Avec Pet Shop Boys en bouquet final, le rideau se baisse sur un BSF qui par sa diversité et son éclectisme réussit au fil des ans à se distinguer des autres festivals

Chaque année au mois d’août, le BSF prend ses quartiers entre la Place des Palais et l’Albertine. Au programme de l’édition 2017 quatre scènes : le Magic Mirrors place du Musée, La Madeleine rue Duquesnois, Le Mont des Arts et la grande scène de la Place des Palais. 

Bien sûr Branchés Culture était présent au Festival et se charge de vous faire (re)vivre les moments les plus intenses de l’évènement. Un choix de concerts subjectif , car mon photographe et moi-même ne pouvions être partout.

C’est parti pour le dernier focus sur le Brussels Summer Festival, amis lecteurs accrochez vos ceintures !

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Relâche en ce qui nous concerne pour le 11 aout, et pour le 12 c’est mon photographe Pierre Destrebecq qui se charge de ramener des images et de me faire part de ses impressions. C’est au Mont des Arts qu’il a choisi de déposer ses objectifs et de laisser traîner ses oreilles attentives.  Sur scène, en ouverture de soirée, c’est PALE GREY qui est de retour avec une salve de nouveaux titres mélangeant folk-pop légère, introspections mineures, expérimentations sonores et electronica. Le groupe se donne à fond et prend du plaisir. Seul petit bémol, le mélange de l’électro et de la batterie classique qui manquait un peu d’équilibre, mais dans l’ensemble, pas de quoi faire de l’ombre à un set assez convaincant.

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C’est maintenant au tour de BALIMURPHY de monter sur les planches. Avec sous les bras « Nos Voiles », leur quatrième album, Balimurphy navigue entre l’esprit folk de « Poussière » (2007) et la richesse mélodique de La Déroute » (2012). Les bruxellois étaient un peu dans leur jardin au BSF et tout le monde a fait la fête avec eux. Réjouissant !

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Côté Madeleine, Axel Tihon est en poste. C’est un retour très attendu qui s’offre à un public de nostalgiques mais aussi de découvreurs. Car le concert d’ALLEZ ALLEZ était très attendu et a offert tout ce que l’on pouvait en attendre. Trente-cinq ans après et avec seulement deux concerts en guise de tour de chauffe, le groupe (emmené par Marka, Kris Debusscher, Robbie Bindels, Roland Bindi et les petits nouveaux Kyoko et Marie Delsaux ainsi que Paul Curtis et Tom Dewat) n’ a rien perdu de son énergie et de son enthousiasme . Le public était bien présent et la salle était remplie tandis que BX1 captait l’ événement. Le bon funk belge était en bonne et due forme et le groupe a su se souvenir de ses origines punk quitte à se retrouver couchés au sol comme ils le faisaient. Pas rouillés pour un sou. Ils sont là pour s’amuser et ça se voit, les neuf ont prouvés que tout est encore possible quand on aime la musique et le public . Le public lui s’est amusé et à chanter ALLEZ ALLEZ dès les premières minutes comme à WERCHTER, le 4 juillet 82. ALLEZ ALLEZ, c’est pas fini et ça ne fait peut-être que (re)commencer.

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Le point d’orgue de la soirée c’est MILOW (tout seul , sans Tintin ! Oui je sais c’est nul… ) Notre Louvaniste international a rempli le Mont des Arts et nous a interprété ses succès de 2009 à ce jour en totale osmose avec son public. Il s’est adressé à l’audience principalement en français, s’excusant en flamand auprès des non-francophones. Soutenu par un excellent band et par son compagnon de route Tom Vanstiphout et de sa choriste anglaise Nina Babet, Milow nous a fait passer une excellente soirée pleine de rebonds et de bras en l’air dans la bonne humeur générale.

En rappel il  a offert deux chansons à son public dont une consacrée à son père décédé il y a quelques années et qu’il ne pouvait plus interpréter pour cette raison vu l’émotion qu’elle lui procurait.  Il l’a finalement rechanté ici pour la première fois, maintenant que la blessure s’est un peu cicatrisée. Un concert bourré d’énergie et d’émotion intense.

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Dimanche 13 août, je jette mon dévolu sur THE PIROUETTES qui ouvrent la soirée au Mont des Arts. Cet outsider de charme et de choc venu de France est un duo mixte formé de Vickie Chérie et Léo Bear Creek.

Pas étonnant qu’ Etienne Daho soit tombé raide dingue de leurs mélodies synthétiques qui rappellent un peu Lilicub , les débuts de Lio, Niagara ou Taxi GirlC’est frais, réjouissant, pop et fameusement efficace. Une excellente découverte à suivre de très près.

