Ça y est, enfin, Mad Max est de retour pour le meilleur et la furie. C’est un peu Max and Furious, d’ailleurs, le seul et l’unique. George Miller n’a peut-être jamais été aussi brillant que dans cette réinvention de son propre univers. Pour le coup, on vous en a fait deux critiques!

Critique d’Alexis Seny
Exit Mel Gibson, bonjour Tom Hardy qui, pour le coup, a bien trouvé ses marques même s’il est un peu effacé par le personnage de Furiosa (campée par une impeccable Charlize Theron). Car oui le film est dans l’air du temps, féministe, dans cette histoire de fuite de cinq femmes dont quatre sont les favorites et « poules aux oeufs d’or » de l’Immortan Joe dont le courroux risque bien de semer la mort et le sang sur les pistes désertiques de ce monde post-apocalyptique. D’autant que l’Immortan a rallié ses plus grands alliés, tuméfiés de pouvoir et de hargne. Et, bien sûr, Mad Max, lui-même esclave, rejoint le groupe de rebelles.
Ce nouveau film de Mad Max n’est pas vraiment un reboot, c’est une nouvelle interprétation, plus folle et plus inventive. Un opéra, une réelle symphonie d’action à du 1000 à l’heure orchestrée par un George Miller au sommet de son art et qui, à 70 ans, n’a rien perdu de sa maestria dès qu’il s’agit de mettre en scène son héros fétiche. J’avais lu, à la sortie de « Jusqu’en enfer » de Sam Raimi (qui avait pendant longtemps négligé l’horreur pour bâtir sa trilogie Spiderman), une critique qui disait: « Ne cherchez plus, papa est de retour« . Je ne dirai pas mieux pour ce George Miller revenu là où on ne l’attendait plus. Et avec quel brio! Mais laissons la parole à Gérald qui l’a aussi vu avec intérêt!
La critique de Gérald Sanzo
Max Rockatansky, ancien policier de la route dont la famille a été massacrée et qui erre aujourd’hui dans les vastes déserts d’un monde post-apocalyptique, est capturé par les war boys, l’armée du cruel Immortan Joe, qui garde la mainmise sur l’essence et l’eau. Alors que Furiosa trahit ce dernier en s’enfuyant avec ses mères porteuses, Max unit ses forces aux siennes pour échapper aux hordes barbares qui se lancent à leur poursuite…
Sorti 35 ans après le premier opus, ce Fury Road constitue non pas une suite mais bien un reboot de la saga. La différence n’apparaît pas nécessairement évidente car le film débute alors que Max est déjà seul et traumatisé. Ce qui permet de trancher est simplement le fait que, dans ses visions, Max revoie sa fille, âgée d’une dizaine d’années, alors que dans la saga originelle, son enfant meurt encore bébé. Il s’agit donc bien d’un reboot et du début d’une nouvelle trilogie prévue par George Miller (lequel a réalisé les quatre volets).
Le film s’ouvre sur une course-poursuite qui imprime un rythme effréné dès les premières secondes. Durant les deux heures à suivre, ce rythme ne va pratiquement jamais décélérer. On assiste à deux heures de course-poursuite, d’accidents, de bagarres et de meurtres en tous genres, à peine entrecoupés de quelques lignes de dialogues pour permettre au spectateur de savoir où il va. On ne peut donc pas louer un scénario élaboré (juste un aller-retour dans le désert) mais, après tout, ce n’est le cas d’aucun Mad Max. L’intérêt réside dans la violence (bien qu’omniprésente, elle heurte moins que celle du premier film), le rythme et la mise en scène grandiose de toute l’action. Les décors (les vastes déserts de Namibie) se révèlent d’une absolue magnificence à chaque plan et sont davantage mis en valeur par l’excellente 3D dont bénéficie l’ensemble du métrage.
Par sa structure narrative, le fait que Max pilote essentiellement un camion-citerne, qu’il vienne en aide à un groupe puis à une population, l’imagerie des différents véhicules et armes, Immortan Joe qui évoque Humungus …ce Fury Road rappelle surtout – et avec quel bonheur ! – le deuxième volet de la saga, sorti en 1982.
Sans aucun doute, Mad Max nous livre exactement ce qu’il promet (vitesse et action), se hissant au sommet des films du genre sortis ces dernières années. Ma seule réelle déception vient du personnage de Mad Max lui-même. Quoique bien joué par Tom Hardy, il semble moins écrit que Furiosa, voire certains personnages secondaires (Nux ou la vieille survivante qui préserve de petites plantes). De bout en bout, il n’est jamais qu’adjuvant de Furiosa (Charlize Theron), qui devient l’héroïne du film. Niveau texte, il n’en prononce pratiquement pas…
En revanche, le rôle est bien plus généreux en cascades que, aux dires de George Miller, les acteurs ont effectuées eux-mêmes. Une véritable prouesse physique pour toute l’équipe du film ! À noter aussi que Miller a évité autant que faire se peut les effets spéciaux CGI, privilégiant ainsi un tournage à l’ancienne, dans la continuité de la saga. Rien que pour cet aspect de la réalisation, Mad Max vaut déjà largement la peine d’être vu et soutenu.
Mad Max Fury Road, de George Miller, avec Tom Hardy, Charlize Theron. Distribué par Warner Bros., 2h, 2015.