La gazette du BIFFF : Ouverture du festival 2018, entre réalité cruelle et onirisme Ghostland interpelle et fascine !

Salut les accros du BIFFF ! Vous qui aimez frémir, trembler, vous agripper à votre siège, le coeur battant et les tempes en sueur tandis que l’hémoglobine coule à flot sur l’écran et que votre héroïne préférée se fait trucider par un psychopathe, ne ratez pas notre rendez-vous (quasi) quotidien de la gazette du BIFFF. Tout, vous saurez tout sur le 35e festival international du film fantastique de Bruxelles. Critiques de films, impressions, anecdotes, coups de coeur et déceptions, par ici m’sieurs dames suivez le guide !

© BIFFF

Rendez vous incontournable des mordus de fantastique, d’horreur, de thriller et de science-fiction, le BIFFF est de retour à Bozar avec une programmation plus qu’alléchante. Cette année, le festival propose un nombre record de 12 avant-premières mondiales, 13 avant-premières internationales et 9 avant-premières européennes. Ajoutons à ça 35 premières réalisations qui côtoieront des pointures telles que Ryuhei Kitamura, John Cameron Mitchell, Paco Plaza, Lloyd Kaufman, Xavier Gens, Kiyoshi Kurosawa, ou encore Kim Ki-duk.

Du côté des invités, des centaines d’acteurs et réalisateurs seront une nouvelle fois présents au BIFFF et y célébreront les films de genre. Parmi ceux-ci, vous pourrez croiser Julia Ducournau, Stéphanie Crayencour et Laurent Lucas dans le jury international, qui sera présidé cette année par Lloyd Kaufman. Et bien sûr la cerise sur le gâteau sera la présence de Guillermo del Toro qui vient tout juste de remporter quatre Oscars, dont ceux du Meilleur Film et du Meilleur Réalisateur pour The Shape of Water. Une masterclass lui sera consacrée le 11 avril à 20h30 au Ciné1, un évènement qui affiche d’ores et déjà complet. Alors, si vous n’avez pas pu décrocher votre sésame pour y assister vous pourrez toujours vous rabattre sur la projection de Cronos le lendemain au Ciné 2 à 14h en présence du maître qui viendra y recevoir son Corbeau d’Argent de 1994 en mains propres.

Mais revenons-en à cette première journée d’ouverture avec à l’affiche deux films : Marrowbone de Sergio G. Sanchez au ciné 2 et Ghostland de Pascal Laugier présenté en ouverture au ciné 1. Les horaires des deux films se chevauchant, et vu que je ne possède pas encore le don d’ubiquité, il m’a fallu faire un choix et celui-ci s’est porté sur Ghostland au Ciné 1.

© Ghostland

Pascal Laugier a explosé la scène mondiale il y a tout juste dix ans, lorsqu’il a dégainé son Martyrs, dont la violence implicite a marqué bien des esprits. Aujourd’hui il est de retour avec son nouveau film, un bijou scénaristique où les faux-semblants se succèdent au rythme effréné des jump scares. Et au casting, on retrouve Mylène Farmer, impeccable dans un rôle étonnant à mille lieux de son personnage de chanteuse que l’on connait.

SynopsisSuite au décès de sa tante, Colleen et ses deux filles héritent d’une maison perdue au fin fond de la campagne américaine. De l’extérieur, la bicoque en question pourrait aisément servir de lieu de tournage pour un 14e remake de Massacre à la Tronçonneuse. À l’intérieur, c’est pire : toute la déco sent la brocante redneck. Mais la petite famille n’aura pas trop le temps de râler sur le papier peint car, dès la première nuit, des brutes sanguinaires décident de s’inviter à la pendaison de crémaillère improvisée. L’assaut est d’une violence rare, les meubles volent en éclats et les coups pleuvent de partout. Mais l’instinct maternel de Colleen va très vite prendre le dessus, et la tigresse sortira ses griffes afin de sauver sa portée. Seize ans plus tard, si la famille a clairement été marquée au fer blanc par cette soirée cauchemardesque, tout est plus ou moins revenu dans l’ordre : la petite Beth est devenue un auteur fantastique à succès, tandis que Colleen habite toujours la même maison avec son autre fille : Vera. Et si cette dernière refuse de quitter le nid, c’est parce qu’elle souffre d’une paranoïa destructrice, revivant chaque soir ce traumatisme violent. Comme si rien n’était fini…

C’est dans une certaine confusion qu’a commencé la vision de Ghostland, entachée par une panne de son qui a obligé les organisateurs à rallumer la salle pendant une grosse demi-heure avant de reprendre le cours du film dans de meilleures conditions. Le public bon enfant a donc du prendre son mal en patience avant de pouvoir se replonger dans le nouveau film de Pascal Laugier. Mais le BIFFF reste le BIFFF et rien n’entache l’enthousiasme du public et des organisateurs et, au final, l’important c’est ce qui se passe sur l’écran blanc. Sur ce plan Ghostland, qui disons le tout de suite est du grand Laugier, m’a néanmoins laissé quelque peu perplexe, du moins après une première vision. Explications…

Le sujet est original, l’image de très haute qualité, l’interprétation sans failles et Pascal Laugier est hallucinant de maîtrise. Le réalisateur nous entraîne dans un labyrinthe où selon qu’on ouvre l’une ou l’autre porte pour y entrer tel ou tel segment sera vécu comme hallucination ou comme réalité. Son film est un vortex, une spirale sans fin, ce qui le rend génial mais parfois aussi difficile d’accès. Pascal Laugier nous plonge dans le psychisme de Beth (Emilia Jones-Crystal Reed), qui rêve de devenir le nouveau Lovecraft et qui s’inspirera de la dureté du réel pour y arriver. Beth restera captive de ses bourreaux et s’interrogera sur la femme qu’elle est ou aurait pu devenir : auteur à succès, mariée et mère de famille.

À la première vision du film, on se perd parfois dans ce dédale scénaristique, même si on salue la construction diabolique de l’histoire et qu’on peut se dire que le tour de force est réussi. Pourtant, une deuxième vision s’imposerait sans doute pour profiter totalement d’un film éprouvant mais inventif, où la réalité n’est pas toujours celle que l’on pense. Car après réflexion et explications du cinéaste, il semble bien que pour Laugier, l’ogre et la sorcière sont bien réels, et ce qui nous semble une réalité apaisée et normale à l’écran relève en réalité d’une approche onirique. Le contre-pied de ce qui se fait souvent dans le genre.

Alors, Ghostland, un grand film ? Assurément un film coup de poing parfaitement réalisé, et qui porte à réfléchir…

Jean-Pierre Vanderlinden

Note : 15/20

Genre:  Ghost movie, horreur

Première: Première Belge

Pays: Canada- France

Audience: ENA

Audio : Anglais

Sous-Titres : Français, Néerlandais

Réalisateur : Pascal Laugier

Cast : Anastasia Phillips, Crystal Reed, Emilia Jones, Mylène Farmer, Taylor Hickson

Distributeur Belga Films

Année 2017

Running time 91′

 

A très bientôt dans nos colonnes, pour une prochaine gazette du BIFFF !

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