Les critiques de Julien #2: Guillotinez les Visiteurs, allez en Grèce ou su la planète Mars

Entre des Visiteurs qui auraient du garder leur premier titre, « La Terreur », deux autres suites attendues comme inattendues, un géant et un jeune génie, une once de belgitude en Wallonie comme en Flandre et un thriller soigné à l’argentine, Julien revient avec ses reviews et vous donne son avis. Il y en a pour tous les goûts. (Ps: Certaines critiques de la semaine passée sont encore valables cette semaine.)

Les visiteurs 3 - affiche« Les Visiteurs 3: la Révolution », de J.-M. Poiré (06/04):

Messire, mais quelle merdasse ! Attention, malaise général (notez qu’il y avait déjà des signes avant-coureurs) autour de ce « Visiteurs 3 », dix-huit ans après « Les Couloirs du Temps », et autant de temps pour nous sortir ça: c’est juste une arnaque inégale. Pourtant, rappelons-nous, « Les Bronzés 3 » avaient mis la barre très haute…

C’est simple, « Les Visiteurs 3: la Révolution » est un ratage complet. L’histoire, extrêmement bavarde (et pour rien), est au service d’une mise en scène qui pue la succession de scènes de théâtre non ressenties, où les acteurs ne font que crier sans cesse.

De plus, pas la moindre situation marrante, ni cocasse dans le film ! Et pour une comédie, c’est le summum ! Heureusement, Christian Clavier est fidèle à lui-même, au contraire du reste du casting, interprétant des personnages faux, inintéressants, et qui font donc office de pantins aux répliques trop bien senties, mais qui tombent à l’eau par leur ridicule. D’ailleurs, pauvre Jean Reno, maladroitement effacé par un rôle à dix répliques.

Ensuite, on pourrait encore citer ce montage totalement raté, qui sent le chiqué et le collage d’un élève de maternelle, ou encore le final expédié en moins de deux, qui laisse un goût amer dans la bouche, et un silence glacial dans la salle… Quelle traumatisante expérience ! Bref, passez votre chemin devant ce gâchis, et massacre ! « Okay » !?


 

El Clan

« El Clan », de P. Trapero (23/03):

Imaginez la famille parfaite, habitant au coin de rue, toute propre sur elle… Mais qui vous dit alors qu’elle ne camoufle pas un lourd secret (criminel) ?

« El Clan » s’inspire de « l’affaire Puccio » et se centre sur les quatre enlèvements les plus connus perpétrés par la célèbre famille criminelle Puccio à Buenos Aires, entre 1982 et 1985. Ces enlèvements, qui ont abouti sur l’assassinat des victimes malgré le paiement des rançons, ont été commis par un père de famille, Arquimedes Puccio (ancien des services de renseignements militaires), avec la complicité de « toute » sa famille…

Thriller captivant et choquant pour la réalité des faits, « El Clan » nous présente aussi la manipulation du fils aîné par son père, ainsi que ses tentatives échappatoires à son emprise. Le père, justement, joué avec beaucoup de froideur par l’acteur Guillermo Francella.

Fidèle aux faits, avec un tensiomètre en crescendo et son final explosif sur fond de règlement de compte démesuré, « En Clan » est un film véritablement flippant !


Kung Fu Panda 3 - Affiche

« Kung Fu Panda 3 », de J. Yuh et A. Carloni (23/03):

Po est de retour dans une troisième aventure, qui commence à sentir le roussi. Dans cette suite, il est notamment question de paternité, avec l’apparition du père biologique du célèbre panda « maître dragon », et d’un être maléfique prénommé Kai, bien décidé à absorber tous les pouvoirs des plus grands maîtres kung-fu de Chine.

« Kung Fu Panda 3 » est un spectacle visuel toujours aussi riche de couleurs et d’effets numériques particulièrement bien exécutés. Dommage cependant que l’humour est y moins accessible pour les plus petits, et l’histoire moins originale pour les grands.

En effet, on ressent trop cette facilité d’écriture… Ce « Kung Fu Panda 3 » est un épisode divertissant, davantage destiné aux garçons, mais qui n’apporte rien d’innovant.


Médecin de campagne - affiche

« Médecin de Campagne », de T. Lilti (23/03):

Nouvelle incursion réussie dans la réalisation pour Thomas Lilti, après le succès de « Hippocrate ». Véritable médecin généraliste à ses grandes heures, on ressent toute la sincérité de la démarche du réalisateur dans ce nouveau film.

