Force est de constater que l’on se rapproche de plus en plus de la cérémonie des Oscars, qui se déroulera le 26 février prochain (durant la nuit du 26 au 27 chez nous) ! En effet, trois films qui y concourent sont sortis cette semaine: « Jackie », « Les Figures de l’Ombre » et « Moonlight ». Face à ces trois mastodontes, quelques divertissements s’imposaient (bien qu’on s’en serait bien passés si on avait su): « Raid Dingue », le nouveau Dany Boon, et le troisième épisode de la franchise « XXX », qui voit ici le retour de Vin Diesel, avant de prêter sa voix à Baby Groot dans « Les Gardiens de la Galaxie 2 », et de quatre fois re-conduire des voitures dans « Fast & Furious 8 » !
Bon, si on faisait le tour de ce qu’il faut en retenir ? Le’ts go pour une nouvelle semaine ciné de Julien !
SEMAINE 05 (01/02 au 07/02): 5 films vus
One-woman show…
RAID DINGUE
Vu au cinéma ACINAPOLIS à Namur
Sortie du film: le 01 février 2017
Réalisateur(s): Dany Boon
Acteur(s): Alice Pol, Dany Boon, Michel Blanc, Florent Peyre, Yvan Attal, Sabine Azema, Patrick Mille
Résumé: Johanna Pasquali est une fliquette pas comme les autres. Distraite, rêveuse et maladroite, elle est d’un point de vue purement policier sympathique mais totalement nulle. Dotée pourtant de réelles compétences, sa maladresse fait d’elle une menace pour les criminels, le grand public et ses collègues. Assignée à des missions aussi dangereuses que des voitures mal garées ou des vols à l’étalage, elle s’entraîne sans relâche pendant son temps libre pour réaliser son rêve : être la première femme à intégrer le groupe d’élite du RAID.
Acceptée au centre de formation du RAID pour des raisons obscures et politiques, elle se retrouve alors dans les pattes de l’agent Eugène Froissard (dit Poissard), le plus misogyne des agents du RAID. Ce duo improbable se voit chargé d’arrêter le redoutable Gang des Léopards, responsable de gros braquages dans les rues de la capitale. Mais avant de pouvoir les arrêter, il faudrait déjà qu »ils parviennent à travailler en binôme sans s’entre-tuer au cours des entraînements ou des missions de terrain plus rocambolesques les unes que les autres.
Signe(s) particulier(s):
– cinquième réalisation de Boon après « La Maison du Bonheur » (2006), « Bienvenue Chez les Ch’Tis (2008), « Rien à Déclarer » (2011) et « Supercondriaque » (2014);
– seconde fois que Boon dirige Alice Pol avec « Supercondriaque ».
Le(s) +
C’est devenu une habitude maintenant: Dany Boon interprète des personnages n’ayant pas que des qualités… Et son dernier rôle dans ce nouveau film (prêt à tout dégommer au box-office) n’échappe pas à la règle. Il serait donc peut-être temps de se renouveler un peu, et viser un peu plus haut…
Malgré cela, force est de constater que Boon n’est pas l’attraction de son propre film, puisqu’il a eu la très bonne idée d’écrire le rôle principal pour une femme. En l’occurrence, c’est Alice Pol qui interprète la (très, très) maladroite Johanna Pasquali. Et c’est elle la réussite de ce film, en mode Pierre Richard, version féminine. Elle tient à elle seule ce film face à un Dany Boon gonflé à la testostérone (le Ch’ti a pris du muscle et s’affiche torse nu -… et ça ne lui va pas). « Raid Dingue » tient la route pendant sa première partie, et ses acteurs n’ont pas peur du ridicule (mention spéciale à Yvan Attal).
Le(s) –
Le scénario ne sait vers où aller, que ça soit du côté de l’action (on y parle de terrorisme) ou de la comédie, avec notamment une scène finale inutilement et bêtement spectaculaire (gros budget à la clef), comme si Boon essayait de nous prouver que le cinéma français peut allier la comédie populaire et le grand spectacle. Or, ce n’est pas encore ça !
De plus, malgré quelques situations cocasses et le comique de son interprète principal, le film accuse d’innombrables longueurs, pendant lesquelles on essaie de nous prouver que Johanna a bien sa place au Raid, tandis qu’un amour téléphoné naîtra sous nos yeux… On a beau aimé Dany Boon et le féliciter d’essayer de faire rire et de divertir, il agit comme Johanna, tandis que son film se veut en plus être le porte-parole de toutes ces personnes qui se battent, et qui travaillent, pour une France libre.
Ça fait donc un peu beaucoup pour un film de ce calibre. Malgré ses bonnes intentions, « Raid Dingue » se disperse dans ses idées, et finit par ne plus faire rigoler, mais bien à ennuyer…
Note: 10/20
Houston, vous les recevez ?
