Vivez la fin de l’insouciance sous le bruit des bottes avec Elvire à la Comédie Claude Volter

Avec Elvire de Henry Bernstein, la Comédie Claude Volter nous propose une pièce grave dont le thème principal est intemporel et le contexte social et historique fait indirectement écho à l’actualité brûlante. D’hier à aujourd’hui.

Dans la présentation de la pièce on peut lire : Quand on n’a plus de pays, tout devient inconfortable. Pas d’identité, pas de passeport. Plus de racines. C’est quelque chose de difficile». Ces mots d’Elvire, aristocrate viennoise à qui les nazis ont tout pris, ont un parfum d’actualité pour tous les migrants d’aujourd’hui.

© Comédie Claude Volter

Au début de la pièce nous retrouvons le séduisant avocat parisien Jean Viroy – Jean- Claude Frison – porteur de l’ élégance et du charme qui habitaient les hommes d’avant guerre et qui fréquente sa maîtresse Claudine de Gaige – Natacha Amal – sur le point de divorcer d’un mari encore très amoureux d’elle.  André Cormagnin – Michel De Warzée -, journaliste brillant  et créateur du magazine  populaire Voir, est venu lui rendre visite. Mais voici qu’ arrive d’Autriche et recommandée par un confrère de Jean, Elvire Siersberg – Stephanie Moriau -, une charmante aristocrate viennoise à qui les nazis ont tout volé: son mari , son identité et son patrimoine. Nous sommes à Paris, en avril 1939 et la guerre se profile lentement. La fin de la belle vie insouciante est proche…

© Comédie Claude Volter

Avec cette comédie dramatique créée par la grande Elvire Popesco le 29 janvier 1940 au Théâtre des Ambassadeurs à Paris, Bernstein se pose en visionnaire d’une période de l’histoire dont chacun connait aujourd’hui la dramatique issue. Si la première partie de la pièce, qui tend à présenter les personnages et à tisser les liens entre eux, ronronne un peu avec quelques longueurs et peu de moments de bravoure pour les comédiens, la seconde partie, après l’entracte, s’avère somptueuse avec un duo Moriau-Frison absolument magistral. La scène dans la chambre d’Elvire est un grand moment de théâtre ! Stephanie Moriau est sidérante de charme et de sensibilité et campe une Elvire touchante, torturée et forte à la fois. Elle porte en grande partie la pièce sur ses épaules et son interprétation est mémorable.

© Comédie Claude Volter

Michel de Warzée dont le talent n’est plus à démontrer, amène quand à lui son personnage faussement cynique et néanmoins sensible à un degré de justesse impeccable. Quand à Natacha Amal, elle interprète le rôle un peu plus superficiel de la maîtresse de Jean avec une grande sobriété. Le rôle discret du valet de chambre est tenu par Sergio Zanforlin.

© Comédie Claude Volter

L’Anschluss a confirmé l’annexion de l’Autriche par l’Allemagne nazie et Elvire, l’exilée forcée, se débat dans une situation qui sous des dehors futiles se révèle intérieurement angoissante pour les aristocrates qu’ils sont. En celà les personnages de Bernstein sont finalement très attachants, évoluant comme des équilibristes entre fausse légèreté de vie et angoisse du bruit des bottes qui se fait de plus en plus tonitruant.

Elvire est une pièce qui fait réfléchir, et qui au final séduit le spectateur tout en douceur au fil des scènes. Assurément un spectacle théâtral hautement recommandable…

Jean-Pierre Vanderlinden

© Comédie Claude Volter

 Avec : Stéphanie MORIAU, Natacha AMAL , Jean-Claude FRISON, Michel de WARZEE & Sergio ZANFORLIN

Mise en scène : Michel WRIGHT

Décors : Serge DAEMS

Création lumières & Régie : Bruno SMIT 

Représentation du Mardi au Samedi à 20h15. Dimanche à 16h

Durée du spectacle : 2h30 entracte compris

Réservationshttp://www.comedievolter.be

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.