y mettre plein de bonnes choses. Des genres déjà visités comme les morts-vivants (lui qui a adapté Romero) mais aussi un début comme Mémento et un labyrinthe semblable à celui de Minos et de son Minotaure (soigneusement remplacé par une créature tout aussi sanguinaire).

© Jean-Luc Istin/ Diogo Saito chez Soleil

Sous le trait plus comics de Diogo Saito (qui a oeuvré pour Marvel et ses Gardiens de la Galaxie, notamment, et a plus d’expérience en tant que coloriste), ce premier tome n’entend pas jouer la carte de la profondeur comme le fait Jarry avec les Nains mais ouvre la voie au pur divertissement. Cette fois encore, les bords de planches noirs sont légion et renforcent l’immersion dans ces pages où bientôt la trahison chassera l’union sacrée. C’est badass, amoral mais ça tient le haut du pavé jusqu’à nous procurer un intense sentiment de frustration à la fin… en attendant la suite ! Avec, en bonus, un aperçu de ce qui nous attend.

© Jean-Luc Istin/ Diogo Saito chez Soleil

Série : Orcs et gobelins

Tome : 1 – Turuk

Scénario : Jean-Luc Istin

Dessin et couleurs : Diogo Saito

Genre : Heroic Fantasy

Éditeur : Soleil

Collection : Heroic Fantasy

Nbre de pages : 49 (+ 6 pages d’aperçu)

Prix : 14,95€

Date de sortie : le 25/10/2017

Extraits :

Un aperçu de la suite est donc donné dans l’album, nous avons creusé un peu plus, voilà donc ce qui vous attend, et ça a tout d’une bande-annonce fracassante pour un film hollywoodien.

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