LES FIGURES DE L’OMBRE
Vu au cinéma CAMEO à Namur
Sortie du film: le 01 février 2017
Réalisateur(s): Theodore Melfi
Acteur(s): Taraji P. Henson, Octavia Spencer, Janelle Monáe, Kevin Costner
Résumé: Le destin extraordinaire des trois scientifiques afro-américaines qui ont permis aux États-Unis de prendre la tête de la conquête spatiale, grâce à la mise en orbite de l’astronaute John Glenn. Maintenues dans l’ombre de leurs collègues masculins et dans celle d’un pays en proie à de profondes inégalités, leur histoire longtemps restée méconnue est enfin portée à l’écran.
Signe(s) particulier(s):
– adaptation du livre intitulé « Hidden Figures » de Margot Lee Shetterly mettant en scène la mathématicienne, physicienne et ingénieure spatiale Katherine Johnson, ayant grandement aidé à contribuer aux programmes aéronautiques et spaciaux de la NASA, et plus précisément ici de la première mise en orbite du premier homme autour de la Terre en 1962, pendant que les USA et l’URSS s’affrontaient sans merci pour la conquête de l’espace;
– Katherine Johnson est aujourd’hui reconnue par la NASA, tandis qu’un pôle de recherche y porte son nom depuis mai 2016;
– la co-scénariste du film (Allison Schroeder) connaît bien la NASA, puisqu’elle y a effectué un stage (ayant étudié les mathématiques de haut niveau), et que ses grands-parents y ont eux-mêmes travaillés.
Le(s) +
Qu’il est juste et intéressant de découvrir l’histoire de ces femmes de l’ombre, et de couleur, ayant contribué, au même titre que les blancs, à l’écriture de l’Histoire spatiale américaine, mais dans des conditions de vie bien distinctes… En effet, dans les années 60, les USA vivaient en pleine ségrégation raciale. Ce film met donc à l’honneur les accomplissements de ces trois femmes (davantage K. Johnson) au sein de la NASA, malgré le poids de leurs conditions de travail (inégalité, jalousie, moquerie, irrespect, salaire à la baisse, etc.), et la non-reconnaissance de celui-ci.
Les trois actrices (Taraji P. Henson, Octavia Spencer, Janelle Monáe) donnent de leur personne et incarnent ces trois personnalités au caractère bien trempé, courageuses et rayonnantes (malgré tout). Il y a Katherine Johnson (ayant participé au lancement d’Apollo 11), Dorothy Vaughan (première femme noire superviseur de la NASA) et Mary Jackson (première femme noire ingénieure des États-Unis). De bonne facture, « Les Figures de L’Ombre » bénéficie d’une honnête reconstitution des murs et couloirs de la NASA d’époque. Sans être moralisateur, ce biopic divertit autant qu’il essaie de nous faire passer un message de tolérance de la part des ricains.
Le(s) –
Alors que c’est un drame, il ressort de celui-ci un sentiment global de légèreté. Cela est notamment dû à la bande-originale (signée Pharell Williams) n’étant pas toujours propice aux images qu’elle accompagne (à titre d’exemple, Katherine effectue, en courant, 800 mètres sous la pluie pour se rendre aux toilettes les plus proches pour gens de couleurs, mais au son d’une musique funcky, comme s’il s’agissait d’une partie de plaisir ou d’un instant humoristique, alors qu’il n’en est rien), ainsi qu’au capital (trop) sympathique de ces femmes, et au scénario, à travers duquel le véritable racisme ne s’y retrouve pas (on est quand même à la NASA).
On pourrait regretter aussi un manque d’explications quant aux calculs effectués par Katherine afin d’accomplir sa mission, le spectateur restant ainsi en retrait face à l’intensité que la réussite de sa mission devrait créer.
Il faut bien l’avouer: c’est à un film très « américanisé » que nous assistons, (trop) bien emballé pour les Oscars, pas loin sans rappeler « La Couleur des Sentiments » de Tate Taylor, mais avec un niveau de dramaturgie moins appuyé, mais moins fixé. Pas mal, mais trop gentil pour rester.
Note: 14/20
Un Diesel qui consomme beaucoup, mais pour pas grand chose…
XXX: Reactivated
Vu au cinéma ACINAPOLIS à Namur
Sortie du film: le 01 février 2017
Réalisateur(s): D. J. Caruso
Acteur(s): Vin Diesel, Donnie Yen, Deepika Padukone, Toni Collette
Résumé: Xander Cage, sportif de l’extrême devenu agent d’élite, sort de l’exil qu’il s’était imposé, pour affronter le redoutable guerrier alpha Xiang et son équipe. Il entre dans une course impitoyable afin de récupérer une arme de destruction massive connue sous le nom de Boîte de Pandore. Recrutant une toute nouvelle équipe d’experts accros à l’adrénaline, Xander se retrouve au cœur d’une conspiration menaçant les gouvernements les plus puissants du monde.
