La semaine ciné de Julien: une autre McBeth, le retour de Dominic Toretto et sa famille, un sublime documentaire sur les loups, et bien plus encore !

Chers cinéphiles, bonjour ! La semaine ciné de Julien est de retour, non pas pour vous jouer un mauvais tour, mais bien pour vous dire ce qu’il faut retenir des sorties ciné du mercredi 12 avril ! Au programme cette semaine, place au huitième retour de la saga « Fast & Furious », au onzième film de Gérard Jugnot « C’est Beau la Vie Quand on y Pense », mais aussi aux documentaires « La Jeune Fille et Son Aigle » et le somptueux « La Vallée des Loups », sans oublier le terrorisant « The Young Lady – Lady McBeth », premier film de William Oldroyd. Et tant qu’on y est, je vous parlerai également du dernier film d’Emmanuelle Cuau avec Virginie Efira en tête d’affiche, « Pris de Court » ! 

Que faut donc retenir de ces sorties ciné ? Let’s go pour une nouvelle semaine ciné de Julien ! 

SEMAINE 15 (12/04 au 18/04): 6 films vus

Dominic, nique, nique… 

FAST & FURIOUS 8

Vu au cinéma ACINAPOLIS à Jambes

Sortie du film: le 12 avril 2017

Réalisateur(s): F. Gary Gray

Acteur(s): Vin Diesel, Dwayne Johnson, Jason Statham, Michelle Rodriguez, Helen Mirren, Charlize Theron

Genre(s): Action, thriller
Durée: 2h16

Résumé: Maintenant que Dom et Letty sont en lune de miel, que Brian et Mia se sont rangés et que le reste de l’équipe a été disculpé, la bande de globetrotteurs retrouve un semblant de vie normale. Mais quand une mystérieuse femme entraîne Dom dans le monde de la criminalité, ce dernier ne pourra éviter de trahir ses proches qui vont faire face à des épreuves qu’ils n’avaient jamais rencontrées jusqu’alors.

Des rivages de Cuba au rues de New York en passant par les plaines gelées de la mer arctique de Barrents, notre équipe va sillonner le globe pour tenter d’empêcher une anarchiste de déchaîner un chaos mondial et de ramener à la maison l’homme qui a fait d’eux une famille.

Signe(s) particulier(s): 

  • le coût des véhicules utilisés dans « Fast & Furious 8 » s’élève à… 17 millions de dollars;
  • premier film hollywoodien tourné à Cuba depuis la normalisation des relations diplomatiques entre les Etats-Unis et le pays du cigare, sous embargo depuis 1962;
  • avec 531 millions de dollars de recette dans le monde lors de son premier week-end d’exploitation, ce film signe donc le record du meilleur premier week-end dans le monde, battant de seulement 2 millions de dollars le dernier « Star Wars »

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Le(s) +

Que les fans se rassurent: la recette est intacte. Le huitième volet de cette franchise (de plus en plus lucrative) répondra à toutes les attentes des plus assidus ! Courses-poursuites (en voiture comme en sous-marin!), explosions à tout-va, cascades en tous genres, femmes dénudées, gros muscles, second degré, « la famille », etc. Tout ce qui a fait le succès de la saga se retrouve ici dans ce nouvel épisode à l’action débridée, et invraisemblable. Les amoureux de gros divertissements huilés et de grosses voitures aimeront, c’est certain !

En plus d’y retrouver ses personnages emblématiques (dont le culte Dominic Toretto), c’est un plaisir d’y voir apparaître de nouveaux, tels que Charlize Theron, Helen Mirren, ou encore Luke Evans. Tous apportent ici de la nouveauté dans l’équipe, et sont, d’ores et déjà, certains de se retrouver dans la suite de l’aventure, tout comme la relève de Bryan (bel hommage, Vin). Force est de constater aussi que les relations entre ces personnages évoluent encore, telle que celle entre le personnage de Dwayne Johnson et celui de Jason Statham – rires et fun garantis.

Premier épisode de la dernière trilogie de la franchise « Fast and Furious », ce huitième film se situe dans la même veine que ses petits frères, et ne s’écarte en rien du cinéma d’action populaire. Il n’a d’ailleurs jamais prétendu être autre chose ! Un divertissement efficace, à « savourer » avec un bon paquet de pop-corn. Un grosse machine de cinéma, diamétralement opposée à un cinéma plus… subtil.

