Après une entrée fracassante dans le paysage belge, sur la RTBF, la phénoménale série Zone Blanche débarque sur France 2, ce 10 avril. On l’a vue, on est resté sous le choc et sous le charme de ce polar atypique et surréaliste porté par un casting magique et une réalisation au rythme d’enfer. Et encore une fois, la présence de la forêt, qui peuple pas mal de chroniques depuis quelques mois (on vous fait une liste en fin d’articles si vous voulez), n’est pas étrangère aux drôles d’événements qui se multiplient dans le petit village isolé de Villefranche (on n’a pas pu s’empêcher de penser à Melvile), dans les Vosges.
On imagine déjà le dialogue dans votre fauteuil. « Encore une série, comme si le mardi, le mercredi, le jeudi, le vendredi, le samedi, et le dimanche (même pas abstinence) et leur cohorte de suites sans fin ne suffisait pas. En plus, bien souvent, il faut des plombes pour que la série devienne vraiment intéressante. C’est vrai, on ne peut pas vous donner tort, les exemples abondent dans ce sens (toc toc toc The Walking Dead). Mais il y a des exceptions. Et, pour preuve, on en veut le premier épisode de Zone Blanche. Dès les premières minutes, on est restés bouche bée.
L’ambiance tombait sous le sens et s’installait immédiatement, sans besoin de quatre chemins, et déjà, sans avoir le temps de réfléchir, on était dans le bain. Un bain avec des remous, pas un long fleuve tranquille, mais une cadence infernale dont on ne s’est toujours pas remis. Dès son premier opus, Zone Blanche nous happait, s’octroyant même le luxe de lancer et infirmer quelques fausses-pistes. En fait, cela va même plus loin, le script de Mathieu Misoffe (aidé par Florent Meyer et Antonin Martin-Hilbert sur quatre des huit actes de cette première saison qui en appelle bien d’autres) porté par les caméras de Thierry Poiraud et Julien Despaux, développait sur un épisode des éléments qui auraient pu tenir sur… une longue saison. Et la suite allait confirmer cette impression d’une série fournie, qui ne s’égare pas dans les bois qu’elle mystifie et ne succombe pas au charme d’un grand méchant loup consensuel. De la haute voltige scénaristique et télégénique.


Sous les yeux de cette forêt omniprésente, cette fine équipe solidement campée, la réalisation a le bon goût de la laisser se découvrir au gré des événements et du feu de l’action, évitant ainsi de s’égarer en psychologie. Et c’est ce qui permet à l’intrigue d’avancer tambour battant, sans se perdre en cours de route. D’autant plus qu’au-delà de la trame qui fait file rouge, chaque épisode va nous engouffrer dans une nouvelle enquête.
Alors, c’est bien d’avoir une gueule d’atmosphère mais c’est embêtant de n’avoir que ça. Trop de séries font valoir une ambiance saisissante englobant pourtant une histoire qui ne marque pas les esprits. Et c’est là que la série se révèle aussi percutante et intelligente, évitant de prendre le spectateur pour un pigeon en lui resservant la même soupe dans différents emballages (coucou les « Meurtres à… » et autres produits télévisuels bien faits mais manquant singulièrement d’originalité).
Ainsi, les artisans de Zone Blanche varient-ils les plaisirs, au fil des épisodes. Avec, tour à tour, un found footage, éco-thriller, vrai film de gangster, un autre d’épouvante bien glaçant et même un western final. Le tout soulevé par la musique au diapason de Thomas Couzinier et Frédéric Kooshmanian. C’est dans la variété que Zone Blanche trouve sa virtuosité, au-delà de ces airs de ne pas y toucher tantôt barrés et totalement burlesque et d’un jusqu’au-boutisme flamboyant. Alors, bien sûr, le final fait un pont d’or à une seconde saison (vacillant plus dans le fantastique ?) mais ça tombe bien, car on en redemande de ce grand cinéma, riche et impeccablement joué (un vrai réservoir à talents !), porté sur un petit écran francophone qui en a fini de rougir et d’envier son grand-frère.
En bonus, quelques lectures « boisées » qui prouvent que la forêt a fortement repris ses droits, ces derniers mois :
Romain Renard: « À Melvile, méfiez-vous de ce que vous voyez, tout n’est peut-être pas vrai! »
Nils, quand notre Terre et mère sera épuisée, qu’adviendra-t-il?
Holy Wood: Marilyn Monroe, petit oiseau croqué derrière le miroir aux alouettes
Green Inferno d’Eli Roth, quand la mort est un enfer vert!
Créateur et showrunner : Mathieu Misoffe
Réalisateurs : Thierry Poiraud et Julien Dispaux
Acteurs : Suliane Brahim, Hubert Delattre, Laurent Capelluto, Samuel Jouy, Renaud Rutten, Tiphaine Daviot, Camille Aguilar, Anne Suarez, Brigitte Sy, Thomas Doret, Olivier Bonjour…
Genre : Thriller, Horreur, Fantastique
Format : 8X55 min
Origine : France, Belgique
Première diffusion : Mars 2017 (Belgique – La Une) / Avril 2017 (France – France 2)
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