Cent cinquante ans après sa naissance, l’inspiration d’HG Wells détonne toujours autant. La preuve, le cinéma n’a pas fini de s’en repaître et Glénat a profité de 2017 pour lancer une collection de six albums dédiée à l’un des maîtres tout-puissant de la science-fiction. Profitant d’avril, avec des auteurs comme des poissons dans l’eau dans cet univers longtemps fantasmé, Glénat a lancé sa deuxième vague. Avec la conclusion toujours spectaculaire de La guerre des mondes et la preuve qu’être un homme invisible c’est plus une tare qu’un privilège.
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La guerre des mondes n’aura pas lieu, les humains sont incapables de lutter

Chronique du tome 1 : La guerre des mondes adaptée en BD : les aliens reviennent et ce ne sont pas des petites frappes!
Les aliens ne sont jamais loin. Éradiquez-en un, il en reviendra dix. Et s’ils se sont fait parfois rares sur les grands écrans et dans les oeuvres culturelles, ça n’a jamais duré bien longtemps et ils n’ont jamais déguerpi de la culture et des croyances populaires. Et le thème est revenu en force ces derniers mois tant on ne compte plus les phénomènes extra-terrestres à l’écran, notamment, avec Premier Contact, Life, Stranger Things ou la très attendue suite d’Alien. Mais rien ne vaut, de temps en temps, une bonne vieille guerre des mondes. Après avoir dévasté l’Angleterre et mis en place l’invincible menace martienne, Dobbs et Cifuentes dressent le bilan de l’étendue des dégâts.

Et voilà notre personnage principal en mode Will Smith solitaire (dans I am a legend, autre adaptation d’un héros de la sf) à tenter de trouver, tant bien que mal, son chemin dans les campagnes anglaises à feu et à sang pendant que la guerre continue de faire rage dans les villes. Et toujours ces interrogations. Pourquoi ces envahisseurs sont-ils là ? Pourquoi en veulent-ils ainsi aux humains ? Les réponses viendront, en attendant, le trait trépidant de Vicente Cifuentes fait courir notre héros à la catastrophe.

Quelques images cauchemardesques, des aliens peu ragoutants et un scénario de Dobbs qui s’élève tout en restant fidèle aux écrits de H.G. Wells, il n’y a pas de doute à avoir, cette adaptation est rondement menée, palpitante, anxiogène, jusqu’au-boutiste et dont le final n’a pas changé d’un iota depuis Wells se révèle finalement nihiliste, provocateur, à contre-courant. Cette guerre des mondes – là, elle casse la baraque. Car si les martiens sont les grands méchants, les hommes n’ont finalement rien de héros, pauvres petites bêtes chétives devant un firmament qui recèlent bien des tourments.

Titre : La guerre des mondes
Tome : 2/2
D’après le roman de HG Wells
Scénario : Dobbs
Dessin : Vicente Cifuentes
Couleurs : Matteo Vattani (Page Facebook)
Genre : Science-fiction
Éditeur : Glénat
Collection : HG Wells
Nbre de pages : 56
Prix : 14,5€
Date de sortie: le 29/03/2017
Extraits :
L’homme invisible, un étranger avant tout

Résumé de l’éditeur : Un étranger décide de poser ses valises dans un hôtel situé dans le tranquille et petit village d’Ipen. Les habitants sont très vite perturbés par la venue de ce mystérieux scientifique qui cache sans arrêt son visage et préfère la solitude. Et lorsqu’ils découvrent que sous ses innombrables bandages se cache en réalité un homme invisible, ils prennent peur et décident de le chasser. Mais il reviendra pour se venger… Le paisible village ne va pas tarder à se retrouver hanté par un esprit rempli de haine.

Dans la bande des six albums, c’est la deuxième histoire de Wells adaptée en deux tomes. Et encore une fois, quelle histoire, de celles qui inspirent des auteurs pour des décennies. Un homme invisible, si l’être est insaisissable, l’idée est brillante. La preuve, elle a fait des jeunes, beaucoup de jeunes. Mais revenons à la base adaptée en BD par l’héritier Dobbs (oui, il est de tous les albums, et c’est une excellente chose) cette fois accompagné par le trop méconnu Christophe Regnault. Un dessinateur qui change de style comme de chemise pour coller au mieux à l’ouvrage auquel il s’attaque.

D’emblée, c’est une réussite. Sous la neige, léché par la flamme ou dans les expressions formidables qu’il donne à ses personnages, le trait de Christophe Renault est imparable, coïncidant avec Ipen, ce lieu sans âge, dont l’humanité semble avoir déserté pour le laisser coincer entre moyen-âge et modernité. Et puis, cet étranger. Car l’homme, qu’on imagine scientifique au vu des fioles et de la paperasse qu’il traîne dans son sillage, est un étranger, avant tout. Avant même d’être invisible. D’ailleurs, emmitouflé comme il est, avec ses attitudes un peu hautaines d’homme qui ne veut pas être dérangé, voilà déjà que le village se pose des questions et se laisse aller aux pires suspicions.

C’est la première fois dans la collection que les deux auteurs s’aventurent un peu plus loin que l’intrigue laissée par Wells pour favoriser le climat de tension de ce vase clos pendant une bonne partie de ce premier tome.

Ainsi, on pense au Rapport de Brodeck récemment adapté de façon grandiose par Larcenet d’après Claudel, puis, surtout, au parcours du combattant des migrants pour s’insérer dans nos sociétés qui sous des dehors démocratiques ont parfois du mal à tolérer la différence. Et dans cette ambiance westerneuse (pas de doute, Regnault a quelque chose de la maestria de Ralph Meyer sur Undertaker) sur les bords, Dobbs et Chris Regnault font place à l’action haletante sans pour autant en faire des tonnes.

Car l’impact et la classe du trait de Regnault suffisent. On était curieux de voir comme un bonhomme invisible pourrait être représenté en dessin, ça nous paraissait beaucoup plus complexe à rendre que dans un film, et on n’est pas déçus. Une double-page terrible et détonante vient finir de nous emballer, portée un peu plus haut par les couleurs du dessinateur associé à Andrea Meloni et du studio Arancia. Carton plein !

Titre : L’homme invisible
Tome : 1/2
D’après le roman de HG Wells
Scénario : Dobbs
Dessin : Chris Regnault
Couleurs : Chris Regnault, Andrea Meloni et Arancia Studio
Genre : Fantastique
Éditeur : Glénat
Collection : HG Wells
Nbre de pages : 56
Prix : 14,5€
Date de sortie: le 29/03/2017
Extraits (et bonus):
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