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Le(s) –

Affichant moins de second degré que d’ordinaire, l’aventure opte pour une prise au sérieux déconcertante… Or, ce revirement inhabituel de situation ne va pas de pair avec ce cinéma où tout est trop démesuré, et invraisemblable. Difficile de croire donc en l’arrivée de cette très grande méchante (Charlize Theron), aux idées dépassées et au discours racoleur, ainsi qu’à ses manières douteuses d’assouvir son but. Un but au travers duquel Toretto sera réduit à un pantin criminel. Je ne saurais que vous conseiller de revoir les précédents épisodes afin de pouvoir re-situer les morceaux dans l’ordre!

Bien que ça n’ait jamais volé très haut, après huit films, on sent également que la saga commence à tourner scénaristiquement en rond. D’ailleurs, ce n’est pas anodin si de nouveaux personnages y font ici leur apparition… Le discours familial de Dominic Toretto commence à devenir sérieusement redondant, tandis que la famille se retrouve toujours en fin d’histoire pour une barbecue-party

« Fast and Furious », c’est une franchise de guerre, qui coûte de plus en plus cher à mesure qu’elle rapporte toujours plus. On investit toujours plus, car chaque épisode est une poule aux œufs d’or. D’accord, c’est compréhensif, et c’est comme ça que ça fonctionne. Pourtant, c’est totalement désolant et ahurissant de voir le nombre de voitures détruites, les explosions en milieu naturel (voir les différents making-of) qu’on cautionne pour du cinéma.

Oui, « Fast & Furious », en visant toujours plus gros, consomme sans modération, et pollue. Et entre nous, il n’y a pas que l’atmosphère que ça pollue… Bref, une fois, deux fois, pas huit…

Note: 11/20

Une histoire de GRAND cœur

C’EST BEAU LA VIE QUAND ON Y PENSE

Vu au cinéma ACINAPOLIS à Jambes

Sortie du film: le 12 avril 2017

Réalisateur(s): Gérard Jugnot

Acteur(s):  Gérard Jugnot, François Deblock, Isabelle Mergault

Genre(s): Comédie dramatique
Durée: 2h16

Résumé: Loïc Le Tallec ne s’est jamais vraiment occupé de son fils. Quand ce dernier disparaît dans un accident de la route, Loïc est dévasté. Il n’a plus qu’une idée en tête : retrouver celui qui vit désormais avec le cœur de son fils. Il va tomber sur Hugo, un jeune que ce cœur tout neuf rend totalement déraisonnable et incontrôlable. Leur rencontre promet d’être explosive.

Signe(s) particulier(s): 

  • « C’est Beau la Vie Quand on y Pense » est la 11ème réalisation de Gérard Jugnot, qui n’avait plus réalisé depuis « Rose & Noir » en 2009;
  • Cette comédie dramatique s’intitulait auparavant « Drôles d’Oiseaux ».

Le(s) +

Cette histoire aborde deux thèmes intéressants, à savoir la paternité à travers le deuil de la perte d’un enfant, et celui du don d’organe. Avec simplicité, Jugnot filme un face-à-face entre un père en deuil (Loïc) et le garçon (Hugo) ayant reçu le cœur de son fils… La relation qui s’établit entre eux deux n’est pas toujours sereine, mais finira, sans surprise, par dépasser cette situation.

Tandis que Jugnot incarne un père en pleine reconstruction, la révélation du film, c’est François Deblock. Même s’il se laisse parfois aller à l’exagération, celui-ci est plutôt convaincant dans le rôle d’Hugo, jeune homme profitant de la vie (depuis sa greffe), et cherchant à tout prix à se faire de l’argent pour tenter sa vie en Australie…

Cette comédie dramatique est pleine de bons gros sentiments, jamais vulgaire, et gentiment touchante.