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Alors que précédemment BLACK BOX REVELATION, un peu perdu sur cette immense scène, avait mouillé ses t-shirts avec un set énergique mais inégal dont la reprise massacrée du  » Heart of Gold » de Neil Young a donné des sueurs froides à mon photographe préféré, c’est la  langue un peu pendante (ça monte vachement !) que je rejoins la Place des Palais juste à temps pour assister à l’arrivée sur scène des THE JESUS AND MARY CHAIN. Cette formation culte née en 1983 a mis du psychédélisme dans la new-wave avant de splitter à l’aube des années 2000. Réconciliés, les frères Jim et William Reid ont remis leurs lunettes noires pour dévoiler sur scène leur premier album en 19 ans, « Damage and Joy « . Comme à l’Ancienne Belgique lors de leur dernier passage, tout repose sur leurs excellentes compositions car le band n’est pas très communicatif ni souriant, mais il déploie une force tranquille qui a comblé ses fans venus en nombre.

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Retour au Mont des Arts pour LA FEMME qui a réussi à capturer toute son énergie live sur « Le Mystère« , un deuxième album qui a fait l’unanimité lors de sa sortie en septembre 2016, même si personnellement je lui préfère le premier. Du rock, de l’électro, de la pop, de l’humour et beaucoup d’amour envers un public qui le lui rend bien et qui s’éclate durant tout le set.

Quelques imperfections notamment au niveau des vocaux parfois un peu bleus toutefois. Mais tout le monde s’en fiche et il faut bien reconnaître que le groupe possède un solide potentiel. À lui maintenant de l’exploiter au mieux pour devenir encore plus populaire et performant dans les années à venir.

Pendant ce temps, Place des Palais PUGGY proposait une prestation magique accompagné par une chorale gospel. Ambiance festive et moments d’émotion, particulièrement lors des titres en solo acoustique. Le groupe a passé en revue la plupart de ses hits avec l’aide du public. Un très bon moment du festival.

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Lundi 14 aout. L’affiche promet et la promesse va être tenue. Tout d’abord avec l’excellente prestation du talentueux BENJAMIN SCHOOS programmé à 17h au Magic Mirrors qui malheureusement n’a pas fait le plein. On ne répétera jamais assez à quel point cet artiste est talentueux et son univers original, mélodique et envoûtant.

Clown triste, dandy classieux à la voix exceptionnelle capable de briller dans les graves et de vous émouvoir dans les aigus, Benjamin Schoos flanqué de l’excellent Chris Cerri aux claviers s’est montré une fois de plus convaincant. Avec des titres comme  » Le Cascadeur » ,  » Le Conducteur Fantôme »,  » Une Fille en Or »,  » Visiter la Lune » , « Profession Catcheur » ou l’émouvant  » Je Vois dans le Noir » dédié au regretté Marc Moulin, il a enfoncé le clou d’une carrière sans fausse note. Et une fois de plus, les absents ont eu tort…

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Apres Benjamin Schoos je me suis dit qu’une petite visite au Mont des Arts s’imposait histoire d’aller applaudir LAURA CROWE qui se produisait à 19h15 avec un band dans lequel on retrouve Olivier Delescaille, un des talentueux musiciens de Beautiful Badness. Et la surprise fut excellente car Laura Crowe a réellement progressé et semble avoir trouvé sa voie avec un style qui petit à petit s’est affirmé. Certains lui trouveront un air de famille avec London Grammar ou Florence & The Machines , d’autres plus anciens avec Maddy Prior la chanteuse du « Moonlight Shadow » de Mike Oldfield.

Très à l’aise sur scène, Laura a promené sa longue chevelure de feu d’un bout à l’autre de la scène du BSF devant un public très réceptif qui lui a réservé un formidable accueil. Gageons que les années à venir seront  déterminantes pour la carrière de la jolie Laura dont la voix un peu éthérée aux influences celtiques évidentes n’a pas fini de faire des ravages. Encore un très bon moment.

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Retour à la place des Palais pour un des groupes que j’attendais avec grande impatience, THE DIVINE COMEDY ! Pour marquer leur retour avec un nouvel  album intitulé « Foreverland », le premier depuis 6 ans et le onzième de leur discographie, Neil Hannon nous emmène dans son univers baroque où s’invitent pop classique et pop délurée avec des mélodies touchantes et efficaces.

L’homme est un petit génie d’auteur-compositeur-interprète, influencé grandement par David Bowie et Kate Bush, et qui n’a pas son pareil pour ciseler des chansons raffinées aux textes poétiques intelligents et parfois cyniques. Le concert fut en tous points excellent et constitua un des grands moments de cette édition du BSF 2017 !

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Pour terminer la soirée de cet avant-dernier jour de festival c’est FEIST qui succédait à The Divine Comedy et qui s’est produite devant une place des palais remplie de moitié. Discrète depuis son dernier album « Metals » sorti en 2011, Leslie Feist annonce son retour à l’avant-plan avec de nouvelles chansons et une poignée de dates internationales cet été, dont un passage obligé et exclusif au BSF, donc. Les fans ont sans doute été ravis mais personnellement l’univers de la canadienne me laisse de marbre et je n’ai donc pas assisté à son set qui malgré tout fut immortalisé par notre photographe resté en embuscade. Pas simple d’ailleurs de la photographier car le management refusait que l’on prenne des photos à moins de 75 mètres de la scène (à hauteur de la table de mixage),  pas de gros plans, etc. Et d’après notre roi du clic, la prestation de ce bonbon rose fut loin de faire l’unanimité. Sa tentative de parler dans la langue de Voltaire a déclenché l’hilarité du public qui, par ailleurs, n’a probablement rien compris de ce qu’elle disait, pas plus que les paroles de ses « chansons ». Un concert en demi-teinte, pour fans seulement.

