« Oublier » à La Comédie Claude Volter, un très beau moment de théâtre, parfois éprouvant, qui explose littéralement à la face des spectateurs

C’est mardi dernier qu’avait lieu à La Comédie Royale Claude Volter, la première de la pièce « Oublier » de Marie Laberge dans une mise en scène de Michel de Warzée .

Quatre sœurs reviennent dans la maison maternelle par un soir de tempête de neige. Elles ne se sont pas vues depuis des années. Leur mère est arrivée au stade critique de la maladie d’Alzheimer. Les vieux griefs ressurgissent et la mémoire n’est pas toujours douce. (source Comédie Royale Claude Volter)

(c) Comédie Claude Volter

Oublier est une pièce âpre, dérangeante, bouleversante, pas du tout le genre de pièce que l’on vient voir pour sourire ou se changer les idées, ici le plaisir est ailleurs. Dans un beau décor signé Serge Daems, on est plongé dans un drame familial poignant, parfois irrévérencieux, qui met le spectateur devant des faits de vie qui le bousculent et le font réfléchir.

Le thème qui est celui de la fin de vie n’est en soi pas vraiment le corps de la pièce qui nous décrit plutôt les difficultés qu’ont certains êtres à être vivants, et heureux. On est face à un théâtre intelligent et dénonciateur, basé sur un sujet très lourd certes, mais qui nous remue l’âme.

Marie Laberge a produit une pièce bien construite dont les personnages sont parfois un peu caricaturaux, mais cette adaptation de Jacques De Decker dans un français européen ( la pièce est québécoise à l’origine) est efficace et bien écrite, même si assez académique.

« La seule gloire est de survivre en essayant de rester humain… »

(extrait de Oublier)

Ce genre de pièce au sujet lourd se doit d’être portée par des comédiens brillants, et ici c’est tout à fait le cas avec une distribution en tout point remarquable.

Les quatre soeurs sont jouées par Stéphanie Moriau (Joanne), Bernadette Mouzon (Jacqueline), Loriane Klupsch (Micheline), et Amélie Saye (Judith), toutes excellentes dans le naturel et l’intensité qui animent leurs personnages respectifs.

En assistant en spectateur à cette réunion de famille, jamais nous n’avons l’impression que les comédiennes jouent un rôle, on se croit dans la vraie vie, et en ça l’impact que la pièce a sur nous s’en trouve décuplé.

Simon Willame, moins présent à la scène et dont le personnage de Roger tend plutôt à détendre l’atmosphère parfois pesante de la situation s’en sort bien lui aussi.

Au cours de la pièce dont la première partie avant l’entracte aurait à mon sens pu éviter quelques longueurs, chaque comédienne a son moment de gloire théâtral avec des partitions et des monologues intenses qui leur permettent d’exprimer tout leur talent.

La palme revient néanmoins à Stéphanie Moriau qui nous émeut dans un monologue final extraordinaire et poignant, dont au tombé du rideau très proche elle ne sort pas indemne tant son implication dans l’interprétation est forte et éprouvante. Un très beau moment.

Même si son sujet pourrait rebuter certains à la lecture du synopsis, laissez tomber vos à priori et allez voir « Oublier » à La Comédie Claude Volter, c’est un très beau moment de théâtre dont la deuxième partie explose littéralement à la face du spectateur par son intensité.

Et ne vous y trompez pas, « Oublier  » n’est pas une pièce sur la maladie d’Alzheimer, c’est une pièce sur les souvenirs et les blessures. Une pièce humaine par excellence.

Jean-Pierre Vanderlinden

 

 « OUBLIER » de Marie Laberge

Du mardi 26 mars au dimanche 21 avril 2024

https://www.comedievolter.be/

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