Le(s) –

Dix ans que Jugnot n’avait plus rien réalisé… Force est de constater qu’il est ici de retour avec une histoire terriblement sentimentaliste, à l’écriture prévisible, improbable (lié à la confidentialité du don d’organe) et convenue. De plus, cette réalisation ne vise malheureusement pas plus haut que celle d’un téléfilm sur grande chaîne publique. Enfin, les caméos du fils de Gérard Jugnot, Arthur, sont assez poussifs. Bref, attendez que « C’est Beau la Vie Quand on y Pense » passe à la télévision; son traitement y sera plus adapté…

Note: 9/20

Vivre avec les loups

La_vallee_des_loupsLA VALLÉE DES LOUPS

Vu au cinéma Caméo à Namur

Sortie du film: le 12 avril 2017

Réalisateur(s): Jean-Michel Bertrand

Acteur(s):  Jean-Michel Bertrand

Genre(s): Documentaire
Durée: 1h30

Résumé: Il existe encore aujourd’hui en France des territoires secrets. Ce film est une quête personnelle, l’histoire d’un pari fou tenté par un passionné rêveur, un anti-héros capable de briser toutes les barrières pour parvenir à son but : rencontrer des loups sauvages dans leur milieu naturel. Après trois années passées sur le terrain à bivouaquer en pleine nature par n’importe quel temps, le réalisateur parvient à remonter la piste des loups. Petit à petit, il observe, se rapproche et finit par se faire accepter par la meute. Contre toute attente les prédateurs magnifiques offrent alors un peu de leur intimité à ce drôle de personnage. Mais le film pose aussi la question des limites de cette intimité.

Signe(s) particulier(s): 

  • Dans son précédent et premier documentaire, « Vertige d’une Rencontre », Jean-Michel Bertrand s’était attaché à filmer l’aigle sur une durée de cinq ans. Avec son second, le metteur en scène a suivi le loup sauvage et libre pendant trois ans.

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Le(s) +

Jean-Michel Bertrand est un passionné de nature. C’est en tout cas ce qui ressort des images extraites de son second documentaire, à travers lequel il a filmé, pendant trois ans, une meute de loups, afin de pouvoir les observer en toute liberté, dans une vallée des Alpes françaises (qui restera, selon sa volonté, secrète).

Et on peut dire qu’il s’en est donné les moyens ! Voilà que le monsieur a enchaîné repérages, poses de caméras automatiques en des lieux stratégiques, petits pipis le long des mêmes sentiers qu’il traversait (afin que les loups s’habituent à sa présence), immersions totales dans la forêt… Rien n’était laissé au hasard pour capter ces moments tant recherchés. Pourtant, on constate qu’il lui aura quand même fallu pas mal de temps, et donc de la patience, pour atteindre son but. Et ça, le documentaire nous le montre aussi.

Plusieurs choses frappent le spectateur tout au long de cette splendide œuvre documentaire. Tout d’abord, la manière par laquelle le réalisateur s’y est pris. Toute une technique scientifique passionnante à suivre d’un bout à l’autre. Et puis, quel professionnalisme ! En effet, Jean-Michel Bertrand a filmé cette nature avec respect et amour. Par exemple, après ses premiers clichés, il aurait très bien pu suivre le loup jusqu’à sa tanière, ce qu’il ne fera jamais car « cela lui appartient ».

Ensuite, les images, filmées au plus près de la nature, des animaux (quelles soient filmées en prises de vue ou à l’aide des caméras automatiques), nous prouvent qu’il existe bien des endroits naturels encore vierges de l’emprise humaine sur Terre, des paradis pour la vie sauvage. Pour tout amoureux de nature, c’est un bonheur immense de voir des biches, cerfs, sangliers, hiboux, chevreuils, blaireaux, boucs, marmottes, lièvres, renards ou encore des loups cohabiter, en toute liberté, dans ces immensités coincées entre les montagnes. Enfin, le réalisateur ne se limite pas seulement à filmer sans s’exprimer. Ainsi, il dialogue avec le spectateur, lui transmettant sa passion, et les difficultés à l’assouvir.

« La Vallée des Loups » fait partie de ces documentaires qui ne se limitent pas seulement à nous montrer de belles images, sans pour autant nous gaver par ses innombrables explications. Non, ici, le Jean-Michel Bertrand nous offre une œuvre intéressante, passionnée, sublimant la nature, et nous redonnant confiance en sa capacité à survivre à notre menace. Un bijou pour les amoureux de nature (que je suis), et pour les enfants curieux !

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Le(s) –

On est bien ici dans un documentaire, style de film qui ne plaît pas à tout le monde, et/ou qui ne nécessite pas forcément un grand écran pour se voir. De plus, on y parle de nature, en respect avec cette dernière, ce qui n’est malheureusement pas la priorité de tous.