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Mardi 15 aout , dernier jour du festival, Tout le monde attend les Pet Shop Boys qui clôtureront cette édition 2017. Mais avant ça, sur la Place des Palais, c’est une légende vivante qui prend ses marques devant un public encore clairsemé : ANDRE BRASSEUR ! L’artiste touche un nouveau public depuis la sortie de « Lost Gems From The Seventies » en 2016, un double album formidable aux titres intemporels. Auréolé d’un D6bels Music Award d’honneur, André Brasseur nous a invités à danser Place des Palais au son de son fidèle orgue Hammond et entouré d’un band de jeunes loups talentueux.

Tout au long de ce concert atypique mais délicieusement vintage, le public s’est fait de plus en plus nombreux pour finalement ovationner comme il se doit cet organiste mythique dont la carrière vaut réellement la peine d’être défrichée tant elle est riche et diversifiée. André Brasseur a régalé la Place des Palais au son de son hit mondial  » Early Bird » ou de  » Green Onions » le classique de Booker T. and the M.G.’s. Ce fut un régal et on en redemande !

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Changement de ton radical avec PIANO CLUB. Quand il ne s’affaire pas derrière les guitares rock de Hollywood Porn Stars, Anthony Sinatra rêve d’un monde en couleurs et de vignettes psychédéliques avec Piano Club, projet rétro-futuriste qu’il a ressuscité fin 2016 avec « Fantasy Walk ». On accroche ou pas à ce mélange improbable de styles. En ce qui me concerne, j’en ai profité pour souffler un peu et attendre que ça passe assis sur les pavés irréguliers qui jouxtent le palais royal. Car même si l’artiste est éminemment sympathique et qu’on voudrait l’aimer, le projet du sieur Sinatra a bien du mal à me faire décoller. Pourtant avec un nom pareil on s’attend plutôt à voler jusqu’à la lune, non?

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Il est près de 20h et  le public est venu nombreux pour le concert de GOLDFRAPP. Après quatre années d’absence Alison Goldfrapp est de retour avec son groupe et un septième album « Silver Eye » dont elle a joué ce soir les nouvelles chansons électro/pop en clôture de cette 16e édition du BSF. Possédant une voix à la tessiture exceptionnelle (5 octaves) dont elle use avec talent, et utilisant à propos la sensuelle tenue rouge sang dans laquelle elle se meut avec grâce, la chanteuse londonienne a fait le show et a comblé d’aise ses nombreux fans.

Car qu’on le veuille ou non et qu’on soit fan ou pas, il faut bien reconnaitre que sa musique electro pop est d’une redoutable efficacité.

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Goldfrapp a donc constitué un très bon hors d’oeuvre avant le plat de résistance : rien de moins que les PET SHOP BOYS. Le BSF voulait sa grosse tête d’affiche et il l’a eue avec le duo britannique, acceptant même la demande spéciale de la production du groupe de bénéficier de 80 minutes de break afin d’installer le matériel et le décor exceptionnel avec laser et tout le barnum. Depuis son premier single « West End Girls » enregistré en 1984, le duo formé de Neil Tennant et Chris Lowe n’a cessé de se réinventer. Pour cette nouvelle tournée mondiale baptisée « Super », les Pet Shop Boys ont conçu un spectacle total au cours duquel le groupe a durci le son le rendant plus actuel, et  joué ses nouvelles chansons ainsi que quelques hits enregistrés au cours de leur carrière exemplaire. Très sélectif sur le choix de ses dates, Pet Shop Boys avait choisi le BSF comme unique étape belge de cette tournée dont le coup d’envoi avait été donné aux Etats-Unis en octobre 2016.

Visuellement plus sombre que leurs shows précédents, le spectacle déconcerte un peu avant de convaincre avec des versions réarrangées de « West End Girls », « Sodome and Gomorrah Show », « It’s a Sin », « Go West » , « Left To My Own Devices », « Domino Dancing » et « Always on My Mind ». On aurait aimé plus de hits et une plus intense participation du public étonnamment calme à certains moments, mais dans l’ensemble ce fut un joli bouquet final à une édition qui aura draîné 115.000 spectateurs au centre de notre belle capitale. Rendez vous est d’ores et déjà pris en 2018 pour une nouvelle page de l’histoire du BSF, d’ici là restez bien « Branchés Culture  » !

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Texte : Jean-Pierre Vanderlinden aka JPROCK

Photos © Pierre Destrebecq et Jean-Pierre Vanderlinden

 

4 commentaires

  1. Hé bien moi j’adore Laura Crowe et son style de musique … Celtique vous avez dit ? et bien j’aime beaucoup et j’admire beaucoup les instruments de musique , alors bravo a Laura et a ses musiciens !!!

    1. Tout à fait ! Désolé pour cette inversion malencontreuse due vraisemblablement au rythme effréné des chroniques. Nous corrigeons de suite.

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