Signe(s) particulier(s):
– Vin Diesel retrouve son personnage qu’il campait dans « Xxx » de Rob Cohen en 2002, tandis que le film fait suite à « Xxx 2: the Next Level » (2005) de Lee Tamahori, et dans lequel Ice Cube tenait le rôle principal;
– malgré le succès commercial du premier film, le second fut un échec au box-office avec seulement 70 millions de dollars de recette dans le monde;
– le film s’est vu attribuer un casting majoritairement asiatique, avec notamment Donnie Yen, Deepika Padukone, Kris Wu ou encore Tony Jan, ce qui n’est pas anodin afin que le film cartonne aussi en Asie;
– 2017, ou l’année du Diesel, puisqu’on retrouve l’acteur dans trois autres films: « Un Jour Dans la Vie de Billy Lynn », « Les Gardiens de le Galaxie 2 » et « Fast & Furious 8 ».
Le(s) +
Voilà un divertissement totalement assumé et survitaminé, dans lequel on ne s’ennuie pas une seule seconde, pour autant qu’on en attende quelque chose. C’est simple: ça explose de partout ! Ainsi, scènes d’action spectaculaires, courses-poursuites, combats à mains nues, combats armés se suivent sans relâche. Si le but est donc de voir du lourd, alors le retour de Xander Cage est pour vous ! On y découvre notamment Vin Diesel sauter à ski d’un poste électrique pour rejoindre la jungle, se jeter en l’air d’un avion qu’il dirige avant cela vers un satellite afin que ce dernier ne s’écrase pas sur Terre, où encore rouler avec sa moto sur… l’eau. Sous testostérone, ce « Xxx: Reactivated » plaira aux amateurs de films bourrins.
Le(s) –
On pourrait parler de spectacle abrutissant, tant ce qui nous est montré nous demande de laisser son cerveau hors de la salle avant d’y entrer. Pire: certaines scènes nous font rire par leur totale improbabilité. Ajoutez à cela une histoire désuète et invraisemblable d’armes de destruction massive, et « Xxx: Reactivated » est le cocktail parfait du divertissement stupide. Très gros film, donc.
Note: 8/20
Little, Chiron, Black
Moonlight
Vu au cinéma CAMEO à Namur
Sortie du film: le 01 février 2017
Réalisateur(s): Barry Jenkins
Acteur(s): Alex R. Hibbert, Ashton Sanders, Trevante Rhodes, Mahershala Ali, Naomie Harris
Résumé: Après avoir grandi dans un quartier difficile de Miami, Chiron, une jeune homme de couleur, et homosexuel, tente de trouver sa place dans ce monde. « Moonlight » évoque son parcours de l’enfance à l’âge adulte.
Signe(s) particulier(s):
– adaptation de la pièce de théâtre autobiographique « In Moonlight Black Boys Look Blue » de Tarell Alvin McCraney, qui est aussi à l’image de la vie du réalisateur Barry Jenkins, puisqu’ils ont un vécu quasi-similaire;
– récompensé une multitude de fois comme meilleur film, ou encore meilleur réalisateur, lors de différents festivals ou cérémonies cinématographiques importantes, et reparti avec le Golden Globe du meilleur film dramatique en janvier dernier;
– principal concurrent de « La La Land » au titre du meilleur film lors des Oscars le 26 février prochain, où il est cité dans pas moins de 8 catégories.
Le(s) +
Au même titre que « Manchester By the Sea » (de K. Lonergan), « Moonlight » ne fait pas dans la démonstration, mais bien dans la retenue. Barry Jenkins a choisi de mettre en scène cette histoire selon trois passages cruciaux de la vie de Chiron, soit l’enfance, l’adolescence et l’âge adulte, mais incarnés par trois acteurs différents, jouant donc le même personnage. Imprégnés par son identité, on sent les acteurs en pleine transe avec ce dernier, qui préfère dissimuler sa véritable identité que de vivre différent. D’ailleurs, le réalisateur n’a pas souhaité que ses trois acteurs se rencontrent lors du tournage, afin que ceux-ci ne s’influencent pas quant à leur interprétation de Chiron. Alex R. Hibbert, Ashton Sanders et Trevante Rhodes méritent ainsi un prix de groupe, à coup sûr, interprétant avec justesse et sobriété le combat de cet homme contre lui-même et le monde qui l’entoure.
