Avec The time before, Cyril Bonin se risque dans la thématique ultra vue et revue (et donc largement périlleuse) du voyage dans le temps en lui insufflant son graphisme et son aura. Une vraie réussite qui nous plonge au temps béni du jazz et des Kennedy.
Walter Benedict a tout pour réussir. Photographe dans son état ayant écumé les bars et cabarets, immortalisant notamment le légendaire Miles Davis, Walter attend simplement l’heure qui le révélera et l’amènera à immortaliser le tout Hollywood et ses stars. Et si cette heure arrivait plus tôt que prévu finalement, par un coup du sort. Ou peut-être est-ce un coup de baguette magique? D’un talisman pour être exact, cadeau d’un vieillard sauvé de justesse d’une mystérieuse bande d’individus par Walter. Très vite, le photographe se rend compte des vertus du talisman: il suffit de le serrer entre ses doigts et de penser à un moment crucial (ou non d’ailleurs) de sa vie pour y retourner. En deux temps trois mouvements et même moins, pour changer l’instantané où ça a dérapé.
Téméraire et courageux, Walter compte bien se servir de ce cadeau du ciel pour donner un coup d’accélérateur à sa carrière, sans pour autant jouer de facilité. Car Walter veut mériter ce qu’il lui arrive et sa réussite. Non, il ne pariera pas aux courses hippiques en connaissant pertinemment les résultats de celles-ci. Walter va simplement s’arranger pour être au bon endroit au bon moment. Pour rencontrer Ava Gardner, puis John Fitzgerald Kennedy qui en fait son photographe officiel. Mais voilà qu’un grave accident de voiture suivi d’une merveilleuse rencontre avec une infirmière, dont Walter est persuadé qu’elle sera la femme de sa vie, vient tout remettre en perspective. Faut-il remettre le compteur à zéro et perdre cette folle rencontre ou continuer sa vie en étant handicapé et en ayant perdu le plus gros contrat de sa carrière. Rien n’est moins simple, d’autant plus quand il s’agit de changer le cours d’une vie.
Revenu du fameux diptyque Amorostasia paru chez Futuropolis, Cyril Bonin nous revient dans la collection Grand Angle avec cette grande histoire de voyage dans le temps originale et prouvant que le genre peut encore se réinventer malgré un essoufflement marqué ces dernières décennies. Car, non content de s’approprier le sujet, Cyril Bonin prend soin de désamorcer les clichés du genre pour l’investir de son originalité et de cette humanité. Plongé dans le chic des années 60’s où tout semble permis, le héros n’est pas épargné et l’auteur lui assène qu’il est bien difficile de refaire sa vie sans subir les paradoxes et les mauvais tours auxquels la seconde chance donne également droit. The Time Before est profondément humain et cohérent. Cyril Bonin nous invite à prendre le temps de la remise en question, à apprivoiser sa vie, à l’heure où trop souvent on a du mal à en accepter son cours. La conclusion, inattendue, est remarquable.
Titre: The Time Before
Histoire complète
Scénario, dessin et couleurs: Cyril Bonin
Genre: Drame, Fantastique
Éditeur: Bamboo
Collection: Grand Angle
Nbre de pages: 104
Prix: 18,90
Date de sortie: le 02/03/2016
Extraits:
Quelques recherches, roughs et autres planches en créations bonus donnés par l’auteur sur son blog:
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