Celui-ci raconte le quotidien d’un médecin (de campagne) qui ne vit que pour son travail, mais obligé de ralentir son activité pour le traitement d’une tumeur cérébrale. Mais sans le prévenir, son cancérologue lui envoie un médecin pour l’aider dans sa tâche, ce qu’il ne va pas apprécier, et qu’il n’est pas prêt d’accepter, à l’image de sa maladie.

Ces médecins sont interprétés par François Cluzet et Marianne Denicourt, qui forment un duo parfaitement équilibré et réaliste, tandis que les dialogues sonnent justes, surtout lorsqu’il est question de santé.

« Médecin de Campagne » est un récit de vie chaleureux, qui sent bon l’authenticité. Un film à la fois sympathique, et très professionnel.


Mariage à la grecque 2 - affiche

« Mariage à la Grecque 2 », de K. Jones (30/03):

Opa ! La famille Portokalos est de retour dans son intégralité, quatorze ans après l’original (excusez du peu), véritable carton en 2002, avec 370 millions de dollars de recette dans le monde, pour 5 millions de budget !

Co-produite par Tom Hanks et scénarisée par Nia Vardalos, cette comédie mettait de bonne humeur grâce au côté attendrissant et totalement envahissant de cette famille, à défaut de légèreté et d’originalité.

Et forcément, la question d’une suite s’est posée, non pas parce que la scénariste, actrice et productrice Nia Vardalos avait besoin d’argent, mais bien suite à sa maternité, prête alors à écrire un nouveau chapitre (mariage) autour de cette famille, « descendante de Alexandre Le Grand » !

Fidèle à l’esprit et bourré de clins d’œil au premier film, c’est avec un plaisir (très) coupable que l’on retrouve donc les Portokalos, qui n’ont pour l’occasion pas changé (et tant mieux) ! Mais bon, on est d’accord: cette comédie stéréotypée, complètement clichée, et sans histoire, n’a rien d’une réussite. Que du contraire.

Mais ceci dit, on rigole, on sourit, et on se laisse prendre une nouvelle fois au jeu de cette gentille guimauve, aux personnages toujours aussi bien trempés. Sympa, vous avez dit ?


Des nouvelles de la planete mars - affiche

« Des Nouvelles de la Planète Mars », de D. Moll (09/03):

Cette petite comédie, dans laquelle un père de famille naïf va voir sa vie profondément transformée suite à sa rencontre avec un nouveau collègue (Jérôme, psychotique, à la recherche du grand amour, et qu’il va héberger), vaut le coup d’œil pour son excellent duo d’acteurs principal: François Damiens, qui atteint son jeu le plus fin, et Vincent Macaigne, parfait dépressif psychotique. Ensemble, ils font de cet ovni un moment assez plaisant à regarder.

Un OVNI, oui, car « Des Nouvelles de la Planète Mars » est un film déluré, mais pas totalement comme il faut. Malheureusement, à vouloir trop en faire, l’histoire se disperse dans des péripéties un peu abracadabrantes, dont on se demande même parfois l’utilité, comme celle de certains de personnages… Mais alors, qu’advient-il du chihuahua ?


Plus fort que les bombes - affiche

« Plus Fort Que les Bombes », de J. Trier (02/03):

Rebaptisé en France sous le titre « Back Home » suite aux attentats de novembre 2015, ce drame a été présenté en sélection officielle au dernier Festival de Cannes.

Interprété avec beaucoup de retenue, « Plus Fort Que les Bombes » traite du deuil d’un père (Gabriel Byrne) et de ses deux fils (Jesse Eisenberg et Devin Druid), suite au décès de la mère (Isabelle Hupert), que l’on aperçoit ici sous forme de flash-back.  Une histoire qui en fait penser à bien d’autres, la mère ayant été en plus enterrée avec des secrets, pesant lourd aux bras de sa famille en deuil…

« Plus Fort Que les Bombes » est un film troublant, mais malheureusement beaucoup trop pudique dans son écriture pour libérer des émotions, tandis que la mise en scène sonne froid, et peu communicatrice.


