Après le suicide de Philippe, policier qui devait comparaître devant une juge d’instruction, son collègue Gérard (Alain Chabat) décide de reprendre son « cousin » (c’est-à-dire son indic, campé par Patrick Timsit) au lieu de le livrer à la juge…
Scénarisé par Michel Alexandre, ancien policier de la PJ de Paris, le film bénéficie d’un soin particulier apporté au réalisme et à l’aspect cru de la pratique des policiers et indicateurs, ce qui le rapproche d’un L. 627 de Bertrand Tavernier (auquel Michel Alexandre avait déjà collaboré cinq ans auparavant), voire d’un documentaire. En dépit de quelques invraisemblances, l’histoire dans son ensemble reste crédible. Les comédiens aussi, extrêmement sobres, au point que le film puisse par instants paraître quelque peu longuet. Seul Patrick Timsit explose de temps en temps, son personnage de Nounours étant particulièrement impulsif. L’absence de musique (hormis les standards des années 80 – 90 que l’on entend via diverses radios et télés, donc diégétiques) renforce encore le côté cru de la mise en scène et laisse les ambiances parisiennes accompagner toute l’action.
Alain Corneau n’en était pas à son coup d’essai puisqu’il avait signé, dans le même genre, Police Python 357 (que l’on pourra à bien des égards préférer à ce film-ci) et récidivait en nous offrant à nouveau un policier des plus sombre. Bien que le sujet de départ soit assez inhabituel (si les indics apparaissent dans bon nombre de polars, la relation qui les unit à la police est rarement développée), nous pourrons regretter qu’il bascule dans la seconde partie vers une importante affaire de stupéfiants dont les stups essaient d’appréhender les chefs. Cette partie du film se suit sans déplaisir mais n’offre rien de bien surprenant ou de palpitant. Les situations délicates dans lesquelles Nounours (Timsit) place Gérard (Chabat) face à sa hiérarchie (par exemple en fournissant des munitions à des braqueurs) apportaient bien plus d’intérêt que l’enquête sur la drogue, beaucoup plus classique.
Au final, un film cru et sobre à voir surtout pour sa première moitié, de loin plus intéressante que la seconde, et son aspect pratiquement documentaire.
Le cousin, film d’Alain Corneau, avec Alain Chabat, Patrick Timsit, Agnès Jaoui, Samuel Le Bihan. Durée : 1h52. Distribué par Les Films Alain Sarde et TF1 Films.
Par Gérald Sanzo.