La dernière fois qu’on avait laissé Aude Soleilhac, c’était au marché, au pays du soleil et des aventures bien plus proches de nous qu’on pourrait le croire. La recette de terroir était belle et si elle a regagné la ville en compagnie de Frédéric Maupomé et de trois fantômes de vieux loups de mer qui tiennent décidément moins des monstres de Ghostbusters que des oncles de Casper. Entre deux HLM et en déviant du chemin des écoliers, le vent souffle l’aventure et l’envie de l’abordage nous prend bien vite.
Résumé de l’éditeur : Depuis la disparition de son père, Sixtine vit seule avec sa maman…et trois pirates fantomatiques qui veillent sur elle ! La collégienne est tiraillée entre l’envie de savoir d’où elle vient et la peur de blesser sa mère qui fait face à des soucis financiers. Le jour où la classe de Sixtine se rend au musée pour admirer le trésor des Aztèques, la jeune fille et ses acolytes montent un plan quelque peu risqué…

« Si dieu veut toujours droit devant, nous irons jusqu’à… » Stop Stop Stop ! Ok, l’air est connu mais il est décidément plus facile à chantonner qu’à réaliser. Mais c’est bien mal connaître Sixtine que de penser qu’elle manque d’énergie à revendre. Regardez-la virevolter sur les toits pour mettre en joue un ennemi invisible de la pointe de son sabre. Invisible, l’ennemi ? Si vous aviez son don, vous verriez qu’il y a trois ombres tout droit sorties d’une autre époque qui la suivent un peu partout. Des fantômes, des pirates de surcroît… un peu bêtas, revenus d’entre les morts pour accompagner Sixtine dans son chemin de vie. Sur les bancs peu trépidants de classe mais aussi dans les grands projets que mûrit la jeune fille fameusement intrépide pour son âge.

Sans doute aussi parce que la vie ne lui a pas fait de cadeau: un père mort alors qu’elle n’avait pas eu le temps de le connaître, une belle-famille qui refuse obstinément de la voir et même de la considérer et une mère qui enchaîne les petits boulots par nécessité plus que par passion pour tenter d’offrir une vie plus digne à son héroïne quotidienne. Vous voyez le topo ! Mais la magie qui a réuni ses deux parents ne s’est en rien atténuée et semble toujours bien présente pour porter Sixtine dans ses élans, secondées par ces trois drôles de pirates ectoplasmiques.

Comme aide venue de l’au-delà, on a déjà vu mieux (comme les Tesla, Muhammad Ali, Buster Keaton et autres pointures que convie la série Magic 7) mais cela ne fait qu’augmenter le comique de situation et l’imprévisibilité de cette aventure qui, de bâbord à tribord, est beaucoup moins boiteuse que la jambe droite du Capitaine Archembeau. Dont la soif de trésor n’a pas été étanchée par le purgatoire, ça va sans dire, dent de requin ! Mais attention aux affreux jojos qui semblent eux aussi convoiter l’or des Aztèques.

Au-delà du soupçon fantastique que vient baigner la chouette pleine lune de la couverture, on se laisse très vite embarquer par les deux auteurs dans cette histoire où se côtoient quelques thèmes de la modernité ordinaire. Métro, boulot, dodo, argent trop cher, secrets de famille etc. C’est clair, il fait meilleur être sur son bateau à voguer (même contre vents et marées) vers d’autres destinées et défis. Et Frédéric Maupomé et Aude Soleilhac ne se le sont pas fait dire. Entraînant l’ordinaire vers l’extraordinaire, évitant les récifs tranchants mais ne naviguant pas à vue pour autant. Le tout dans la chaleur et la générosité qu’on (re)connaît à Aude Soleilhac.

Une fortune de mer… mais sur terre. Et une occasion, si ce n’est déjà fait, de se lier d’amitié et de passion avec Les Éditions de la Gouttière, qui prouve que les récits jeunesse, quand ils sont bien faits, ont toujours la force d’entraîner aussi les plus vieux.
Série : Sixtine
Tome : 1 – L’or des Aztèques
Scénario : Frédéric Maupomé
Dessin et couleurs : Aude Soleilhac
Genre : Aventure, Fantastique
Éditeur : Les Éditions de la Gouttière
Nbre de pages : 78
Prix : 13,70€
Date de sortie : le 01/09/2017
Extraits :
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