Un Batman par Marini, waow. À vrai dire, on a commencé à en rêver le jour où cette annonce est tombée tant on ne pensait pas qu’un jour, au-dessus de Gotham, planerait un grand M dessiné par la lumière d’un projecteur en détresse. Bien sûr, on voyait des dessins, des dédicaces défiler sur le mur de l’auteur décidément insatiable (et qu’est-ce qu’on l’aime ainsi) mais on pensait que c’était pour le fun, l’hommage pas pour le bluff et pour nous prendre de court. Car oui Marini a fait son Batman, on en attendait du coup énormément. Enrico a fait mieux que tout ce qu’on pouvait imaginer. Gotham’s calling, the dark prince (is) charming.
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Résumé de l’éditeur : Quel lien secret Batman et le Joker partagent-ils avec une jeune fille mystérieuse ? Kidnappée par le Joker, le Chevalier noir doit plonger dans les profondeurs de Gotham City et s’engager dans une course contre la montre pour la retrouver. Les enjeux sont importants, et pour Batman, c’est personnel !
Comme un gosse dans un magasin de jouet… voilà l’effet que fait cette incursion de Marini dans le monde (pas si loin du nôtre complètement fou) de l’homme chauve-souris. C’est vrai, Marini a pris son pied, époustouflant, et le plaisir du lecteur en sort décuplé. Comme un gamin, vraiment, qui oublie tout et plonge dans cette ville dantesque dans laquelle les héros qu’ils s’appellent Bruce, Selena, James ou… Enrico auront toujours et à jamais fort à faire.
Et c’est d’ailleurs par l’intermédiaire d’un enfant comme pierre angulaire que le papa du Scorpion ou de Marcus et Arminius va nous impliquer dans la pire des horreurs. Celle qui se matérialise quand quelqu’un de malintentionné ose toucher à un cheveu d’une de nos têtes blondes.
Et quand ce quelqu’un n’est nul autre que le Joker en question… et que cette petite fille semble être la fille illégitime d’un Bruce Wayne qui semble tomber des nues face à cette paternité insoupçonné, la tension psychologique a vite fait de s’y installer. Dieu que ce diable de Suisse sait s’y prendre, sans trémolo, tout en justesse, dans son histoire mais aussi dans la détente des corps qui se déploient tout au long de l’album.
Marini et Batman, c’est plus qu’une histoire d’amour, passionnée et passionnelle, c’est l’éloge de la beauté du geste dans ce décor tentaculaire, tenant moins du carton-pâte que du réalisme troublant.
Ce premier acte (sur deux prévus), c’est une prison psychologique, dans la droite lignée de ce qu’a pu faire un Miller avec The Dark Night. Désespéré , au bord du précipice. Batman est, en force, toujours supérieur à tout le monde (et c’est ce « pauvre » Killer Croc qui en fait les frais) pourtant dans le vacillement pétri par les déséquilibrés, le chevalier noir n’en mène pas large.
Pour le plus grand bonheur du Joker et de sa clique (tout un cirque) réunis pour fêter l’anniversaire d’une Harley Quinn complètement démente. Et là aussi, Marini prouve que s’il sait se placer du côté du héros, sa folie est intacte pour convoler avec les fous, par des bons mots et une expressivité radicale.
Le trip de Marini à Gotham, sur ce premier tome, c‘est à la fois du sur-mesure et du hors-norme, du vertige et de la voltige, un exercice réussi emmené à 200 à l’heure auquel on aimerait tant que l’helvète flamboyant, dans le deuxième acte de ce théâtre super-héroïque, amène un personnage (un méchant, par exemple? enfin cela dit l’auteur s’occupe déjà d’étoffer de manière très mignonne le merchandising du Joker!) rien qu’à lui ! Qui vivra verra.
Titre : Batman – The Dark Prince Charming
Tome : 1/2
Scénario, dessin et couleurs : Enrico Marini
Genre : Comics, Thriller, Action
Nbre de pages : 72
Prix : 14,99€
Date de sortie : le 01/12/2017 (le 03/12/2017 pour une édition collector et limité avec 12 pages de croquis en plus)
Extraits :
C’est un comic book qui a son potentiel de par les traits somptueux de Marini mais ce n’est pas l’histoire la plus originale que j’ai pu lire sur le chevalier noir.