D’ailleurs, ce monde, c’est précisément celui de Liberty City, à Miami, jouant son propre rôle à l’écran. En effet, Jenkins filme sa ville (et celle de McCraney) sans mentir, à la fois comme un lieu de danger, et de rêve. La photographie de James Laxton donne à cette ville un côté chatoyant, aux lumières fluo-luminescentes (tirant vers le bleu), dans laquelle tout est possible. La musique, quant à elle, s’apparente aux émotions de Chiron, et s’entend lorsqu’un moment clef de sa vie est en jeu. Les quelques notes de violons captent ainsi en nous toute notre attention, pour ces moments d’intensité suggérés.
Il serait dommage de ne pas parler de l’interprétation de Naomi Harris, qui se met en danger dans le rôle de la mère de Chiron, toxicomane. On a connu l’actrice dans un meilleur avantage physique (récemment dans « Beauté Cachée » de D. Frankel), mais rarement dans un rôle si difficile.
« Moonlight » est une quête identitaire moderne, qui ne joue pas des clichés qu’un scénario comme le sien aurait pu amener (violence, harcèlement, drogue…). Au contraire, il joue de détails scénaristiques fins et visuels pour faire passer ses messages. Du cinéma indépendant intelligent, qui suffit à lui seul pour casser les codes du genre.
Le(s) –
On pourrait reprocher au film son mécanisme scénaristique en trois temps, sans véritables rebondissements. On reste aussi sur notre faim, lors du final, bien que la façon de terminer l’histoire est en accord avec l’ambition du film pour ses propos.
Note: 15/20
Quand « Black Swan » se la joue First Lady
Jackie
Vu au cinéma ACINAPOLIS à Namur
Sortie du film: le 01 février 2017
Réalisateur(s): Pablo Larraín
Acteur(s): Natalie Portman, Peter Sarsgaard, Greta Gerwig
Résumé: 22 Novembre 1963 : John F. Kennedy, 35ème président des États-Unis, vient d’être assassiné à Dallas. Confrontée à la violence de son deuil, sa veuve, Jacqueline Bouvier Kennedy, First Lady admirée pour son élégance et sa culture, tente d’en surmonter le traumatisme, décidée à mettre en lumière l’héritage politique du président et à célébrer l’homme qu’il fut.
Signe(s) particulier(s):
– alors que son précédent film « Neruda » est toujours à l’affiche des meilleurs cinémas d’art et d’essai, « Jackie » est le premier film du réalisateur chilien tourné aux Etats-Unis;
– ce film racontant les quelques jours ayant suivi l’assassinat de John F. Kennedy (mais du point de vue de l’ex-Première Dame) devait initialement être réalisé par Darren Aronofsky;
– Noah Oppenheim a reçu le prix du Meilleur Scénario au dernier Festival du film de Venise pour ce film.
Le(s) +
Sans chercher le mimétisme, Natalie Portman incarne avec beaucoup de tenue et de densité cette femme terrassée par le drame (alors que le monde a les yeux rivés sur elle, et ses enfants). On y découvre, à travers une rare interview post-assassinat, le portrait psychologique d’une femme, qui ne souhaite alors afficher que ce qu’on lui a fait subir (pour que le monde comprenne), elle qui est poursuivie par des idées négatives émergeant de cette terrible situation, et demandant ainsi l’aide d’un prêtre pour y voir plus clair. Par contre, la First Lady savait très bien quelles paroles devaient survivre à cette interview, avant qu’il ne soit dévoilé à la presse…
« Jackie » est donc un anti-biopic (tiens tiens comme Neruda), puisqu’il n’est concentré que sur ces quelques jours ayant suivi la mort du président. Ne vous attendez donc pas à y découvrir toute la vie de Jacqueline Kennedy…
Le réalisateur met en scène ce scénario avec une reconstitution soignée, et saupoudrée d’images d’archive. Les images tournées en 16mm (afin de rendre les émotions plus brutes) et la musique signée par la jeune compositrice Mica Levi hypnotisent le spectateur, le passionnant alors pour cette histoire inédite. Et puis, c’est aussi l’occasion d’y découvrir la dernière partition de l’acteur John Hurt, décédé la semaine dernière…
Le(s) –
La froideur du milieu dans lequel l’histoire se déroule peut rebuter. Le parti-pris du film ne permet également pas de créer l’émotion (bien qu’un semblant d’empathie s’y installe). Non, « Jackie », c’est un peu une séance de psy, à laquelle on assiste. Enfin, qu’en est-il de la totale véracité des propos, des paroles ? Car outre le fait qu’ils s’inspirent de l’interview de Theodore H. White accordée à Jackie, et de témoignages préexistants, rien n’est moins sûr…
Note: 15/20