Au poste! A priori, a posteriori, voire a fortiori

Avec Benoît Poelvoorde et Grégoire Ludig  au poste, Quentin Dupieux livre aux spectateurs un récit absurde et surréaliste qui confère ses lettres de noblesse au burlesque.

Au poste! raconte l’histoire du personnel d’un commissariat de police. Fugain (Grégoire Ludig) est le témoin -présumé coupable- d’un meurtre. Pendant toute une nuit, l’inspecteur Buron (Benoit Poelvoorde) mène l’interrogatoire du suspect. Plus le temps s’écoule, plus Fugain s’enlise dans une affaire surréaliste.

Au poste! plonge les spectateurs dans un univers abracadabrantesque. La dérision dans laquelle Quentin Dupieux (connu aussi dans le monde de la musique électronique sous le pseudonyme de Mr. Oizo) plonge son histoire est tout simplement délectable. Les troubles de langage, l’ironie et l’absurde sont illustrés et développés jusqu’à leurs zéniths. Ce long-métrage (qui est relativement court) laisse le public désorienté. Les gens rient sans forcément comprendre le fond de cette œuvre subversive. Ce film rappelle le cinéma de Bertrand Blier (Le bruit des glaçons, Les valseuses, Combien tu m’aimes), de Michel Gondry (Eternal Sunshine of the spotless mind, La science des rêves, L’Écume des jours) ou encore le film « Vive la crise » de Jean-François Davy.

Au poste! recèle aussi une pléiade d’acteurs dont les talents ne sont plus à vanter (Benoît Poelvoorde, Jacky Lambert [grand habitué de ce type de cinéma], Philippe Duquesne) mais cette œuvre permet aussi à d’autres artistes de sortir de leurs domaines de prédilections pour se lancer à cœur perdu sur les écrans de salles obscures.

Grégoire Ludig démontre, avec brio, que le succès de ses prestations caricaturales dans la série youtubeuse et télévisée Palmashow (série presque virale sur la toile tant elle fut partagée sur les réseaux sociaux) n’ont rien avoir avec un effet de mode. Cet acteur possède de véritables dons pour la comédie.

Marc Fraize, plus connu sous le nom de Monsieur Fraize (personnage récurrent de l’émission de Laurent Ruquier, On ne demande qu’à en rire), trouve un terrain de jeu qu’il exploite à la perfection. Le rôle lui colle à la peau. Cet humoriste, adepte du comique de situation, est à pleurer de rire dans cette 6e réalisation de Quentin Dupieux.

Quant au rappeur français Orelsan, qui s’est déjà plusieurs fois essayé au boulot d’acteur et de réalisateur (Bloqués et Comme c’est loin), campe parfaitement les traits, tirés à leurs paroxysmes, de l’adulescent. Il est peut-être même regrettable que son personnage ne soit pas plus développé.

Enfin, Anaïs Demoustier joue à la perfection la jeune fille ingénue (figure récurrente de l’humour décalé, à l’instar de Chantal Lauby du trio Les Nuls). Elle est cette bouffée de fraîcheur politiquement incorrecte dans l’ère du cinéma ultra-féministe nauséabond actuel (due à l’affaire Harvey Weinstein).

Cette comédie est un bijou au milieu du désert cinématographique de ce mois de Juillet. Néanmoins, signalons qu’Au poste! est loin d’être une comédie tout public. Il est en tout cas à parier que les passionnés de Blier, des Monty Python et de l’humour ultra décalé sauront apprécier à sa juste valeur cette oeuvre.

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2 commentaires

    1. L’affaire Harvey Weinstein fut un évènement tristement important. Il fallait que la vérité éclate pour qu’il y ai réparation. Suite à cette affaire, beaucoup d’autres horreurs furent mise en lumière. Mais, petit à petit, légitimité flirta avec arme de propagande pour les conflits de genres… Me too et Balance ton porc furent au départ des mouvements salvateurs mais ils finirent par dériver en un véritable fléaux. Tout devient sujet à réprobation pour mettre l’homme dans la position qui fut, malheureusement, celle des femmes au cours d’une grande partie de l’histoire de l’humanité. Le politiquement incorrect n’est plus acceptable quand le sujet est la femme. L’humour et les arts en sont les grands perdants. La femme est devenu la clé de tout film ou toute série. Le girl power est la règle d’or. La polémique cannoise avec le nombre de femmes sélectionnées est une belle preuve du climat régnant. Le féminisme, comme tout idéal porté de manière unilatéral, devient despotique et négationniste. Les moeurs évoluent (heureusement). Certes, il reste quelques hommes qui ont des comportements qui font trop souvent références aux instincts primaires. Mais l’égalitarisme est la seule solution à la situation actuelle.

      Il faut saluer Quentin Dupieux qui ose mettre en scène une Anais Demoustier en caricature de la femme ingénue.

      Je pense que mon avis ne répondra pas à vos attentes mais c’est le triste constat qui est ressorti d’une discussion avec des amis et des AMIES cinéphiles.

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