Dans son anthologie des bourdes et autres curiosités de la chanson française, Alister nous raconte avec drôlerie cette variété qu’on a parfois honte d’aimer

« Quand la musique est bonne. Quand la musique donne. Quand la musique sonne, sonne, sonne. Quand elle ne triche pas. » chantait en 1981 l’encore très chevelu Jean-Jacques Goldman. Parce qu’il est lui même auteur-compositeur-interprète et totalement fan de bonne (et moins bonne) musique, le chanteur Alister, cofondateur de la revue Schnock et auteur de cette délicieuse anthologie, s’est depuis toujours intéressé au processus créatif d’une chanson. Son incroyable culture musicale lui a ainsi permis de relever d’innombrables bourdes et fautes de goût disséminées ici et là dans l’immense répertoire de la chanson française. Attention, son but n’est évidemment pas de se moquer de ses collègues artistes mais bien de prouver qu’il n’est pas si aisé de trouver les mots justes pour écrire un bon texte, pour écrire une bonne chanson. Pas si simple non plus de ne pas commettre d’erreur.

Prenez Cloclo et son célèbre tube « Cette année-là », l’année 1962 normalement. Normalement, parce que le chanteur survolté y parle bel et bien de Spoutnik, célèbre satellite russe pourtant envoyé dans l’espace en 1957… Les erreurs historiques sont légions. Les fautes de genre existent elles aussi. En effet, Laurent Voulzy, on dit bien UN planisphère et non UNE planisphère. Écoutez son « Coeur grenadine », ça fait un chouia mal aux oreilles même si ce sont plutôt celles de Souchon, le parolier, que l’on aurait envie de tirer.

Les fautes de goûts sont-elles aussi nombreuses dans la chanson française? Qu’elles soient présentes dans le titre lui-même (mais où Henri Salvador a-t-il bien pu dénicher le titre « Le zizi des zombies »?) ou carrément visibles sur la pochette du disque (on pourrait le croire mais non, dans Disque d’or, Carlos ne nous gratifie pas d’une reprise du « Gentil dauphin triste » de Gérard Lenorman).

Au cinéma il y a les problèmes de raccord, en littérature il y a les coquilles, en patinage artistique il y a les gamelles, en architecture il y a les portes qui donnent sur des murs. Et en chanson il y a l’erreur, l’aberration.

Dans l’un des nombreux chapitres du livre, Alister s’intéresse également aux chansons dont on cherche encore le sens de nombreuses années après leur sortie. Un exemple parmi tant d’autres? « Coup de folie » de Thierry Pastor. En voilà un énorme tube sur lequel les plus de 50 ans ont forcément dansé un soir en discothèque, fredonnant tout en se trémoussant des paroles sans véritable sens. Cela dit Thierry nous avait averti, sa chanson commence en effet par un « T’as rien compris ». Y a pas à dire. Nous étions donc bel et bien prévenus.

Si il est vrai que certains textes sont parfois très difficiles d’accès, voir carrément hermétiques, il y a aussi ces textes ou bouts de texte que l’auditeur s’approprie à défaut de les comprendre. Ce qu’Alister nomme des hallucinations collectives. Ainsi dans  » L’aventurier » célèbre tube indochinois, Nicola Sirkis parle bien de « l’escale dans l’opération Nadawieb » et non « d’une escalope et ration d’anawib ». Non, Frédéric François ne frôle pas l’indécence lorsque dans « Je t’aime à l’italienne » il chante « Dans mes rêves, j’ai des envies devant des tas », c’est bien « Dans mes rêves, j’ai des envie de vendetta » qu’il faut comprendre. Nous avons parfois l’esprit mal tourné, il est vrai.

Vous l’aurez compris, ce petit bouquin amusant et richement illustré s’adresse avant tout aux férus de variété française (La Belgique y est dignement représentée par l’incontournable Brel). Un seul bémol peut-être, le livre est trop court, bien trop court, mais on imagine bien qu’Alister à de la matière pour écrire plusieurs tomes.

On le souhaite ardemment.

Un bouquin a offrir accompagné d’un joli 33 tours, mais vérifiez quand même la pochette avant.

Titre : Anthologie des bourdes et autres curiosités de la chanson française

Auteur : Alister

Genre : Humour

Éditeur : La Tengo éditions

Nbr de pages : 146

Date de sortie : 12/11/2014

Prix : 19€

2 commentaires

  1. L’énorme culture musicale de l’auteur …? Pourtant l’oiseau moqueur passe pour un imbécile en voulant faire passer Labro et Halliday pour des idiots avec la chanson « Mon Amérique à moi » .
    Alister ignore tout de l’origine et de l’histoire du God Saves The Queen / King et tombe dans le panneau en écoutant l’introduction de la chanson du Taulier.
    Cherchez sur le web « America, My Country Tis Of Thee » vous éviterez ainsi le ridicule partagé il y a peu par Les Grosses Têtes de Ruquier qui cultive de plus en plus la toutologie.
    « Passer pour un idiot aux yeux d’un imbécile est un plaisir de fin gourmet. » – Courteline

  2. Personnellement, j’ai feuilleté ce livre. Pas très intéressant. Il y a beaucoup de chose qu’Astier n’a pas compris. C’est le problème avec les gens qui se croient plus intelligents que tout le monde et analysent les choses trop froidement ou qui sont trop terre à terre. Par exemple, quand Brel écrit dans « Ne me quitte pas » :
    « Il est, paraît-il
    Des terres brûlées
    Donnant plus de blé
    Qu’un meilleur avril »
    On n’est pas stupide ! On sait bien que la moisson, ce n’est pas au mois d’avril. Mais « avril » rime avec « il est, paraît-il ». C’est ce qu’on appelle la licence poétique. Alors oui c’est vrai que parfois il y a des rimes ridicules, mais là non ! Astier cherche vraiment à remplir du vide. Et des exemple stupides de ce genre dans son livre, il y en a trop. En plus, tous ceux qui écrivent souvent savent que sous le coup de l’émotion on fait souvent des fautes. Ce n’est pas si grave dans une chanson.

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