Beignets, chouchous, glaces…ce petit bréviaire estival s’accorde bien avec B-gnet, un auteur humoristique basé à Lyon et qui commence à se faire un nom dans l’humour BD, tant sur le plan local que national. De son vrai nom Florian Bovagnet, cet auteur fait partie, à la fois, de l’écurie « AAARG » et « Fluide Glacial », preuve de son éclectisme humoristique, où l’on retrouve aussi Scarface, des héros de films d’horreur, des parodies de Spirou, Tintin, Lucky Luke ou Astérix dans « Lutin spirix ». Bref, un bréviaire humoristique qui fait du bien à lire et dont vous pouvez découvrir le talent sur son blog personnel.
Bonjour B-Gnet, vous avez été à l’école Emile Cohl, comme JM Maître, que retenez-vous de votre passage dans cette école de dessin? (À part une année de dépression après…)
C’est vrai qu’on dit qu’il y a une dépression post-emilecohlienne, mais on ne m’a pas dit quand elle se terminait. De Cohl, je retiens les amis que je m’y suis faits, un véritable apprentissage du dessin (apprentissage qui, comme la dépression ne se termine jamais) et une obligation à faire ce métier pour justifier d’avoir mis autant d’argent dans une école de dessin.
Quelles sont vos inspirations et influences en BD? Séries, auteurs, personnages…
Pour simplifier, je dirais Daniel Goossens. Mais tout m’inspire et m’influence, même les trucs que je n’aime pas. Je pourrais dresser une liste mais ça change tout le temps.
Bientôt l’animation? Et l’autoédition?
Non, pas trop d’animation. Le résultat m’intéresse, mais c’est énormément de travail et de moyens. La BD demande moins de temps, finalement, tant pis pour la bande son. L’auto-édition, c’est risqué, j’aime quand même avoir un regard sur ce que je fais. Même un regard malveillant peut générer de bonnes choses (en réaction). Avec l’épicerie séquentielle, c’est de l’auto-édition mais comme on est un collectif d’auteur, il y a des échanges. C’est économiquement intéressant, mais c’est aussi du boulot en plus. Heureusement on est nombreux, je fous rien et ça se voit pas.
« Pères indignes », c’est de l’autofiction? Ou cela vient-il d’une histoire personnelle chargée?
Disons que c’est un mélange de sentiments divers dont je voulais me débarrasser. Après il n’y a pas de personnages existants. Mais je voulais traiter ces thèmes (le divorce, le deuil), de manière très légère pour pas m’empêcher de faire un roman graphique larmoyant là-dessus un jour de pluie.
Peut-on comparer la BD « Bonsoir » dans la satire et la dérision aux oeuvres de Mo/CDM ou de Pixel Vengeur?
Ha, tiens, on ne m’a pas trop comparé à Mo et Pixel. Pourtant oui, il doit y avoir une forme de filiation, ou d’influences mutuelles. Ne serait-ce que parce qu’on est tous passé dans le Psikopat. Comme on est des auteurs « humour », on se retrouve tous en magazine, et il n’y en a pas tant que ça, ce qui a fini par créer une sorte d’école, de groupe informel d’auteurs qui n’ont d’autre choix que d’être publiés ensemble. On est plein comme ça.
Lyon, une ville qui se prête à la BD?
Ma foi, oui, on a l’eau, l’électricité, et même une papeterie. Mieux, on s’est auto-proclamés capitale de la Bande dessinée. Mais n’exagérons pas, Lyon ne se prête pas à la BD, Lyon se vend à la BD. On n’a rien sans rien.
Pouvez-vous dire du mal de la revue « AAARG » et de ses concepteurs?
J’aimerais bien, j’adore dire du mal des gens. Mais comme je l’ai dit plus haut, j’ai la flemme de faire des listes, aujourd’hui. Je ne dirais que deux choses : « AAARG! » devient un mensuel de presse en janvier 2016, preuve que c’est un objet en mouvement. Et deuxième chose, Pierrick, si tu lis cette interview, t’as pas répondu à mon dernier mail, enfoiré!
The world is yours? Really?
The world is Yaourt, plutôt. Titre de mon premier livre référence au « Scarface » de Brian de Palma. Mais oui, une partie de ce monde est notre (dans le temps et dans l’espace), d’une certaine manière. Mais c’est du yaourt.
« Fluide Glacial », le meilleur journal humoristique actuel?
C’est dur à dire, et en même temps il n’y a pas beaucoup d’autres magazines d’humour. En plus, je ne lis que rarement « Fluide ». Je sais qu’il y a des gens très bien, et ça fait deux ans que je me dis que je devrais faire des pages pour eux mais je fais rien. Si j’y retourne, je dirai que c’est le meilleur journal humoristique actuel.
Beignets, chouchous, glaces…quelles sont vos préférences de plage?
L’eau salé. La plage, ça m’ennuie vite, c’est la mer qui m’intéresse. D’ailleurs il y a des tas de bancs de sable ailleurs qu’au bord de la mer qui sont boudé par le public alors que des tonnes de gens semblent aller à la plage sans se soucier de la mer.
Avec près de 5500 albums parus chaque année (dont 4000 premiers albums), une chance éditoriale cette surproduction BD? En gros, est-il facile actuellement de se faire éditer?
Se faire éditer est relativement facile, rester visible au milieu de 5000 albums peu évident, en vivre difficile. L’avantage, c’est que si on se plante, ça ne voit pas.
Vos projets futurs et prochains festivals BD?
Deux albums à paraître : Santiago (chez Vraoum) en janvier par là…
Jojo moniteur de ski (avec PMGL chez lapin) en février sûrement.
Et des pages dans AAARG! si Pierrick répond à mon mail.
D’ailleurs ils fêtent leurs deux ans vendredi 30 octobre, j’y serai.
Et je vais à Brignais, aussi les 14 et 15 novembre.
Puis j’irai à Angoulême si je survis à ça.
Merci beaucoup B-Gnet!
Entretien réalisé par Dominique Vergnes
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