Un des concerts les plus attendus de cette édition 2024 des Nuits Botanique était indubitablement celui des Cranes. Avec un style situé entre shoegaze et dreampop, l’idée de revoir après une longue pause (13 ans que le groupe n’avait plus foulé le sol belge) le groupe post-punk sur scène mené par le duo frère et sœur Jim Shaw, multi-instrumentiste, et Alison Shaw, chanteuse et bassiste, était plus qu’excitante et fortement prometteuse.
Le groupe formé en 1989 à Portsmouth a connu son sommet de popularité au début des 90’s lorsque Robert Smith de The Cure les a pris sous son aile protectrice et les a choisi comme support act de sa tournée Wish en 1992.
L’atout principal de leur son est ce mélange entre une musique assez expérimentale et parfois brutale qui se mêle à la voix enfantine et fragile d’Alison.
La dernière fois que j’ai pu voir les Cranes sur scène date du 10 octobre 1993 au Vooruit de Gand, après les avoir découvert en première partie de The Cure le 3 octobre 1992 au Flanders Expo. Du concert de 1993 à Gand, je garde le souvenir d’un fameux set au son plus que puissant.
Il s’est donc écoulé plus de trente ans entre la dernière rencontre live que j’ai pu vivre avec le groupe et le concert que le band va donner ce soir devant une Orangerie pleine à craquer. Difficile d’ailleurs pour les photographes pros de se frayer un chemin jusqu’en bord de scène pour immortaliser l’événement tant la foule est compacte, mais finalement le nôtre s’en est bien tiré.
Mais venons en à l’entrée sur scène des Cranes, follement ovationnés comme il se doit par une salle toute acquise à leur cause.
Dès les premiers accords de Cloudless le ton est donné, les Cranes sont bien de retour.
Le son est un peu brouillon en bord de scène et la voix d’Alison se perd quelque peu dans le son des guitares, mais rapidement les choses vont s’améliorer. Quand au light show, qui est souvent le point faible à l’Orangerie, il est ce qu’il est, faisant la part belle au rouge et au bleu qui ne sont pas les couleurs les plus heureuses pour éclairer une scène et encore moins pour photographier un groupe en live.
Le set est lancé avec Rêverie, suivi de Dada 331, Pale Blue Sky, Everywhere, Loved, Golden, Clear, Jewel, Far away et Adrift.
Hormis un petit incident technique qui implique Jim à la batterie dont le sens de l’humour fait merveille pour détendre l’atmosphère, et quelques petites hésitations d’Alison pour démarrer un titre – c’est la première date de la tournée 2024 et il est normal qu’il y ait encore quelques petites approximations – dans l’ensemble le concert tient toutes ses promesses, et Ben Baxter et Paul Smith plantés aux deux extrémités de la scène font le job.
En rappel le band nous propose Fuse tiré de leur premier opus qui vient d’ailleurs d’être réédité en vinyle (vendu à leurs concerts et en ligne) suivi de Lilies.
Le public se lâche de plus en plus et le groupe atteint également son top niveau.
Les Cranes rajoutent, Inescapable, Sixth of May, Starblood, et reviennent une deuxième fois on stage jouer EG Shining, pour le plus grand bonheur des fans.
Dans la salle les sourires fleurissent sur les visages, il n’y en a pas un pour regretter d’avoir fait le déplacement.
Ce concert des Cranes restera incontestablement un des points d’orgue des Nuits Botanique 2024, et bravo aux organisateurs d’avoir pu épingler le groupe pour une date bruxelloise qui aurait pu incontestablement se dérouler dans une salle d’une plus grande capacité, la demande ayant été bien plus importante que la capacité maximale de l’Orangerie.
En tout cas, ceux qui ont eu la chance de vivre de concert, ne sont pas prêts de l’oublier.
Pour les autres il faudra attendre un prochain retour du groupe chez nous, ou tenter de se rabattre sur les quelques dates anglaises du mois de mai. Les voyages forment la jeunesse non?
Jean-Pierre Vanderlinden / photos Fabian Braeckman