Alors qu’on vous parlait de super-héros russes de pacotille, grossiers et nous ayant laissés totalement pantois et indifférents, voilà une héroïne soviétique qui nous a fait totalement l’effet inverse. Elle s’appelle Red Skin, est plutôt très avenante, a un tempérament de feu et est d’humeur plutôt frivole. Rien de bien méchant si ce n’est que, en plus de toutes ses qualités qui lui permettraient sans aucun doute de trouver le mari idéal, elle manie la faucille et le marteau comme personne et est l’une des meilleures recrues de sa mère patrie, l’URSS. C’est un joyeux divertissement à mille lieues des héros actuels que nous proposent le Frenchie Xavier Dorison, Terry et Rachel Dodson.
Résumé de l’éditeur: Le plus grand super-héros américain… est une espionne russe. Vera Yelnikov est une bombe atomique ! De ces femmes qui réveilleraient un mort ou auraient rendu lesbienne Margaret Thatcher. Mais si le sexe est son grand plaisir dans la vie, elle doit consacrer la plupart de son temps à son métier : agent d’élite au service de l’URSS. En pleine guerre froide, Vera est envoyée à Los Angeles par les bureaucrates du Kremlin. Sa mission ? Devenir une véritable « super-héroïne américaine » pour propager les valeurs communistes au pays de l’Oncle Sam et lutter contre le « Charpentier », un serial killer fasciste qui s’en prend à tout ce qui ressemble de près ou de loin à un gauchiste. À peine arrivée, elle doit trouver une couverture pour son identité secrète… Un job lui paraît tout indiqué pour se fondre dans la masse et répondre à ses aspirations profondes : actrice porno !
Tempête noire et rouge (forcément), Vera est Russe. De ces Russes acquises à leur cause, surentraînées et au tempérament aussi volcanique que la plus forte des vodkas. Sauf qu’elle va devoir la troquer contre les sodas et l’eau de feu. Car Vera, un peu contre son gré, vient d’atterrir aux States, ce pays auquel la Guerre Froide lui avait jusqu’ici interdit de rêver et lui avait induit l’intime conviction que ce pays-là était tout ce qu’elle devait combattre. C’est peu dire que l’American… pire… le Los Angeles Way of life un peu bling-bling n’était pas vraiment fait pour elle. Ce n’est pas ce que pensent ses commanditaires (et notamment le camarade Brejnev) qui voient en cet ouragan de Vera la recrue idéale pour devenir Red Skin, la super-héroïne n’ayant rien à envier à Catwoman, La Chatte Noire ou Wonder Woman et qui saura conquérir le coeur des Yankees. Un étendard de propagande en quelque sorte.
D’ailleurs, le moment est propice, puisque c’est en pleine campagne électorale américaine (toc toc toc l’actu) que Vera est propulsée. Une campagne qui tourne à l’avantage d’une certaine Jacky Core, pasteur-e puritaine aux principes conservateurs qui pourrait réchauffer la guerre froide et qui ont fait de la lutte contre l’industrie du porno et la libération des moeurs et individuelle (re-toc toc toc les polémiques stériles du moment, burkini etc) son le crédo populiste et redoutable de cette candidate.
Comme si sa campagne offensive ne suffisait pas, cette « servilité guidant le peuple » semble bien aidée par un justicier, Le Charpentier, s’amusant (sic) à zigouiller les pontes de l’industrie du vice et du plaisir sur grand ,écran. Un ennemi tout trouvé et à la hauteur de la légende naissante Red Skin. Pin-up un peu cruche et femme de maison pour un producteur du X (qui l’engage d’ailleurs sous le nom d’Alabama Jane), le jour, et super-héroïne débutante mais n’ayant pas le droit à l’erreur, le soir; l’aventure de Red Skin risque bien d’être plus cocasse que celles de la majorité des super-héros américains.
Et en effet, on ne s’y est pas trompé. Combinaison moulante, tout seins en avant et irrévérence notoire font de ce personnage créé par Xavier Dorison, une héroïne certes sexy mais aussi atypique et attachante dont les traits (donnés par l’incroyable Terry Dodson) ne peuvent que rivaliser avec ses confères outre-atlantique (en même temps, c’est normal, Terry vient de là-bas et a suivi le chemin inverse de beaucoup d’auteurs européens partis faire du comics: voilà dix ans qu’il s’adonne joyeusement et avec plaisir à faire aussi de la BD européenne).
Avec l’insolence des débutantes n’ayant rien à perdre, Red Skin possède aussi cette fraîcheur des nouveaux arrivants qui est salvatrice dans un paysage du comics qui s’est peut-être un peu sclérosé sous le coup de la Dark Knight attitude. Dans les pages des deux premiers opus de Red Skin, de A à Z, ce jeu du chat et de la souris (ou de l’aigle et de l’ours, pour américano-russifier le débat) se veut bon enfant, sans se prendre au sérieux mais sans pour autant faire n’importe quoi. Le rythme est vivifiant, les dessins au point et aux poings (quand il s’agit de tuméfier les visages) tandis que le scénario multiplie les bonnes idées. Red Skin est la bombe a(na)tomique qu’on n’attendait peut-être pas mais qui fait mouche et voit quand même nettement plus loin que l’héroïne simplement sexy. Dorison a de la suite dans les idées, et on attend bien de savoir quoi!
En plus, cette série est en route pour les States puisqu’il est prévu qu’elle paraisse également chez Image Comics sous le nom de Red One! Un site lui est consacré.
Série: Red Skin
Tomes: 2 tomes disponibles – Welcome to America & Jacky
Scénario: Xavier Dorison
Dessin et couleurs: Terry Dodson (FB)
Encrage: Rachel Dodson
Genre: Super-Héros, Humour
Éditeur: Glénat
Nbre de pages: 61 & 56
Prix: 14,95€ et 14,50€
Date de sortie: le 24/09/2014 et le 29/06/2016
Extraits:
Et en bonus, quelques recherches, étapes, rough de Terry Dodson:
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