Note: 16/20

Contrer les traditions 

received_10212758087250218LA JEUNE FILLE ET SON AIGLE

Vu au cinéma CAMEO à Namur

Sortie du film: le 12 avril 2017

Réalisateur(s): Otto Bell

Acteur(s):  Daisy Ridley

Genre(s): Documentaire
Durée: 1h27

Résumé: Dresseur d’aigles, c’est un métier d’hommes en Mongolie. Depuis l’enfance, Aisholpan assiste son père qui entraîne les aigles. L’année de ses 13 ans, elle décide, avec la complicité de son père, d’adopter un aigle pour en faire un chasseur de renards. Parviendra-t-elle à briser les traditions et à se faire accepter par les anciens du village ?

Signe(s) particulier(s): 

  • C’est Daisy Ridley (« Star Wars – Le Réveil de la Force ») qui narre ce documentaire après avoir été touchée par sa jeune protagoniste;
  • C’est en voyant une photo de ladite jeune fille embrassant un aigle royal sur le site de la BBC que le réalisateur Otto Bell a été immédiatement inspiré pour réaliser un documentaire;
  • Les équipes de « La Jeune Fille et son Aigle » ont pu assister à quatre événements importants : la capture du jeune aigle, le vol de l’aigle (qui s’est déroulé le 4 juillet 2014), le Festival de l’Aigle (en octobre 2014) et enfin la Chasse Hivernale en février 2015).

Le(s) +

Ce n’est pas tous les jours que nous sommes habitués à voir au cinéma des paysages mongoliens, et plus précisément ceux des montagnes de l’Altaï. Ceux-ci nous offrent une belle visibilité de ces terres ancestrales, filmées pour l’occasion de manière virtuose, avec des prises de vue à couper le souffle.

À travers les différentes étapes de l’entraînement d’un aigle par une jeune mongole (tel que son père lui apprend sous son assistance) et des épreuves qui prouveront sa raison (jamais encore une fille n’est devenue chasseuse avec un aigle en Mongolie), ce documentaire nous livre un parcours initiatique contre la tradition, soit une belle leçon de vie sur l’accomplissement de ses rêves et la quête de liberté, qui nous montre que l’on peut arriver à briser les codes par volonté et l’ouverture d’esprit. Cette aventure est aussi synonyme de passage à l’âge adulte d’une jeune demoiselle entourée d’hommes depuis sa plus tendre enfance, qui va assouvir sa passion et ses droits, allant à l’encontre de la figure féminine qu’on lui a toujours inculquée.

« La Jeune Fille et son Aigle » vous fera voyager à l’autre bout du monde sur des terres peu connues de l’Occident. C’est une histoire inspirante qui est livrée, à tout ceux qui croient encore en leurs rêves, et à tout ceux qui devraient en prendre conscience (particuliers ou politiques). La liberté, ça doit être pour tous !

Le(s) –

Ce documentaire ayant été filmé par morceaux au fil des saisons, celui-ci ne nous renvoie que les moments les plus porteurs de cette aventure. Dès lors, on a un peu l’impression d’assister à un parcours relativement sans embûches. De plus, le montage laisse parfois à désirer, et ne cache pas le manque de moyens du film.
Enfin, les parties de chasse d’Aisholpan avec son aigle, dont le but est la capture d’un renard, font parfois mal au cœur… En effet, même si on attend ces scènes comme étant l’accomplissement du rêve d’Aisholpan, on redoute la mort du renard, face à l’aigle surentraîné…

Note: 13/20

Engrenages à la chaîne

PRIS DE COURT

Vu au cinéma CAMEO à Namur

Sortie du film: le 29 mars 2017

Réalisateur(s): Emmanuel Cuau

Acteur(s):  Virginie Efira, Gilbert Melki

Genre(s): Drame
Durée: 1h25

Résumé: Nathalie est joaillière et vient de s’installer à Paris pour un nouveau travail et une nouvelle vie avec ses deux fils. Mais la direction de la bijouterie change soudainement d’avis et lui annonce que le poste ne sera pas pour elle. Nathalie veut protéger ses enfants et décide de ne rien leur dire. De ce mensonge vont naître d’autres mensonges de part et d’autre. L’engrenage commence…

Signe(s) particulier(s): 

  • « Pris de Court » a été tourné pour un petit million d’euros (à titre de comparaison, « A Bras Ouverts » de P. de Chauveron en a coûté 17,2);
  • Le tournage du film a démarré 3 jours après les attentats du 13 novembre 2015, ce qui a induit des remaniements du plan de travail de l’équipe, en attendant les autorisations de tourner en extérieur.

