Située à la croisée des chemins entre la pop baroque, le classique avec une touche de gothique, la carrière artistique d’An Pierlé n’est pas facile à suivre. Depuis Mud Stories en 1999, la chanteuse gantoise explore divers courants artistiques autant avec son groupe White Velvet qu’avec ses reprises de titres en français comme «Il est 5 heures, Paris s’éveille» de Jacques Dutronc qui la fit connaître dans l’Hexagone, ainsi qu’au travers de son dernier opus « Arches » enregistré dans une église. L’artiste surprend, séduit ou déconcerte. Difficile de savoir à quoi s’attendre lorsqu’elle nous donne rendez vous dans des édifices religieux comme c’est le cas, ce mardi soir, dans le cadre prestigieux de l’église Notre Dame de Laeken et des Nuits Botanique.

On se dit qu’un concert épuré de la dame installée aux grandes orgues avec juste sa voix et la présence de ses 2 choristes aurait été magnifique de pureté et de gothisme. Pourtant, au final, on se retrouve face à An et à son groupe de quatre musiciens et choristes.
Alors, bien sûr, dans une église, l’acoustique est formidable, le cadre majestueux et la voix cristalline d’An Pierlé font le reste. Mais force est de constater qu’on a assisté ce soir à un spectacle pas toujours simple à aborder durant lequel les très nombreux instants sublimes ont fait oublier quelques longueurs.

C’est par des claquements de doigts, le son d’un orgue et un chant a capella que démarre le concert avec « I Feel For The Child». La voix pure d’An a quelque chose de presque mystique. C’est parti pour un spectacle durant lequel nous aurons droit à quelques inédits de «Cluster» qui forme la deuxième partie du diptyque démarré avec «Arches», et bien sûr à beaucoup d’extraits de ce même Arches comme «Vibra», «Certain Days» , ou «There is no Time» auxquels s’ajoutent bien d’autres titres comme «It’s Like Money» , «We Gravitate», «Huntifix» ou «Golden Dawn».

Autour d’An, on trouve l’organiste Karel De Wilde, son partenaire Koen Gisen (sax, guitare, percussions) et deux choristes . Chaque titre interprété invite à l’introspection, à une écoute quasi religieuse qui, au fil des titres, s’avère magnifique mais dont le relief parfois peu accidenté des compositions pourrait inviter le spectateur fatigué d’une journée de travail à sombrer dans une certaine torpeur. Et c’est justement au moment où le public (jusque-là comblé) semble décrocher un peu, que la chanteuse invite quelques spectateurs à monter sur scène et à prendre des poses extatiques et habitées afin de tourner un clip et de donner aux photographes l’occasion d’immortaliser la scène. Un amusant intermède fort apprécié par le public. Mention spéciale au lightshow adapté parfaitement à l’architecture et au choeur de l’église qu’il enveloppe tel un superbe écrin de lumières. Pointons aussi du doigt «Sovereign», «Bedroom Dust» et «Dragon JM» joué en fin de set et qui fut magnifique d’émotion .

C’est avec sa reprise très personnelle du «Such a Shame» de Talk Talk (un de ses groupes préférés parait-il…) qu’An Pierlé nous quitte de bien belle manière.

La sympathique gantoise a réussi son pari en nous offrant un concert différent dans un lieu magnifique et nous a emmené avec passion et élégance dans son univers mystique et mélancolique qu’il n’est pas toujours simple de pénétrer, mais qui si on y arrive, tient toutes ses promesses. Un très beau concert.
Texte et photos : Jean-Pierre vanderlinden aka JPROCK THE DARK FEATHER