Le Grimoire d’Arkandias, pas si magique que ça

Vu en avant-première au Festival International de Film Francophone de Namur 2014

Ne nous mentons pas, j’attendais cette adaptation de la fantastique trilogie d’Éric Boisset, un an ou deux avant qu’un magicien célèbre de Poudlard ne fasse des émules (Harry Potter, pointé dans le film par quelques clins d’œil, musicaux notamment). Une lecture palpitante qui me laisse encore aujourd’hui de charmants souvenirs d’un âge où je pensais qu’un jour j’aurais une baguette magique pour affronter le monde si peu emballant des adultes. Le temps a passé, j’ai pris la plume (ou le clavier qui l’a remplacée, et c’est peut-être là l’unique part de magie, désenchanteuse pour le coup). Soit, tout ça pour rappeler que ça fait une dizaine d’année que cette adaptation est en chantier, initialement prévue pour être réalisée par le variable Jean-Marie Poiré (qui nous a fait hurler de rire avec Les Visiteurs, Le père noël est une ordure et pleurer de dépit avec sa dernière « création » Ma femme s’appelle Maurice…). Au final, c’est Alexandre Castagnetti (un des membres de La chanson du dimanche et réalisateur d’Amour et Turbulences) et Julien Simonet (scénariste, dont c’est la première réalisation). Et, aidé (ou pas toujours d’ailleurs) par un casting de renom, ils s’en sont plus ou moins bien sortis.

Le grimoire d'Arkandias

Le Grimoire d’Arkandias, c’est l’histoire de Théo (Ryan Brodie), élevé par sa mère, depuis la mort de son père dans un accident de plongée, il est la risée du collège: intello, gringalet, rat de bibliothèque. Heureusement, il peut compter sur le soutien indéfectible de son ami (et goinfre à n’importe quelle heure du jour) Bonav'(Timothée Coetsier). Lors de ses errances à la bibliothèque et alors que sa curiosité débordante l’enjoint de se glisser dans une pièce interdite, Théo trouve le Grimoire d’Arkandias. Dès lors sa vie change, le bouquin centenaire renferme des formules magiques, dont celle permettant de créer une bague d’invisibilité. Laura (Pauline Brisy), peste notoire, se joint au duo et la bague est confectionné. Pas de chance, suite à une confrontation avec un trio de fausse-sorcière, Théo reste coincé dans l’invisibilité. Pire, Arkandias (Christian Clavier) cherche à récupérer son bien. Et ce n’est que le début des ennuis pour le trio d’amis. 

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Si je m’attendais à mieux (sans doute est-ce le prix d’une attente trop longue de près de dix ans), je dois avouer qu’on aurait pu s’attendre à vachement pire: le film est un agréable divertissement, peu exempt de défauts, mais respectant plutôt bien l’univers d’Éric Boisset. Et là où se pose la principale difficulté quand on réalise un film pour et avec des enfants, à savoir la direction de ceux-ci, l’exercice est amplement réussi. Ryan Brodie (peu vu à l’écran jusqu’ici), Pauline Brisy (vue dans l’excellent court Babysitting Story) et Timothée Coetsier (dont c’est le premier rôle, repéré grâce à un casting sauvage) – cocorico! ils sont tous les trois belges – sont très convaincant dans leur rôle. Plus que certains acteurs confirmés

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Car si Christian Clavier se montre plutôt sobre (un exploit quand on sait sa propension à en faire des tonnes), c’est du trio de méchantes, pourtant actrices ultra-confirmées) que vient le problème: ni Armelle, ni Anémone, et encore moins Isabelle Nanty (qui racontent pourtant sur Allociné « s’être inspirée d’acteurs comme Christopher Walken et Jack Nicholson pour adopter le « vocabulaire du méchant » pour ce film. Mais ce n’est pas tout, puisque pour interpréter ce rôle de « chiffonnière », elle a pioché dans ses cauchemars d’enfance, pour être la plus juste possible dans son jeu« ) ne tirent leur épingle du jeu. Pire, elles s’enfoncent, et emportent le film avec eux. À elles seules, elles échappent à la ligne de conduite du film, comme si elles jouaient dans un film tout autre, caricatural et potache. Problème de ton, problème de justesse, elles cabotinent et livrent une prestation désastreuse.

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D’autant plus dommage que les effets spéciaux (le plus souvent par trucages à l’ancienne) sont extrêmement bien réussis, qu’on rigole de bon cœur du début à la fin et que l’histoire ne souffre d’aucune longueur. Au final reste le goût amer du manque de magie et d’un film qui, perfectionné, aurait pu rendre encore mieux. Remarque, les enfants, puisque c’est à eux que s’adresse principalement ce film, n’y verront sans doute que du feu. En cas de succès au box-office, deux autres films pourraient voir le jour afin d’adapter l’intégralité de la trilogie.

2,5/5

Le grimoire d’Arkandias d’Alexandre Castagnetti et Julien Simonet, avec Ryan Brodie, Timothée Coetsier, Pauline Brisy, Christian Clavier et multitudes d’acteurs connus 

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