Le(s) +

On le sait, cela ne s’apprend pas: l’image que les parents renvoient sur leur enfant est très importante pour leur éducation. Ainsi, lorsqu’un parent ment à son enfant, et que ce dernier le découvre, ce n’est pas sans répercussions. Après tout, si les grands le font, pourquoi pas les petits… ? C’est en tout cas de cette manière que Paul (Renan Prévot) réagit au mensonge de sa maman, Nathalie (Virginie Efira). Lorsqu’il découvre qu’elle ne travaille pas où elle lui avait dit, Paul va se laisser embourber naïvement dans une histoire de mauvais sous après sa rencontre avec Léo (Zacharie Chasseriaud), travaillant pour une mafia parisienne. Mais très vite, après un incident, Paul devra rembourser une somme importante, sous peine de représailles de cette mafia. Heureusement, sa maman vient de retrouver une place dans un bijouterie…

Dans ce thriller, il est question d’un engrenage induit par situation familiale compliquée et vice du mensonge. Et c’est à travers le personnage de Virginie Efira que cette histoire va vivre ses moments de tensions, cherchant alors à aider son fils à sortir de ce pétrin, en manigançant pour l’occasion un drôle de plan pour l’en sortir. Le personnage d’Efira a été écrit pour qu’il intériorise ses émotions, et joue la carte de la retenue. Ainsi, Nathalie est une femme plutôt calme, et silencieuse, réfléchissant beaucoup, laissant parler son regard.
C’est une nouvelle palette à son répertoire que nous offre ici Virginie Efira, elle qui enchaîne à grande vitesse les rôles au cinéma, et qui n’est pas non plus habituée au thriller. La mue continue !

« Pris de Court » est un film tourné avec peu de moyens. Sa mise en scène est économe, mécanique, sobre, tandis que l’image est sombre, et les couleurs assez froides. Tout cet aspect visuel peut plaire, comme à l’inverse, déplaire, par manque d’effets. D’ailleurs, on n’avait plus vu les rues parisiennes aussi peu réjouissantes depuis quelques temps…

Le(s) –

Ce petit thriller familial sans artifice souffre d’un scénario invraisemblable dans l’écriture de ses personnages, et plus précisément pour leur réactivité. Par exemple, alors que le personnage de Renan Prévot mériterait une bien belle punition par rapport à sa manière très déplacée de parler à sa mère, cette dernière n’a rien de mieux à faire que d’inventer un plan inabouti et dangereux pour les siens, qui laissera d’ailleurs le spectateur sur sa faim, lui laissant ainsi le choix d’en trouver le dénouement…
La démarche est un peu lâche, facile, dans l’optique où le spectateur attendait au moins de savoir comment les personnages allaient s’en sortir.
Et puis, la figure mafieuse représentée dans le film est obsolète, et manque de frappe. Autrement dit, le danger est présent, mais illusoire.

Note: 13/20

Le diable s’habille en McBeth

THE YOUNG LADY – LADY MCBETH

Vu au cinéma CAMEO à Namur

Sortie du film: le 12 avril 2017

Réalisateur(s): William Oldroyd

Acteur(s):  Florence Pugh, Cosmo Jarvis, Paul Hilton

Genre(s): Drame, historique, romance

Durée: 1h29

Résumé: 1865, Angleterre rurale. Katherine mène une vie malheureuse d’un mariage sans amour avec un Lord qui a deux fois son âge. Un jour, elle tombe amoureuse d’un jeune palefrenier qui travaille sur les terres de son époux et découvre la passion. Habitée par ce puissant sentiment, Katherine est prête aux plus hautes trahisons pour vivre son amour impossible.