Belgica - affiche

« Belgica », de F. Van Groeningen (02/03):

Et boom ! Après « La Merditude des Choses », et le multi-récompensé « Alabama Monroe » (« The Broken Circle Breakdown » en VO), le réalisateur belge Félix Van Groeningen était attendu au tournant. Pari réussi !

« Belgica » nous plonge dans un café du même nom tenu par Jo, revenant de loin dans la vie… Mais c’est sans compter sur la venue de son frère Franck, s’ennuyant dans la vie (malgré sa femme et leur enfant), et souhaitant travailler avec son frère dans le café. Très vite, le « Belgica » s’agrandira et deviendra un lieu très branché de Gand.

Véritable hymne à la fête mis en scène avec énergie et porté par une excellente bande-originale signée Soulwax, « Belgica » pose aussi beaucoup de questions sur la vie, tel que la réalisation des rêves, la paternité, la famille… D’ailleurs, comme on le sait, travailler en famille ne fait pas bon ménage. Car Van Groeningen filme aussi la descente aux enfers de ces deux frangins, sous l’effet de la drogue, et de l’irresponsabilité… Car oui, on peut s’amuser, mais il faut savoir être responsable ! C’est d’ailleurs là que l’on pourrait souligner le point faible du film.

En effet, dommage que les personnages s’enfoncent dans le sexe avec excès, et les lignes de drogues, plutôt que de se questionner sur ce qu’ils sont en train de faire. Ils le feront, mais peut-être un peu tard. Mais outre ce petit sec, le film fonctionne du tonnerre !

En remerciant aussi son duo d’acteurs renversant (Tom Vermeir et Stef Aerts), et une écriture soulevée et jamais bête, « Belgica » est décidément ce que la Belgique peut faire de mieux en guise de divertissement de qualité. Clins d’oeil aux souvenirs d’enfance du réalisateur (son père tenait un café à Gand devenu « Le Charlatan »), voilà un bon film rock’n roll ! Sur ce, on en reprendrait bien verre…


Quand on a 17 ans - affiche

« Quand On A 17 Ans », de A. Téchiné (30/03):

Baignant dans les mêmes eaux que son film « Les Roseaux sauvages » (1994), André Téchiné revient donc à un sujet qu’il affectionne particulièrement: l’adolescence. Et pour ce faire, il s’est entouré de la scénariste Céline Sciamma, réalisatrice du film « Bande de Filles » (2014), qui traitait lui aussi de l’adolescence et de la quête d’identité.

Dans « Quand On A 17 Ans », il est question de coming-out, puisque Damien tombe amoureux de Thomas, un jeune métis adopté, qui se trouve dans la même classe que lui, et dont il est le souffre-douleur. S’en suivra une situation délicate, où les deux jeunes hommes vont être amenés à cohabiter sous le même toit. Mais cette cohabitation contrainte va-t-elle freiner la violence entre Damien et Thomas, ou que du contraire ? Se cache-t-il quelque chose sous la violence qu’éprouve Thomas envers Damien ?

Voilà une histoire touchante, qui surfe sur un dénouement idéaliste, sans en être un. Bénéficiant de décors naturels de Haute-Garonne et de l’Ariège, et d’un trio d’acteurs formidables, « Quand On A 17 Ans » se regarde comme les saisons qui avancent, avec toutes leurs beautés. Tandis que Sandrine Kiberlain aligne les rôles justes et engagés, le suisse Kacey Mottet-Klein (vu récemment dans « Keeper ») prouve l’étendue de son (jeune) talent. Sans oublier la révélation Corentin Fila, au personnage écorché et subtil, qui n’ose affronter la réalité…

Les sentiments ont beau être incertains, mais sincères, « Quand On A 17 ans » est à l’image d’une première histoire d’amour, douloureuse (d’autant plus difficile qu’elle l’est lorsqu’elle concerne deux personnes du même sexe).

2 commentaires

  1. Franchement, j’ai envie de me faire mon propre avis sur les visiteurs mais je te crois que ça ne doit pas être aussi bien que le premier car déjà le 2… C’est très difficile de faire de bonnes suites, faut l’avouer. Le film « Quand on a 17 ans » doit vraiment être une belle histoire. Elle me fait penser au Secret de Brokeback Mountain avec Heath Ledger et Jake Gyllenhaal mais version pour Ado. En tout cas, ça a l’air triste. :/

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