Le linge sale de Pascal Rabaté et Sebastien Gnaedig, polar campagnard et (trop) inattendu

Pascal Rabaté mène une double vie entre cinéma et images fixes qu’il scénarise et/ou dessine. Quel que soit le domaine, c’est toujours avec brio et une bonne dose de singularité. Pour son retour à la BD après l’excellent film Du goudron et des plumes, c’est côté scénario qu’on le retrouve en compagnie de Sébastien Gnaedig au dessin, pour une histoire de vengeance nourrie par de longues années sous les verrous.

Car, oui, si Martino a passé près de vingt ans derrière les barreaux (pour un crime d’amour loupé ayant tourné au jeu de massacre) et qu’il est aujourd’hui libéré pour bonne conduite, il n’a pas oublié ses espoirs de vengeance à l’égard de l’homme qui lui a pris sa femme et mène des activités plutôt douteuses. Non, sa vengeance, Martino l’aura, quels qu’en soient les prix et les vies: sa femme et sa famille n’y échapperont pas non plus.

Telle est la promesse plutôt alléchante de ce linge sale dont l’odeur n’a d’égal que le plaisir rencontré à la lecture de ce nouveau cru “rabatéen”. Car oui, Pascal Rabaté est un auteur à part, aux idées fantasques et bourrées d’originalité. Le linge sale en est une formidable preuve forgée dans l’humour noir et la chronique de la bêtise humaine entre campagne et ruralité. Car Martino comme son ennemi juré Gérard n’ont en rien inventé le fil à couper le beurre, conclut-on à la fin.

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Mais ce constat n’en est que plus propice à des péripéties loufoques entre les combines truandes et abracadabrantes de l’un et celles meurtrières de l’autre. Un choc pimenté du savoir-faire inégalable de Rabaté dans les dialogues croustillants et riches en patois. À travers des répliques cinglantes, Rabaté s’affirme de plus en plus comme un Audiard de la BD (“On est en chaleur? Éh bien, je refroidis“, “C’est pas du velours pour l’estomac, faudra pas se pisser sur les godasses après“, “T’avalerais une vache , on y verrait la queue, tu dirais encore que c’est pas toi.“).

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Côté dessin, celui de Gnaedig, reste correct même si classique et peut-être un peu trop figé que pour servir à 100% l’histoire. Et si l’histoire tient la route et offre d’excellents moments à en décocher quelques sourires, reste le regret d’un rebondissement final de trop, peu crédible et gâchant ce qui se voulait être la surprise du chef Rabaté mais qui demeure un pétard mouillé, grand-guignolesque. Dommage, car ce linge sale aurait pu être un bon cru implacable et sans tache. Reste une échappatoire forte en divertissement.

15/20

Pascal RABATÉ et Sébastien GNAEDIG, Le linge Sale, Vent D’ouest

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