Signe(s) particulier(s): 

  • Adaptation de « La Lady Macbeth du district de Mtsensk », écrit par Nikolaï Leskov en 1865, dont les abordés sont la soumission des femmes dans la société, la vie dans les communautés rurales et la passion interdite; – le budget du film s’élève à environ 580.000 Euros. Ce financement vient en partie de iFeatures, un programme d’aide aux films à petit budget géré par le BFI et BBC Film; – la chef-costumière du film n’est autre qu’Holly Waddington, ayant travaillé sur « Lincoln » et « Cheval de Guerre » de Spielberg.

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Le(s) +

Angleterre, 1865. Lady McBeth (pas celle de Shakespeare) vient d’épouser, par mariage arrangé, un homme de bourgeoisie qu’elle n’aime pas. Elle est alors amenée à rester cloîtrée dans l’immense demeure familiale, afin d’éviter de tomber malade. Elle doit aussi porter des corsets qui l’empêchent de respirer, mais aussi satisfaire son mari et essayer de lui faire un enfant… Bref, elle doit répondre de chacun de ses gestes, en plus de devoir subir les pressions de son effroyable beau-père… Mais elle tombera un jour amoureuse d’un palefrenier, au détour d’une balade (qu’elle s’octroie lorsque son mari part en mission). Lady McBeth fera alors tout ce qui en son possible pour vivre cet amour passionné, et ne se laissera surtout plus jamais faire…« Lady McBeth » est un film d’époque qui illustre avec réalité la condition de la femme dans l’Angleterre rurale du XIXème siècle. Les grandes étendues sauvages vont de pair avec la solitude du personnage incarné avec force et culot par la jeune actrice principale à suivre, Florence Pugh.

Alors qu’on est pris d’empathie pour la femme qu’elle interprète (refourguant en elle une colère sourde), elle va, petit à petit, exploser par passion et amour pour cet homme, dont elle est éperdument tombée amoureuse, lui permettant aussi un meilleur avenir.

Dès lors, le spectateur assiste-là à une sacrée démonstration évolutive d’un personnage, comme on n’en voit trop peu. Autrement dit, son personnage nous fait passer par une multitude d’émotions que nous n’aurions jamais pensé ressentir. Car Katherine McBeth, à force d’avoir vécu reclue et soumise, finira par ne plus avoir de filtre, et vivre sa folie par tous les moyens.

« The Young Lady » fait partie de ces films très dérangeants, qui vont au-delà de la morale (certaines scènes sont intenables), où le regard que l’on porte sur un personnage change du tout au tout. D’ailleurs, le dernier plan risque de vous suivre…Techniquement, le film bénéficie d’une reconstitution pointilleuse de l’époque victorienne, que ça soit à travers de somptueux costumes, des couloirs peu éclairés, une demeure austère, de grandes chambres vides, etc. L’atmosphère y est froide, anxiogène, et cela jusqu’au générique de fin, qui défile devant nos yeux dans un silence inquiétant. Mais le ton y est incroyable de justesse, passant du cynisme au drame. La réalisation de William Oxford frôle ici la perfection par son efficacité, car s’il livre ici un film d’époque, c’est d’autant plus un thriller dramatique, accessible aux plus réticents d’entre vous. Vous l’aurez compris: ce film d’époque brille d’une part par la psychologie dévastatrice de son personnage principal, et d’autre part grâce au travail effectué sur le visuel, permettant d’appuyer l’évolution de ce dernier. « Lady McBeth » prouve que le cinéma d’auteur peut encore une fois s’essayer au cinéma genre (tel que l’a fait le récent « Grave »). Un film qui vous glacera indéniablement le sang !

Le(s) –

La tournure de l’histoire pourrait en déranger plus d’un, alors que son héroïne se retrouve piégée par ses propres émotions. À partir de ce moment, peu de dialogues viennent bousculer les images, qui suffisent à elles seules pour choquer. « Lady McBeth » ne fait pas dans la dentelle, autant vous en prévenir… C’est un film utile sur la condition de la femme, mais qui dérangera.

Note: 16/20

Maintenant, à vous de faire votre (vos) choix ! En attendant, on se retrouve fin de cette semaine pour une nouvelle semaine ciné de Julien, afin de vous parler de « Life » (D. Espinosa), « A United Kingdom » (de Amma Asante), « Sous le Même Toît » (D. Farrugia), « Et les Mistrals Gagnants » (de A.-D. Julliand)… ! En attendant, bon(s) film(s) !

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