Les températures rafraîchissant à mesure que s’écoulent les jours, l’atmosphère se faisant plus crue, deux comportements s’observent dans la société. Ceux qui, de toute façon, aiment frissonner (Halloween frappant à notre porte, on leur en donnera, des sueurs froides) et les autres qui aiment le réconfort, la chaleur de la convivialité et de la relation fusionnelle (pas forcément amoureuse, hein). Pour eux aussi, on a quelques jolies choses. Tiens, et tant qu’à parler de réconfort, il va comme un gant à la couverture superbe d’Elma – Une vie d’ours d’Ingrid Chabbert et Léa Mazé. Dessus, les couleurs sont automnales, c’est de saison et ça réchauffe aussi bien qu’un bon feu de bois.
Résumé de l’éditeur : Elma est une gamine joyeuse et insouciante élevée par un ours qu’elle considère comme son papa. Mais l’ours cache un secret : Elma est en fait la fille de Frigga, la mage du royaume.
La richesse d’une forêt, les fougères, les grands arbres, les petites bêtes qui trifouillent la terre, les oiseaux qui font le guet. En une image, le pouvoir de sensibilité de Léa Mazé fait son oeuvre et nous met dans la condition de témoin privilégié. L’aventure nous tend les bras dans ce jardin extraordinaire qui compte bien des cachettes pour épier, dans le confort d’un tapis de feuilles mortes trouvant une seconde vie, le spectacle de la nature. On pourrait croire que ce bois touffu est vierge d’humanité mais on se trompe, il vit ici une drôle de petite fille, têtue et aventureuse : Elma.
Mais attention, Elma, derrière toi, il y a un gros ours bleu… certainement pas bien léché. File vite, Elma. Mais non, pas du tout, la complicité entre l’animal et la petite fille (a-t-elle seulement conscience qu’elle n’est pas ourse ?) est évidente. Le plus grand protégeant la plus petite. Et justement, n’est-ce pas la protéger que de l’emmener, par la main ou sur le dos, vers son destin? Sept années se sont écoulées, a lancé le loup comme un ultimatum bienveillant et papa ours doit, avec Elma, entamer un grand voyage énigmatique, initiatique.
Bien sûr, on pense au Livre de la Jungle, à Mowgli et Baloo ou à Tarzan et Kala, mais dans une superbe planche-charnière, on comprend que la menace pèse sur la petite et ce n’est pas Shere-Khan. Mais l’ours n’hiberne pas et est attentif autant que se faire se peut à repousser toutes les embûches. La réussite de cette mission tient à ça. Les deux auteures restent d’ailleurs concentrées sur le duo sans aller voir du côté des écureuils curieux… Ours et humaine s’accomplissent sous notre regard,dans le plus grand des mystères.
L’histoire, telle une légende indienne, d’Ingrid Chabbert rejoint impeccablement le graphisme de Léa Mazé, et ses couleurs vivantes (on sentirait presque le déluge qui accable le tandem nous tomber dessus) et lumineuses, quelque part entre les illustrations qu’on trouve dans les récits pour enfant et la pure BD. Après quarante pages, il faut déjà attendre la suite, au printemps 2019, on reste sur notre faim mais on patientera jusque-là. Puis, c’est bien d’apprendre la patience aux enfants à qui cette histoire tellement actuelle conviendra parfaitement avant un grand dodo. Et à qui cela donnera peut-être l’envie d’aller découvrir la nature de plus belle ! Un album luxuriant, émotionnel.
PS : si possible, n’allez pas voir le résumé sur le site de l’éditeur (qu’on a tronqué, ici) qui en raconte un peu trop.
Série : Elma – Une vie d’ours
Tome : 1
Scénario : Ingrid Chabbert
Dessin et couleurs: Léa Mazé
Genre : Aventure, Anthropomorphe, Fantastique, Initiatique, Jeunesse
Éditeur : Dargaud
Nbre de pages : 40
Prix : 10,95€
Date de sortie : le 07/09/2018
Extraits :
