Après avoir échappé de justesse aux kornaliens nécrophages, à un Fuhrer ressuscité et cosmique et aux desseins cupides de pilleurs de tombes détournant une quête quasi-biblique à leur avantage, voilà l’équipage de l’Infinity 8 en route vers de nouvelles aventures. Enfin, nouvelles, on se comprend, puisque usant de boucles temporelles, on repart à zéro dans un quatrième reboot qui entraîne l’ersatz d’Angela Davis dans une guérilla symbolique. Un happening auquel contribuent cette fois Kris, toujours aux côtés de Lewis Trondheim, et Martin Trystram pour une odyssée pop qui trimbale le parfum des héroïnes de la Blacksploitation.
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Résumé de l’éditeur : 5 ans d’infiltration fichus en l’air d’un seul coup de fil ! Quand le Capitaine de l’Infinity convoque Patty Stardust au risque de griller sa couverture, l’agente est furieuse : sa mission au sein de la Guerilla symbolique était sur le point d’aboutir ! Mais Patty connaît-elle vraiment ce groupe d’artistes psychédéliques ? Quand elle comprendra que le happening organisé par leur gourou risque de coûter la vie à une bonne partie des passagers du vaisseau, l’agente va devoir revoir ses priorités !

Un nouveau Woodstock dans l’espace ! C’est un peu ce dans quoi surnage Patty depuis cinq ans, entouré de doux (si ce n’était que ça) fous illuminés. Pas qu’elle aime expérimenter les fumées bleues et ces drôles de happenings prônés par le gourou et artiste déluré Ron (alias… Alejandro Jodorowsky ! signe que Martin Trystram s’est fait plaisir dans son casting) mais qu’elle est en mission top-méga-secrète sur le point d’aboutir. Sauf que…

Sauf qu’après trois reboots insatisfaisants, l’Infinity 8 se prépare à aborder, avec toujours plus d’appréhension, son quatrième. Et devinez qui va être de la revue ? Patty, évidemment, qui sous sa coupe afro enrage sérieusement. Mais on ne peut rien refuser au capitaine, d’autant plus que ce sera l’occasion de se débarrasser de Moosh l’agaçant blogger qui tient plus du paparazzi instagrammé que du reporter tout terrain. Même si pour cela elle doit subir les avances misogynes et perverses du capitaine. Enfin, faut prendre son mal en patience, bientôt Patty sera seule dans l’espace (quoique…) entre les maudits souvenirs de son collègue mort sur le terrain et le but vital qui lui a été assigné, explorer la gigantesque nécropole qui lui tend les bras… décomposés.

Une nouvelle fois dans cette octologie de science-fiction, c’est le foutoir, le bazar dans cet univers aussi barge qu’inquiétant. Pourtant, les auteurs savent où ils veulent en venir et ce qui paraît sans queue-ni-tête a un sens très aiguisé et pas si éloigné (loin des années lumières, en tout cas) de ce que nous vivons au jour le jour dans notre modernité. L’hyperconnectivité est dans les gênes de la série depuis le début (quoiqu’encore un peu plus présente ici) et, cette fois, c’est à la course à l’audience ainsi qu’à l’activisme et à la communion artistique borderline que la part belle est faite. Une sorte de secte pas bien méchante (sauf si…) qui place ses rêves les plus fous dans un club des 27 enfin réunis. Et les effluves rockeuses et psychédéliques de parfumer cette histoire sans temps mort qui finit dans un bain de sang explosif.

C’est tripant, osé, formidablement maîtrisé par un Martin Trystram plus que jamais dans son élément (et dans les couleurs ménagées avec Hubert pour aller comme un gant à cette épopée pas si rose que ça) pour imposer sa marque tout en assurant l’héritage des trois premiers tomes de cette série résolument inouïe. Et dire qu’on est qu’à mi-chemin.
Tome : 4 – Guérilla symbolique
Scénario : Lewis Trondheim et Kris
Dessin : Martin Trystram
Couleurs : Martin Trystram et Hubert
Genre : Space opera, Science-fiction
Éditeur : Rue de Sèvres
Produit par : Comix Buro
Nbre de pages : 96
Prix : 17€
Date de sortie : le 10/05/2017
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