Comment traiter avec subtilité et douceur des sujets graves à travers les yeux d’enfants? Énorme coup de cœur de la presse à Cannes, « Ma vie De Courgette » est une pépite comme on en voit rarement.
Une chronique de Julien Pierre
Autant le dire tout de suite: les enfants ne comprendront pas tout à cette leçon de vie et de poésie, et la regarderont avec toute leur candeur. En effet, il faut au moins avoir dépassé la dizaine d’années pour comprendre toute l’ampleur que porte ce film sur ses épaules. Mais cela n’est pas du tout un problème en soi: voilà une mine d’or de dialogues avec vos enfants, pour éveiller en eux une prise de conscience, minime ou important soit-elle.
Car derrière ce film d’animation en stop-motion, « Ma Vie de Courgette » est une lettre ouverte sur la situation de vie d’un petit garçon devenu orphelin (un cerf-volant et une canette de bière vide resteront les seuls témoins de l’existence de ses parents), et de la (re)construction de sa propre personne.
Ecrit par Céline Sciamma (scénariste de « Naissance des Pieuvres », « Tomboy », « Bande de Filles« , « Quand on a 17 Ans »….), spécialiste des questions autour de l’enfance et de l’adolescence, le scénario de cette courte histoire (soixante-six minutes) passe d’un thème important à un autre (l’homicide involontaire, le harcèlement, la solitude, la maltraitance, le besoin de se construire une famille…), mais avec une simplicité à nous retourner l’estomac, sans jamais être démoralisateur, mais au contraire plein d’espoir, et de luminosité.
Adapté du roman « Autobiographie d’une Courgette » de Gilles Paris (2002), « Ma Vie de Courgette » ne brille pas que pour le traitement des sujets qu’il aborde, mais aussi pour son animation, particulièrement bluffante et qui a nécessité un travail considérable pour son équipe, et qui se voit à l’écran.
D’une adéquation parfaite entre enfer et paradis, ce récit vous touchera en plein cœur, et laissera en vous un sentiment d’avoir assisté à quelque chose d’important, ce qui est le cas. À voir, et à montrer!