Six ans que la reine française de la pop n’avait plus donné de nouvelles à son public, excepté son apparition dans le film Ghostland de Pascal Laugier. Et en neuf dates, du 7 au 22 juin, ce ne sont pas moins de 280 000 admirateurs qui fouleront l’esplanade de La Défense Arena dont la capacité a été réduite à 30 000 personnes au lieu de 40 000 en raison de l’importance de la production. Quand Mylène Farmer fait les choses, elle ne les fait pas à moitié…
Neuf dates, neuf grandes messes solennelles pour célébrer la belle histoire d’amour entre Mylène et son public, toujours présent à l’acclamer, et en reprendre le cours là où elle était restée six ans plus tôt. On avait vu la star quitter terre et disparaître en fumée lors de la fin du Timeless Tour, on la retrouve cette fois descendue du ciel sur un cercle lunaire métallique qui la dépose sur l’immense avancée qui fend la foule. Et le show peut commencer.
Dans un décor futuriste et une multitude d’écrans géants suspendus et mobiles, la star va nous emmener pour un voyage musical et visuel extraordinaire dans cette salle immense, la plus grande d’Europe paraît-il.
Pas moins de 420 tonnes de matériel sont suspendues au portage du bâtiment, pas étonnant donc que le spectacle ait été conçu pour une résidence. On imagine l’énorme logistique qui aurait dû être mise en place pour un spectacle itinérant que peu de salles d’ailleurs auraient pu accueillir. Cette fois, ce sont les fans qui viennent à elle, et c’est une manière aussi sans doute indirectement de rajouter une couche à l’importance de l’évènement.
Pour ce nouveau show, c’est à Olivier Schultheis que la chanteuse a confié la direction musicale et elle s’est entourée aussi d’un bataillon de seize danseurs et danseuses roux qui évoluent sur des chorégraphies originales de Parris Goebel et Aziz Baki.
C’est avec « Interstellaires » que Mylène Farmer ouvre le show et elle enchaîne avec « Sans Logique » qu’elle n’avait plus joué depuis longtemps et qui comble les fans. Puis, on a droit à « Rolling Stone », « Pourvu qu’elles soient douces », « Stolen Car », « Des Larmes », « California », « M’effondre », « L’Âme- Stram- Gram », « Un Jour ou l’Autre », « Ainsi soit Je », suivis d’une magnifique version toute en émotion d’ « Innamoramento » interprétée en piano-voix sur l’avancée, au centre de la salle. Durant le spectacle, Mylène change régulièrement de tenues, toutes signées Jean-Paul Gaultier. À 57 ans, elle est toujours sublime et sexy, et son charisme reste totalement intact.
« Sans Contrefaçon » et « Histoire de Fesses » mettent le feu à l’Arena, avant « Sentimentale » et « Désenchantée » interprétée du haut de trois scènes suspendues dont une se balade au dessus du public de la fosse. Mylène enchaîne ensuite avec « Rêver », puis « Je te rends ton amour » qu’elle interprète juchée sur un trône de fer à têtes de loup.
« Fuck Them All » clôture le set, enflamme l’immense scène et électrifie le public avec son rythme effréné, avant que la star ne quitte la scène une première fois. Tout au long du spectacle, les musiciens installés discrètement sur deux plateformes et parfois effacés par l’ampleur du show, ont fait, il faut le souligner, un boulot remarquable.
Mylène Farmer reviendra vêtue d’une somptueuse robe rouge sang pour un seul dernier titre, « L’Horloge » , chanson sur le temps qui passe et dont les paroles sont de Charles Baudelaire, et qui ouvrait les shows de sa toute première tournée. Faut il y voir un signe ? Seul l’avenir le dira.
Dans le public, les larmes d’émotion se mélangent aux sourires comblés, tandis que, dans un décor de flammes digne de l’Enfer de Dante, la chanteuse gravit les marches d’un immense escalier avant de disparaître sans un mot dans l’immense brasier.
La salle se rallume, tout est fini. Vingt titres impeccables, une scénographie exceptionnelle moins tape-à-l’oeil que lors de ses précédents shows et basée essentiellement sur les nouvelles technologies, la Reine n’a pas raté son retour et le peuple peut repartir en paix et comblé. Amen !
Jean-Pierre Vanderlinden