Fort de son dernier album Machine Ronde, quatrième opus de sa discographie et osons le dire » leur meilleur à ce jour », Bertier se produisait le 23 avril dernier au Théâtre Marni à Bruxelles. Face à une salle plus que bien remplie le groupe y a donné ce qui est à mes yeux son tout meilleur concert.
Bertier c’est avant tout Pierre Dungen, auteur et frontman, et Lara Herbinia, poseuse de voix ( et quelle voix !) et femme d’images talentueuses. A eux deux, ils forment Bertier, un collectif qui a sorti son premier album Dandy il y a presque dix ans déjà, en 2015. Ont suivi trois autres albums, Anna & Roby en 2017 puis Feu.e en 2020. et aujourd’hui Machine Ronde qu’on peut sans exagérer qualifier d’album parfait tant tous les titres sans exception sont des pépites.
Après s’être un peu cherché pendant toutes ses années, Bertier a enfin trouvé son image propre, une image résolument rock qui habille des textes ciselés et poétiques, des arrangements monstrueux et un line up en live qui déchire sa race. Si certains avaient encore un doute quand à la filiation de Bertier avec la scène rock indépendante en français, qu’ils se ravisent, cette fois il n’y a plus aucun doute possible, l’album fait la part belle aux guitares, et le band pète le feu sur scène comme le public présent a pu le constater ce soir là.
Mais revenons en à la soirée au Théâtre Marni.
Les festivités commencent par une première partie constituée par la projection d’un film moyen métrage réalisé par Lucas Racasse, créateur d’images français basé à Bruxelles, un petit génie de l’image, illustrateur, graphiste, vidéaste, directeur artistique, qui nous abreuve depuis 30 ans de ses délires visuels.
Le film projeté ce soir, totalement inspiré par Machine Ronde et l’univers de Bertier est un vrai choc visuel qui nous a scotché sur nos fauteuils d’un bout à l’autre de la projection. Un travail formidable qui servira bien sûr de carte de visite au groupe pour faire découvrir son album et son univers.
Le temps de replier l’écran de cinéma et pour certains de se dégourdir un peu les jambes, que voici les musiciens de Bertier qui prennent place sur scène.
Le band est constitué de la section rythmique composée de Michel Seba à la batterie et Bernard » Bilou » Doneux à la basse, et de Geoffrey Hautvas à la guitare solo et Yvan Rother à la guitare (principalement) acoustique
Quelques instants plus tard alors que les musiciens lancent l’intro du premier titre Machine Ronde, Lara Herbinia fait son apparition sur scène, suivie quelques instants plus tard par Pierre Dungen vêtu d’un blouson de cuir noir, celui là même qu’il porte dans le film de Lucas Racasse projeté en ouverture. C’est clair Bertier désormais soigne son look et c’est tant mieux.
Dès ce premier titre, on remarque que le son est excellent, puissant et clair.
Fais démarrer chante Pierre dans ce titre qu’aurait pu chanter en son temps Jean-Patrick Capdevielle.
Bertier c’est une intelligence des textes portée par des mélodies pop-rock, un apaisement ponctuel suivi l’instant d’après par une rage contenue (ou pas), frénétique et salutaire.
Petit retour dans le passé avec l’excellent Elle a des envies, suivi par un de mes titres préférés du dernier album Qui Vive, livré dans une version plus qu’enlevée où Geoffrey Hautvas lâche les chiens ; sa guitare tranche l’air et hurle par moment des notes épileptiques qui transportent l’auditeur. Bluffant !
Place ensuite à un slow comme l’annonce Pierre Dungen, et il annonce Aime moi, magnifique titre qui au fil des écoutes nous révèle toutes ses jolies facettes.
Le band repart ensuite de plus belle avec En découdre, magnifique titre où la poésie des textes de Pierre, qui comme à chaque fois donne tout sur scène, éclate de belle manière tandis qu’en fond de scène depuis le début du concert une image de la terre qui tourne lentement sur elle-même occupe l’écran géant.
Machine Ronde !
Suivent alors, Gaia, La Poussière, Osmose puis un Baby Relax sulfureux en diable où les guitares s’enflamment et la voix de Lara atteint des hautes sphères. C’est vraiment le genre de titre qui se vrille dans votre esprit pour ne plus le quitter des jours durant, et je parle d’expérience !
C’est Demande à John, le premier single sorti en éclaireur à l’album Machine Ronde qui clôture le set de bien belle manière.
Le public en demande plus, et les musiciens reviennent sur les planches flanqués d’un invité de marque le grand Yan Pechin venu spécialement de Paris pour la circonstance, lui qui rappelons le a écrit la musique de l’album Machine Ronde, et qui fut guitariste de Bashung, Thiéfaine, et Higelin entre autres. La liste est trop longue pour citer toutes ses collaborations.
C’est Yan Pechin d’ailleurs qui à la guitare acoustique (acoustique est tout relatif avec le magicien des sons qu’est Pechin) lance le prochain titre, Mona Lisa Klaxon une reprise du regretté Jacques Higelin.
Lara qui les rejoint sur scène prend le lead vocal et on va alors assister au point d’orgue du concert avec une version totalement dingue qui mettra tout le monde à genoux.
Pierre la rejoint en cours de titre, reprend les vocaux à son compte, et la totalité du band envoie du lourd, je dirais même du très très lourd.
Si Higelin était encore des nôtres je suis certain qu’il aurait applaudi à tout rompre.
Et d’ailleurs le public ne s’y trompe pas et offre une superbe ovation au groupe. C’est à mon sens la première fois que Bertier se fend d’une reprise et franchement après ce qu’on a entendu, on espère bien que ça ne sera pas la dernière.
Après un tel choc il fallait un peu retomber sur terre, et c’est avec Un garçon sauvage, ce titre qui lui va comme un gant, que Pierre Dungen et le groupe prennent congé de leur public qui les ovationnent longuement.
Un seul mot me vient à l’esprit : Bravo !
Moi qui ai pu voir Bertier en concert depuis leurs débuts, j’ai vécu ce soir le meilleur concert de l’histoire du groupe, un moment suspendu d’une formation qui n’a plus rien à envier aux meilleurs du genre.
Leur dernier album est rock, leurs concerts sont rock, il est grand temps que le public amateur de rock les découvre enfin et vienne les voir en concert sous peine de passer à côté d’un groupe qui a tout pour lui plaire
Croyez moi, vous ne regretterez pas le voyage !
Jean-Pierre Vanderlinden / Photos Fabian Braeckman
L’album de Bertier, Machine Ronde est disponible à l’achat en vinyle limité et téléchargement sur Amazon.Fr et sur le bandcamp du groupe.
Bertier qui se fait rare en concert (raison de plus pour ne pas les rater) sera en concert prochainement au Salon à Silly, et sans doute à la Ferme du Biereau à Ottignies- Louvain la Neuve. D’autres dates suivront.
Restez informés de son actualité sur les pages du groupe, sur les réseaux sociaux, et sur son site officiel http://bertiermusique.com/