Cameron Vale, un homme doué de télépathie et télékinésie, est recruté par le docteur Paul Ruth pour infiltrer et démanteler le réseau de scanners (télépathes comme lui) rassemblés autour d’un certain Revok, réputé le plus puissant d’entre eux…
Scénarisé par David Cronenberg lui-même, Scanners a tout à fait sa place dans l’oeuvre de cet auteur tant il en respecte les thèmes récurrents, à savoir les liens entre psychisme et corporéité (ce qui apparaît clairement à la fin lorsque l’on aborde la métempsycose), et bien sûr la conception du corps en tant qu’amas de chair que l’on peut modeler et remodeler à l’envi. Au départ, le personnage de Ruth (Patrick MacGoohan) définit les scanners comme des télépathes mais, dès la première scène d’action, où Cameron (un étrange croisement entre Mark Hamill et Nicolas Bedos) se défend contre trois ou quatre assassins armés de shotguns, on s’aperçoit que ceux-ci possèdent des pouvoirs plus étendus et peuvent influer sur la matière. Contrairement à ce que laisse présager le début, c’est bien l’aspect télékinétique qui intéressera le réalisateur. Au menu : des saignements, des malaises, des tuméfactions, et même une tête qui éclate ! (la séquence est devenue culte)
Tandis que les héros, Stephen Lack et Jennifer O’Neill, mettent les pieds dans une machination autour d’un médicament baptisé Ephemerol, les affrontements vont s’enchaîner et culminer jusqu’au duel final avec Revok (un Michael Ironside du meilleur cru).
A plusieurs égards, le film est un peu daté. Bien que l’interprétation soit convaincante, certains passages font aujourd’hui un peu kitsch, comme le moment où Cameron pénètre l’esprit d’un sbire en surjouant et en se tortillant comme dans certains clips pop-rock de l’époque. Niveau réalisation aussi le film a un peu vieilli : costumes, coupes de cheveux, quelques accords de synthé… En termes d’effets spéciaux aussi, même si cela tient encore bien la route. Je dois avouer que la tête qui explose demeure toujours impressionnante, de même que les effets du duel Cameron – Revok. Seuls passent moins bien les trucages sur les yeux. Concernant ce qui touche à la chair et au sang, cela fait encore bonne impression. Sous l’angle du travail sur les corps lors des duels et même par rapport à la thématique, le film m’a évoqué une autre oeuvre que j’avais beaucoup appréciée : Furie, de Brian De Palma (sorti en 1978, trois ans plus tôt).
Pour autant que vous appréciiez le travail de Cronenberg, je vous recommande ce Scanners, qui reste de lecture accessible, plus simple qu’un Videodrome et moins bizarre qu’un Chromosome 3, du moins à mon sens.
Scanners, de David Cronenberg, avec Stephen Lack, Jennifer O’Neill, Michael Ironside, Patrick McGoohan. 1h43. Distribué par Avco-Embassy Pictures. 1981.
Par Gérald Sanzo.