Êtes-vous déjà allé au festival LGBT de Paris?
Non, je n’y suis jamais allé. Je n’ai pas été invité, sans doute parce que mes derniers livres ne traitent pas de thèmes LGBT. Mais si l’on m’invite pour un prochain livre, je serais ravi d’y aller.
De par votre BD « L’été 79 », on se rend compte que les moeurs ou la vie sociale n’avaient pas vraiment évolué en cette fin des années 1970 surtout dans les petites communes rurales du Doubs…
Je ne pense pas que les petites communes du Doubs soient plus arriérées que d’autres villages de campagne, en France ou ailleurs. J’ai surtout voulu décrire un village où on s’ennuie, où chacun s’observe derrière les fenêtres, où on boit beaucoup et où on trouve presque normal qu’un mari batte sa femme. C’était très banal à l’époque. Les mentalités ont évolué parce que depuis quelques années, les médias se sont mis à parler de la violence conjugale.
Dans votre ouvrage, vous ne dessinez pas ce père violent. Cela rend encore plus fort l’identification au héros, non?
Il n’est en effet pas du tout représenté dans ma bande dessinée mais on le sent, on le devine, on l’entend, on voit une main, un pied. J’ai fait ce choix pour rendre ce personnage plus inquiétant, un peu à la manière d’un film d’horreur où on ne voit du monstre que les griffes. Je voulais faire ressentir au lecteur l’inquiétude du personnage de l’adolescent, moi-même, donc.
C’est le thème traité qui impose un ton et une forme différente pour chaque projet. Il n’était pas possible de faire un livre aimable avec un tel sujet. Je serais passé à côté. Il ne fallait pas édulcorer ni taire certains détails quand je pensais qu’ils étaient utiles pour le récit. Mon projet était de dénoncer le silence qui régnait à l’époque autour du drame de ma mère, il fallait donc bien briser ce silence.
Oui, deux de mes livres ont suscité de nombreux retours, Dans la peau d’un jeune homo et L’été 79. Mes lecteurs se sont reconnus dans ces deux bandes dessinées, très différentes. L’été 79 a touché surtout les femmes.
Je suis heureux de votre remarque. En effet, si je ne renie pas l’influence de David B. dont j’admire le travail graphique, mon goût me porte bien davantage vers les auteurs que vous citez, vous tombez juste. J’ajouterais Chris Ware qui est l’auteur que j’aime par dessus tout.
De par votre histoire personnelle, peut-on dire que l’art et la BD vous ont sauvé?
Oui, je le pense.
Oui. J’essaie de l’actualiser régulièrement.
Deux livres sont quasiment prêts mais ils ne sortiront qu’en septembre 2016, tous les deux en même temps. L’un deux est une collaboration avec dessinateur bisontin (de Besançon) Maxime Peroz, une histoire d’amour érotique au Vietnam entre un français et une japonaise. L’autre livre raconte l’histoire d’un jeune homme pauvre qui entre dans une famille de petits bourgeois. Bref, le parcours d’un transfuge de classe.
On a hâte de lire ça, merci beaucoup Hugues!
Propos recueillis par Dominique Vergnes
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