Saint Laurent, saint ennui

Vu à Cannes

Le noir se fait et le biopic sur Yves Saint Laurent commence sous les applaudissements nourris du public. Nourris, mais pour peu de temps.

Avec Saint Laurent, Bertrand Bonello a pris le parti, différent du film de Lespert (dont on vous parlait ici), de suivre le couturier français sur une décennie (la fin des sixties et le début des seventies), sans doute la plus importante dans la vie d’Yves, entre vivier d’inspiration pour ses créations, instabilité personnelle et amoureuse, tout en grandiloquence. Le film se révèle ennuyeux. Là où il aurait pu être le passionnant portrait d’un homme de pouvoir (la mode ne dirigerait-elle pas un certain monde), il se vautre dans une prétention abjecte.

Saint-Laurent-de-Bertrand-Bonello-deja-pret-pour-le-festival-de-Cannes-2014_portrait_w532Malgré sa mise en scène soignée, protocolaire, d’une beauté exemplaire (on ne peut pas le retirer à Bertrand Bonello), l’histoire (laquelle ?) n’est rien d’autre qu’une succession de tableaux sans réelle narration entre eux. Ca brille, ça claque mais ça ne suffit pas à faire un film, ou alors un film nombriliste et prétentieux. Ce qu’est Saint Laurent, on dirait que le réalisateur Bertand Bonello s’est regardé filmer et s’en est félicité. Pour celui qui ne connaît rien à l’histoire d’Yves Saint Laurent, difficile de suivre le film, qui plus est ne recèle aucune performance d’acteur sinon celle peut-être des chiens (qui donne un brin d’éclat à la salle, hilare). Jérémie Renier sauve un peu la mise en campant Pierre Bergé, très à ses affaires; Louis Garrel aussi. Ne parlons pas de Léa Seydoux et Gaspard Ulliel en YSL, qui ne m’a pas séduit, loin s’en faut, sauf dans la voix impeccable dans les hésitations de Saint Laurent. Et même si le film a le mérite de ressusciter Helmut Berger, monstre sacré autrichien du cinéma italien perdu depuis longtemps dans les limbes du 7ème art.

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Bref, ça reste mauvais de chez mauvais et il n’y a pas de quoi péter les coutures (surtout que le film passe quand même à côté du couturier grandiose en préférant prôner son quotidien mélancolique, sa consommation extravagante de cigarettes et ses cocktails alcool-médocs. Et on se dit : « Mais quel con ! »). C’est vrai on est loin de l’hagiographie (aussi vrai qu’Yves n’était pas un Saint), mais ça n’en fait pas un chef-d’oeuvre, si ce n’est de l’ennui (2h30 pour ne pas dire grand chose). Et à Cannes, la grande débandade du public du balcon semblait suivre le même avis!

À noter que le film représentera la France aux prochains Oscars!

1,5/5

Saint Laurent, de Bertand Bonello, le 24 septembre en salle, avec Gaspard Ulliel, Jérémie Renier, Léa Seydoux, Louis Garrel.

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